Soldat.
Sur
tous les points du monde entier, le 1er Mai prochain, le
prolétariat doit descendre dans la rue pour demander — ce
qu’il croit un adoucissement, à sa misérable siruation,
qui tend fatalement à devenir de plus en plus mauvaise — la
réduction de la journée de Travail à Huit
Heures espérant prévenir ainsi les crises devenues
si fréquentes et si intenses, ces temps derniers surtout.
Cette
démonstration pour purement illusoire qu’elle soit ; ne devant
donner logiquement, aucun soulagement aux producteurs qui la
provoqueront, puisqu’elle laissera leur situation comme devant,
c’est-à-dire toujours à la discrétion des
capitalistes et patrons etc., salariés traités comme
par le passé — avec cette seule différence pourtant
qu’ils ne traîneront le boulet de l’esclavage que Huit
Heures au lieu de Dix.
La
perspective de cette manifestation dont rien de sérieux ne
sortira réellement au bénéfice du travailleur,
affirmons-nous, à cependant eu le don de jeter la peur parmi
les gouvernants de tous les pays sans excepter ceux de cette fraction
de la terre étiquetée France, chez les géographes.
C’est,
en ce qui concerne les mesures prises par notre Constans-coquinerie,
pour « mâter » les camarades qui ce jour-là
voudront pousser la question plus avant, sur son unique terrain et
faire comprendre aux intéressés à un changement
de « situation » qu’il ne s’agit pas de se faire broyer un
peu moins, mais de ne plus se faire broyer du tout, que nous voulons
vous entretenir tout particulièrement ici — car les
événements ne se décidant pas, peuvent surgir
formidables, revêtir un caractère dont l’on ne peut
également se rendre compte exactement, et vous amener à
jouer un rôle d’une importance première dans
l’assassinat « fin de siècle » du prolétariat
des deux mondes dont les gouvernants de l’heure actuelle — comme
ceux qui leur succéderont demain — ne cherchent que le
prétexte.
Si
le 1er Mai prochain, donc, persuadés par ceux qui las de
constater que tous les replâtrages de la vieille bicoque
sociale ont toujours été et seront toujours : vains
efforts, forces dépensées en pures pertes, croient que
l’on ne discute pas avec un fauve mais qu’on cherche à le
supprimer ; allaient essayer de porter un coup. — Si peu grave
soit-elle, une blessure n’en est pas moins une blessure ! — à
la bourgeoisie monopolisatrice, en ressaisissant quelques produits
dont les luxueux magasins de notre ville regorgent : Sous-Constans
locaux n’hésiteraient pas à vous quérir :
porte-baïonnette, défense suprême de leurs biens
conquis par tous les vols et toutes les rapines pour « réprimer »
cette expropriation microscopique, commencement de la mise en
activité de la clairvoyance Prolétarienne, prélude
de manifestations plus importantes de ce genre.
Soldats !
si ces heures tragiques, qui décident quelquefois du salut
d’une classe, venaient à sonner à nouveau, à la
vieille horloge des représailles humaines, souvenez-vous
qu’avant d’endosser cette casaque d’infamie ; « l’habit
militaire », il vous fallait pour vivre, travailler d’un travail
presque toujours rude ou pénible et toujours mal rétribué.
N’oubliez
pas que demain, quand vous tronquerez la capote contre la blouse ou
la cotte, ce sera pour reprendre la même existence encore,
menaçant d’être parsemée de longs jours de
chômage. Souvenez-vous bien de tout cela et surtout n’oubliez
pas que ceux que l’on vous désigneait pour cible,
appartiennent à cette classe dont l’on vous a arraché
pendant trois ou quatre années et qui en manifestant de la
sorte ne veulent que proclamer le plus naturel, le moins indiscutable
des droits : LE DROIT À LA VIE.
Ne
l’oubliez pas ! et le moment venu de glisser le plomb fratricide dans
le flingot, refusez — en le dirigeant dans la carcasse de vos chefs
— de vous associer à besogne aussi immonde.