La Presse Anarchiste

Amour, je t’ai cherché longtemps

Je t’ai cher­ché long­temps avant de te connaître,

Sans t’a­voir jamais vu, je t’au­rais reconnu,

Et quand sur les étés je pous­sais la fenêtre,

Tes bai­sers igno­rés cares­saient mon sein nu !…

Dans l’ombre de la nuit, j’at­ten­dais que tu veuilles,

Par un signe divin, cal­mer mes désespoirs ;

Le vent fai­sait par­ler trop brus­que­ment les feuilles,

Je vou­lais écou­ter ton souffle dans le soir !…

Avide, je fixais un point, tou­jours le même,

Et ta forme bien­tôt s’im­po­sait à mes yeux,

Et je ten­dais les bras, et je criais : « Je t’aime ! »

Ton fan­tôme atti­rant res­tait mystérieux.

Mes pleurs cou­laient ! Amour, je t’ap­pe­lais encore,

Mes nerfs allaient vers toi d’un effort sur-humain.

Et je cher­chais ton nom, sou­vent, jus­qu’à l’aurore ;

Sur le fer du bal­con, je sai­sis­sais ta main !…

Affreux réveils, pareils aux len­de­mains des fêtes

Où je fai­sais à tous un sin­gu­lier accueil.

Essayant de trou­ver, sur des lèvres muettes,

Le fan­tôme d’a­mour dont je traî­nais le deuil. 

S.

La Presse Anarchiste