La Presse Anarchiste

État financier

Actif

En caisse au 1er jan­vier 1907  181,25
Pen­sions des Pupilles  7787
Sommes d’entrée  810 
Membres adhérents  355 
Sous­crip­tions diverses  1971 
Vente de cartes postales  157,95
Vente de bro­chures et chansons  109,35
Sommes reçues diverses  404,85
Tom­bo­la de juin-octobre 1907  359,75
Total de l’actif  12.136,15

Passif

Ins­tal­la­tion et dépenses d’intérieur  724,75
Ali­men­ta­tion : pain  1825,75
 — viandes  785,50
 — lait, beurre, œufs, fromages  1115,10
 — légumes, pâtes, divers  1392,45
Chauf­fage, éclairage  795,85
Blan­chis­sage, nettoyage  109,10
Méde­cin, pharmacien  305,75
Entre­tien : vête­ments, chaus­sures, étoffes  732,35
Four­ni­tures sco­laires et de bureau  174,35
Tra­vaux d’édition  131,30
Publi­ci­té, Cor­res­pon­dance, Envois  227,90
Loyers, Loca­tions d’eau, Contributions  2003,55
Voyages et déplacements  195 
Main-d’œuvre  547,70
Divers  501,80
Total du passif  11.668,40

En caisse au 31 décembre 1907 : 467,75

Total égal à l’ac­tif : 12.136,15 [[L’er­reur de comp­ta­bi­li­té figure dans l’exem­plaire ori­gi­nal ce n’est pas une erreur de trans­crip­tion lors de la mise en ligne.]]

Les dettes

Fin décembre 1906, nous devions  4746,80
Fin décembre 1907, il nous faut ajouter  88,40
Total  4.835,20
Fin décembre 1907, il nous est dû sur le compte : Pen­sion des enfants  1.372

Remarque. — Le compte méde­cin-phar­ma­cien ne repré­sente que ce qui a été dépen­sé en visites, consul­ta­tions, soins et médi­ca­ments, pour les enfants seulement.

J’ai eu une note per­son­nelle de méde­cin et phar­ma­cien qui, je tiens à bien le faire remar­quer, n’y figure pas.

M. V.

Quelques chiffres

Du 1er jan­vier au 31 décembre 1907, il a pas­sé à « l’A­ve­nir Social » 58 enfants repré­sen­tant un total de 319 mois de pen­sion. En éta­blis­sant une règle de moyenne, nous trou­vons donc qu’il a été dépen­sé, par mois et par enfant, 36 francs 59 centimes.

Il a été consom­mé dans le cours de l’année :
– 9.734 livres de pain ;
– 2.240 litres de lait ;
– 293 dou­zaines d’œufs ;
– Et envi­ron 2.000 kilos de pommes de terre pour ne citer que ces quatre objets d’alimentation.

Remarque. — Quand je dis. que pour chaque enfant il a été dépen­sé 36 fr. 59 par mois, tout est com­pris, en bloc, dans cette somme, les loyers aus­si bien que l’a­li­men­ta­tion ; les voyages, frais de publi­ci­té, cor­res­pon­dance, aus­si bien que l’en­tre­tien et le chauf­fage ; aus­si bien que notre nour­ri­ture et entre­tien à nous, qui tra­vaillons à l’«Avenir Socia » sans rétri­bu­tion, mais qui for­cé­ment — étant don­né que nous sommes sans for­tune per­son­nelle — devons vivre sur son budget.

Le compte main d’œuvre com­prend : la laveuse qui vient pour la les­sive deux jours par semaine ; la rac­com­mo­deuse deux jours éga­le­ment ; et le paie­ment de quelques tra­vaux qui ont néces­site une main d’œuvre extérieure.

Aide et solidarité

Nous avons dit tout à l’heure qu’il nous était dû, fin décembre 1907, sur les pen­sions des enfants, une somme de 1.372 francs. Sur cette somme, il y a mal­heu­reu­se­ment une par­tie — quoi qu’elle soit de beau­coup la plus petite — qu’il faut ins­crire au compte des dettes pures. Disons-le fran­che­ment : on nous a trom­pés, on a exploi­té notre sen­ti­ment de solidarité.

Mais je l’ai dit, la part à faire à cette exploi­ta­tion est minime. À côté de cela, il y eut aux retards des pen­sions des causes inévi­tables, telles que : mala­dies, chô­mages, grèves.

En voi­ci un aperçu :
– Deux fillettes sont à la charge de leur père seul ; au prin­temps der­nier grève à l’u­sine où tra­vaille le père qui reçut des coups de sabre dans une bagarre : Mala­die et soins : depuis chô­mage ou tra­vaux mal rému­né­rés. Il nous est dû pour les deux enfants : 325 fr.
– Un gamin dont la mère fut expul­sée de France ; redoit au 31 décembre der­nier 90 francs.
– Deux frères, dont le père est res­té sans tra­vail une par­tie de l’an­née (la mère est morte), redoivent à eux deux, éga­le­ment fin décembre 260 francs.
– Un autre petit, à la charge d’un grand père sou­vent aus­si sans tra­vail redoit 320 francs.

A cela, il nous faut ajouter :

Que deux enfants ont été éle­vés gra­tui­te­ment toute l’an­née 1907.

Un frère et une sœur ont été admis pour deux mois avec réduc­tion de 10 francs par mois pour cha­cun ; plus un mois entiè­re­ment gra­tuit pour les deux, pen­dant une mala­die de leur mère à l’hô­pi­tal de la Pitié.

Deux autres, éga­le­ment frère et sœur, ont été admis avec réduc­tion de 5 francs par mois pour cha­cun, pen­dant neuf mois ; cause : mère para­ly­sée, à l’hô­pi­tal ; père tra­vaillant seul.

Deux frères sont res­tés l’un huit mois, l’autre onze mois ; admis pour 20 francs au lieu de 30 francs. Sur cette somme de 20 francs qui aurait dû être ver­sée, il est redû pour les deux enfants 248 francs, aux­quels il faut ajou­ter la remise de 10 francs par mois pour cha­cun qui leur avait été, accordée.

Trois sœurs sont res­tées quatre mois avec réduc­tion de 10 francs par mois pour chacune.

Pour ces deux der­niers cas, la cause de la réduc­tion de prix a été la grande pau­vre­té du père, seul sou­tien des enfants, et quel­que­fois le manque abso­lu de travail.

Souscription reçues

Pour cou­vrir cette part faite à la soli­da­ri­té. et pour ajou­ter aux 30 francs qui nous sont ver­sés cette somme de 6fr. 59 par enfant et par mois dont j’ai par­lé, il res­sort clai­re­ment qu’il nous a fal­lu de l’aide.

Ce sont donc les membres adhé­rents et sous­crip­teurs divers qui, en nous envoyant leur obole, nous ont per­mis de faire vivre nos enfants.

Le mon­tant total des sous­crip­tions a été de 2326 francs, aux­quels il faut ajou­ter le béné­fice reve­nu sur la vente des chan­sons, cartes pos­tales et bro­chures ; béné­fice net de 136 francs, plus le béné­fice sur la Tom­bo­la orga­ni­sée au cours de l’é­té 1907, béné­fice de 275 francs. 

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