Le mot signifie aussi « ce qui est de travers, non droit ». Par figure il signifie également « Gêné, contraint, maladroit ».
On note également une idée péjorative, d’origine religieuse, sans doute, attachée à ce qui est mal fait, mal habile, mal adroit ; en bref et ici une relation avec Satan « le Malin », donc le Mal.
De cette origine découle certainement le lien qu’il trouvera plus tard avec la politique et les rapports entre les individus, les choses et les idées touchant à cette dernière, particulièrement à propos de l’Autorité.
Le principe d’Autorité découle on le sait de la notion de DIEU LE PÈRE et l’on connaît l’expression « placé à la DROITE DU PÈRE » qui entrains avec elle les idées de récompense, de hiérarchie, qui, appliquées au domaine politique, situaient parfaitement le ROI et ses favoris, ses BRAS DROITS. Tout cela englobe le COMMANDEMENT, la FORCE et nécessairement LE DROIT qui à son tour entraîne toutes sortes de notions où la force créait la légalité et où cette « légalité » venait se codifier à son tour dans ce qui s’est appelé fort justement les codes de Droit.
À bon droit = avec raison ; de plein droit = sans contestation possible ; à qui de droit = à qui telle chose est due ; autant d’expressions qui, formuler à partir des mots DROIT ou DROITE, sont parvenus à maintenir à travers le langage courant cette mauvaise impression et cette mauvaise conscience qui s’attache à son contraire : GAUCHE.
Notons encore que naturellement la force est plus grande dans le bras droit ; que dans l’ancienne société : les femmes (sexe « faible ») sont placées à gauche de l’homme (sexe « fort »); que les sentiments vrais issus du cœur, réputés déplacés dans les affaires et les choses dites raisonnables, sont « à gauche », et à partir de cette courte analyse on décèlera déjà pourquoi le mot GAUCHE, en lui-même, couvre une crainte populaire de l’espèce qui s’attache à l’évocation de la magie noire, de la sorcellerie, et en général à tout ce qui cherche à troubler, à renverser, à détruire ce qui est établi.
L’idée du pouvoir, du commandement situé à droite, a très certainement déterminé le comportement des monarchistes de 1789 qui prirent l’habitude très affectée de se placer précisément à la droite du président de l’Assemblée ; dès lors les partis d’opposition se groupèrent à gauche.
Terminons-en avec les mots droit et gauche, par cette remarque que, aussi bien à partir du sens « religieux » noté plus haut, qu’à partir du sens politique de 1789, le premier déterminant l’autre, il se dégage cette impression diffuse dans l’esprit de beaucoup, que le mot GAUCHE implique une idée de RÉBELLION. Or un REBELLE a pour définition : celui qui désobéie à une autorité établie, qui se révolte contre elle ; c’est celui qui refuse, s’oppose et résiste.
Ces notes n’auraient pas grand intérêt si toutefois elles ne permettaient pas de dégager déjà des termes, sans doute pleins de subjectivité, mais qui parviennent à situer notre problème.
Ces termes fixés à l’idée flottante de GAUCHE dans l’esprit des gens signifient pour le moins OPPOSITION donc REFUS de la chose établie.
Et ceci nous paraît important car déjà il est possible de dire que : tandis que la DROITE est faite. D’acceptation, la GAUCHE se singularise par le refus.
J.J.