JEAN SOUVENANCE : Ce qui fut. (Ed. de l’auteur, Ar. Peuch, Tertre Aube, St-Brieuc, 60 francs). — J’ai lu ces souvenirs avec beaucoup d’intérêt et, je l’avoue, de sympathie. Le pacifiste Jean Souvenance s’y dévoile sans craindre qu’on lui reproche sa sensibilité. Il est l’un de ceux qui ne se croient pas obligés de prendre le dernier métro, comme l’a écrit, quelque part Aldous Huxley. Il ne renie pas père et mère, sous prétexte que forcément tout ce qui se relative à la famille doit être rejeté. Tout simplement, il s’entendait avec les siens, ce qui ne l’a pas empêché d’accomplir une activité « hors série ». De la lecture de Ce qui fut s’échappe comme un réactif, une révolte contre une société brutale, un monde indélicat qui ne sait plus parler le langage du cœur. (E. Armand)
LOUISE MARTIAL : Sauvetage, roman (« L’Amitié par le Livre »). — Dans ce petit roman de 150 et quelques pages, c’est d’un double sauvetage qu’il est question. Une fillette dont le père est disparu en mer, dont la mère est déséquilibrée, est devenue chef de famille à l’âge où elle aurait eu encore grand besoin d’être guidée. Malgré ses allures garçonnières, ses mœurs plus ou moins scandaleuses, elle éprouve un amour profond pour un camarade plus sérieux que les autres ; celui-ci repousse ses avances et la dédaigne. De désespoir, elle tente de se noyer. Un capitaine en retraite la ramène a la vie : premier sauvetage. Le second est plus difficile à réaliser : à force de compréhension, de bonté, de dévouement, il réussit à faire reprendre goût à l’existence a la pauvre âme désemparée. Au moment ou la presque totalité des ouvrages littéraires est consacrée à des souvenirs de guerre, à la violence, à la haine, cette œuvre modeste est une sorte d’oasis où on a plaisir à se reposer. (Den)