La Presse Anarchiste

La fin du régime bourgeois !

 

Ça
y est ! Le trac vient d’en­va­hir for­mi­da­ble­ment la Bourgeoisie !

Bien
qu’a­no­dine en son esprit, bien qu’au­cun sou­la­ge­ment sérieux ne
puisse réel­le­ment sor­tir de cette mani­fes­ta­tion, la
pers­pec­tive du 1er Mai a jeté la peur au ventre des
bour­geois ! Le Tra­vailleur des­cen­dant dans la rue ce jour-là,
les fait fré­mir au plus haut point. Non pas que ce soit cette
fameuse jour­née de huit heures qu’on leur men­die si
ser­vi­le­ment, qui les atteigne pro­fon­dé­ment. Non ! Ils savent à
quoi s’en tenir. Ils savent que leurs pri­vi­lèges ne sont pas
en péril, que tout le vieux sys­tème : gouvernement,
police, armée, magis­tra­ture, propriété,
patro­nat, sala­riat, finances, vols, pots-de-vin, etc., etc.,
subsistera.

Mais
il y a des coïn­ci­dences étranges, dans l’exis­tence des
peuples. Ce nom de Mai les affole ! Ils se sou­viennent que vingt ans à
peine nous séparent des heures où ils ten­taient de
noyer dans son plus pur sang le Pro­lé­ta­riat levé pour
la reven­di­ca­tion de ses indis­cu­tables droits ; qu’il essayèrent
par les balles d’un Bou­lange, les mitraillades d’un Thiers et les
coups de sabre d’un Galif­fet de frap­per mor­tel­le­ment et d’en­fouir à
tout jamais sous les pavés de Paris le Socia­lisme et la
Révolution.

Tous
ces sou­ve­nirs revi­vant en leur mémoire, les ter­ri­fient ! Si le
sang des Fédé­rés de 1871 allait subitement
bouillon­ner dans les veines des Tra­vailleurs de 1890 et que
sur­gis­sant des pavés pour les conduire à la
repos­ses­sion de tout ce qu’ils ont pro­duit et dont ils les ont si
impi­toya­ble­ment dépouillé, le spectre de Mai allait se
dres­ser tout à coup gigan­tesque et ven­geur devant eux ! Voilà
ce qu’ils redoutent par des­sus tout !

Et
pour par­ve­nir à cette vague de Jus­tice qui menace de les
bri­ser comme paille, les maque­reaux qui vivent de la pros­ti­tu­tion de
notre catin de Répu­blique mettent tout en œuvre — dépassant
en infa­mies et en pol­tron­ne­ries les plus vils procédés
qu’employa l’Em­pire à ses der­nières heures. Décidément
cette fin de Pou­voir sera incom­pa­ra­ble­ment supé­rieure à
tout ce que nous avions perçu.

Nous
vivons dans l’es­poir que le sang qui sera peut-être à
nou­veau répan­du demain, le sera au nom des concepts modernes.

La
rai­son d’être de l’É­tat a vécu comme le régime
de la Propriété.

À
bas l’É­tat ! Vive l’Ex­pro­pria­tion ! À bas l’Autorité !
Vive la Com­mune Anar­chiste ! Voi­là le cri de la situation.
C’est dans cette voie seule qu’il faut s’en­ga­ger — hors de là
tout est erreur !

Du
nerf ! Pas de com­pro­mis­sion, pas de faux pas. La lutte impla­cable et
sans pitié.

PAS
DE QUARTIER ! était le cri des « bleus » — qu’il
soit aus­si le nôtre. Pas de sen­si­ble­ries. Pas de
sen­ti­men­ta­lisme idiot, le triomphe est en entier dans ces conditions.

En
avant, feu de toutes pièces. Ne recu­lons, sur­tout, devant
aucun moyen. Il y a trop long­temps que le sang de nos frères,
tom­bés dans les luttes pré­cé­dentes, déplore
notre inaction.

VIVE
LA RÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE.

VIVE
LA COMMUNE ANARCHISTE.

La Presse Anarchiste