La Presse Anarchiste

Le savant, l’État et la lutte des classes

Cou­rant 1975 Soli­da­ri­té ouvrière publia une série d’articles sur Bakou­nine, Kro­pot­kine et Mala­tes­ta. Ces articles ne contri­buèrent sans doute pas à atté­nuer le sen­ti­ment que cer­tains liber­taires, et en par­ti­cu­lier les mili­tants de la Fédé­ra­tion anar­chistes, avaient sur nous. La rumeur cir­cu­lait que nous étions des « cryp­to-mar­xistes », éti­quette qui res­ta col­lée à cer­tains d’entre nous après la dis­so­lu­tion de l’Alliance. À la réflexion, ce soup­çon n’était pas entiè­re­ment dénué de fon­de­ment, en appa­rence. Nous avions le sou­ci de rendre à l’anarchisme la place, qu’il n’aurait jamais dû aban­don­ner, de théo­rie de la révo­lu­tion pro­lé­ta­rienne, et non pas de jus­ti­fi­ca­tion à une vague révolte contre l’«autorité ». En fai­sant cela, on pou­vait don­ner l’impression de tenir un lan­gage qui nous rap­pro­chait des mar­xistes : l’article ci-des­sous parle de « méthode », de « dia­lec­tique », de « lutte des classes », etc.

En plus, cette série d’articles n’égratignait pas seule­ment Kro­pot­kine mais aus­si Mala­tes­ta, même si on appe­lait le second à la res­cousse pour cri­ti­quer le premier…

C’était tout à fait iconoclaste… 

Seul Bakou­nine s’en tirait bien dans l’affaire, ce qui nous ren­dait d’autant plus sus­pects, car il a tou­jours été un peu tenu à l’écart par le mou­ve­ment liber­taire fran­çais, soup­çon­né qu’il était, mal­gré son oppo­si­tion à Marx, d’être pré­ci­sé­ment trop « marxiste ».

René Ber­thier


Les Edi­tions du Monde Liber­taire ont récem­ment réédi­té La conquête du pain de Kro­pot­kine, livre consi­dé­ré par les anar­chistes comme un clas­sique. Ce livre mérite à plus d’un titre d’être lu. Il déve­loppe en effet des thèmes qui sont fami­liers à l’ensemble de la « gauche » d’aujourd’hui mais qui étaient nou­veaux à l’époque et dont les anar­chistes se sont faits les pre­miers pro­pa­ga­teurs. Mais il révèle éga­le­ment les fai­blesses dans la méthode d’analyse de son auteur qui sont révé­la­trices de l’orientation prise par le mou­ve­ment anar­chiste après Kropotkine. 

Il n’est pas dans notre pro­pos de faire une ana­lyse détaillée ni du livre ni de la pen­sée de Kro­pot­kine. Nous nous bor­ne­rons à résu­mer l’essentiel des thèmes déve­lop­pés et à pré­sen­ter quelques élé­ments cri­tiques per­met­tant de com­prendre l’évolution actuelle des mou­ve­ments qui se réclament de lui. 

L’alliance avec la paysannerie

L’idée prin­ci­pale du livre est que le pro­blème fon­da­men­tal de toute révo­lu­tion vic­to­rieuse est celle du pain, au sens figu­ré, c’est-à-dire l’approvisionnement en nour­ri­ture des centres urbains révo­lu­tion­naires. Kro­pot­kine rap­pelle qu’en 1793 « la cam­pagne affa­ma les grandes villes et tua la Révo­lu­tion ». II faut évi­ter « la guerre des vil­lages contre les villes ». 

Pour ral­lier les pay­sans à la Révo­lu­tion, il faut que s’établisse des rela­tions d’échanges équi­li­brées entre la ville et la cam­pagne, il faut que « la ville s’applique sur-le-champ à pro­duire ces choses qui manquent au pay­san au lieu de façon­ner des coli­fi­chets pour l’ornement de la bourgeoisie ».

L’échec de la poli­tique d’alliance avec la pay­san­ne­rie peut pro­duire l’équivalent de « trois ou quatre Ven­dées ». On recon­naît là l’un des sujets de débats les plus impor­tants au sein du par­ti bol­che­vik entre 1918 et 1928, ain­si que l’une des prin­ci­pales causes de l’échec de la Révo­lu­tion russe. 

Expropriation totale

Le deuxième thème impor­tant concerne l’œuvre de construc­tion révo­lu­tion­naire. L’expropriation capi­ta­liste doit être totale, car il y a des rap­ports éta­blis « qu’il est maté­riel­le­ment impos­sible de modi­fier si on y touche seule­ment en par­tie ». Les rouages de la socié­té sont si inti­me­ment liés qu’on n’en peut modi­fier un seul sans les modi­fier dans leur ensemble. 

« Du jour où on frap­pe­ra la pro­prié­té pri­vée sous une de ses formes – fon­cière ou indus­trielle – on sera for­cé de la frap­per dans toutes les autres. » 

Il fau­dra s’emparer de tout ce qui est indis­pen­sable pour pro­duire : sol, machines, usines, trans­ports, etc. 

La révo­lu­tion, en trans­for­mant la forme de la pro­duc­tion, trans­for­me­ra aus­si les formes de rétri­bu­tion. « Une nou­velle forme de pos­ses­sion demande une nou­velle forme de rétri­bu­tion. » Le sala­riat est « né avec l’appropriation per­son­nelle du sol et des ins­tru­ments de pro­duc­tion ». Il mour­ra avec la des­truc­tion de la pro­duc­tion capitaliste. 

Paral­lè­le­ment à ce thème de la trans­for­ma­tion des formes de pro­duc­tion et de rétri­bu­tion se trouve celui de leur nature même : La révo­lu­tion sociale se dis­tin­gue­ra des révo­lu­tions pré­cé­dentes par ses buts et ses pro­cé­dés. « Un but nou­veau demande des pro­cé­dés nouveaux. » 

«…Le fait même d’abolir la pro­prié­té indi­vi­duelle des ins­tru­ments de tra­vail (sol, usines, voies de com­mu­ni­ca­tion, capi­taux) doit lan­cer la socié­té en des voies abso­lu­ment nou­velles.. (…) il doit bou­le­ver­ser de fond en comble la pro­duc­tion aus­si bien dans son objet que dans ses moyens… (…) toutes les rela­tions quo­ti­diennes entre indi­vi­dus doivent être modi­fiées, dès que la terre, la machine et le reste sont consi­dé­rés comme pos­ses­sion commune. »

Le socia­lisme doit trans­for­mer éga­le­ment la nature même du tra­vail. Ceux qui sont occu­pés à la pro­duc­tion de luxe ou de bien inutiles seront affec­tés à la pro­duc­tion socia­le­ment utile. Cela dimi­nue­ra le temps de tra­vail indi­vi­duel dans la même pro­por­tion. Chan­ger la vie, mais aus­si chan­ger le tra­vail : « l’homme libre crée­ra de nou­velles condi­tions d’un tra­vail agréable et infi­ni­ment plus productif ». 

L’État et le capitalisme

C’est dans son ana­lyse du phé­no­mène de l’État et de ses pers­pec­tives d’évolution que Kro­pot­kine devient le plus contes­table. Selon lui, c’est l’État plus que le capi­ta­lisme qui est l’ennemi. L’État est consi­dé­ré comme une cause et non comme un effet du capi­ta­lisme. De même, c’est l’État qui a créé le pro­lé­ta­riat et qui l’a « livré » aux exploi­teurs (p. 171); le capi­tal indi­vi­duel et la misère sont créés « arti­fi­ciel­le­ment et pour les deux-tiers par l’État ». Cela l’amène à déve­lop­per l’idée que tout peut aller bien « tant que l’État ne vient pas jeter son glaive pesant dans la balance ». Selon Kro­pot­kine on peut obser­ver un « mou­ve­ment de plus en plus accu­sé pour limi­ter la sphère d’action du gou­ver­ne­ment et lais­ser tou­jours plus de liber­té à l’individu ». Il se fait le chantre de la liber­té indi­vi­duelle, de la « libre entente entre indi­vi­dus et groupes pour­sui­vant le même but ». « L’indépendance de chaque minime uni­té ter­ri­to­riale devient un besoin pressant. »

« Tout ce qui fut jadis consi­dé­ré comme fonc­tion du gou­ver­ne­ment lui est dis­pu­té aujourd’hui. »

Kro­pot­kine observe que « mal­gré le tour étroi­te­ment égoïste don­né aux esprits par la pro­duc­tion mar­chande, la ten­dance com­mu­niste se révèle à chaque ins­tant et pénètre dans nos rela­tions sous toutes ses formes ». Il cite de nom­breux exemples de cette « ten­dance com­mu­niste » qui sont révé­la­teurs de l’optique avec laquelle il consi­dé­rait la ques­tion. « Chaque jour, dit-il, des mil­lions de tran­sac­tions sont faites sans l’intervention du gou­ver­ne­ment, et les plus grosses d’entre elles – celles du com­merce et de la Bourse – sont trai­tées de telle façon que le gou­ver­ne­ment ne pour­rait même pas être invo­qué si l’une des par­ties contrac­tantes avait l’intention de ne pas tenir son engagement ». 

Un autre trait frap­pant, observe Kro­pot­kine, c’est « l’accroissement conti­nuel du champ des entre­prises dû à l’initiative pri­vée et le déve­lop­pe­ment pro­di­gieux des grou­pe­ments libres de tout genre ». Ces orga­ni­sa­tions libres « rem­placent avan­ta­geu­se­ment l’immixtion gou­ver­ne­men­tale ». Exemples : l’union pos­tale inter­na­tio­nale, les unions de che­mins de fer, les socié­tés savantes, les grandes com­pa­gnies indus­trielles, etc. Ce qui est impor­tant pour Kro­pot­kine n’est pas la nature de classe de ces ententes, mais qu’elles se fassent sans l’intervention de l’État.

Il était dif­fi­cile de se trom­per plus que cela sur la nature et l’évolution de l’État. Les ententes libres qu’observe avec tant d’espoir Kro­pot­kine ne sont que des mani­fes­ta­tions de l’expansion du capi­ta­lisme mon­dial, qui a besoin d’un réseau pos­tal effi­cace et rapide pour ache­mi­ner le cour­rier com­mer­cial, d’un sys­tème effi­cace de trans­ports pour ache­mi­ner les mar­chan­dises et réduire les immo­bi­li­sa­tions de capi­tal sto­cké, d’une dif­fu­sion rapide des décou­vertes scien­ti­fiques pour être mises en appli­ca­tion sans délais dans l’industrie, et qui, enfin, s’organise au plan inter­na­tio­nal pour deve­nir ce que nous appe­lons aujourd’hui les firmes mul­ti­na­tio­nales, l’un des enne­mis les plus redou­tables de la classe ouvrière mon­diale. La libre orga­ni­sa­tion du trust I.TT., indé­pen­dant de l’État U.S., ne consti­tue en rien un pas en avant vers le communisme. 

Sauf dans de rares cas, ce n’est pas l’État qui crée le capi­ta­lisme et le pro­lé­ta­riat, c’est le déve­lop­pe­ment du capi­ta­lisme qui crée le pro­lé­ta­riat et condi­tionne le déve­lop­pe­ment de l’État.

L’évolution du capi­ta­lisme, loin d’aller vers l’extension de l’initiative pri­vée et la décen­tra­li­sa­tion, va au contraire vers un contrôle accru de l’État et vers une cen­tra­li­sa­tion et une concen­tra­tion accrues du capital 

Cette incom­pré­hen­sion de la nature du capi­ta­lisme a une cause dans la méthode employée par Kro­pot­kine, elle a éga­le­ment de graves conséquences.

Une dialectique mécaniste

Kro­pot­kine pro­fes­sait une phi­lo­so­phie maté­ria­liste qui était domi­nante chez les savants de la deuxième moi­tié du XIXe siècle selon laquelle les évé­ne­ments étaient tota­le­ment déter­mi­nés et arri­vaient en suc­ces­sion néces­saire. Mala­tes­ta disait que Kro­pot­kine, « qui était très sévère avec le fata­lisme des mar­xistes, tom­bait ensuite dans le fata­lisme méca­nique, qui est bien plus paralysant ». 

« Ce fata­lisme méca­nique fut tel qu’il décou­ra­gea la cri­tique, et il se pro­dui­sit un arrêt dans le déve­lop­pe­ment de l’idée. Pen­dant de nom­breuses années mal­gré l’esprit ico­no­claste et pro­gres­siste des anar­chistes, la majeure par­tie de ceux-ci ne firent en matière de théo­rie et de pro­pa­gande qu’étudier et répé­ter Kro­pot­kine. Dire dif­fé­rem­ment que lui était pour beau­coup de com­pa­gnons presque une hérésie. »
[/​
Malatesta,

« Foi et Culture », 1924/] 

Pour Kro­pot­kine, le com­mu­nisme devait néces­sai­re­ment décou­ler du capi­ta­lisme et toutes les formes d’évolution de ce der­nier étaient donc un pro­grès sur les formes pré­cé­dentes. Dans des phé­no­mènes qui concré­ti­saient le ren­for­ce­ment du capi­ta­lisme et l’exploitation accrue des tra­vailleurs, Kro­pot­kine devait voir exac­te­ment l’inverse, les pré­mices du communisme. 

Enfin, sa concep­tion de l’organisation et du com­mu­na­lisme l’ont ame­né à voir l’organisation des tra­vailleurs comme un ensemble consti­tué d’éléments auto­nomes, doués d’une volon­té propre, indé­pen­dante. Dans la mesure où il pen­sait que le capi­ta­lisme se décen­tra­li­sait, aban­don­nait de nom­breuses pré­ro­ga­tives à l’initiative pri­vée, cela se jus­ti­fiait. Mal­heu­reu­se­ment, il a tout vu à l’envers ! Car de telles concep­tions de l’organisation sont en contra­dic­tion mani­feste avec les besoins de l’action révo­lu­tion­naire contre la bour­geoi­sie et l’État dans une socié­té indus­trielle développée. 

De graves erreurs 

L’influence de Kro­pot­kine se mani­feste encore aujourd’hui chez beau­coup d’anarchistes qui consi­dèrent la lutte contre l’État comme une prio­ri­té abso­lue, qui voient dans l’État l’ennemi prin­ci­pal, au lieu de n’y voir que l’instrument de répres­sion au ser­vice de la bour­geoi­sie. Il ne faut pas cher­cher ailleurs la désaf­fec­tion des tra­vailleurs vis-à-vis du mou­ve­ment anar­chiste, et la dis­pa­ri­tion de l’anarchisme comme mou­ve­ment auto­nome du prolétariat. 

Il y a un double aspect dans la pen­sée de Kro­pot­kine. D’une part le savant, géo­graphe, his­to­rien, eth­no­logue dont les tra­vaux ont mar­qué l’époque. La Grande Révo­lu­tion est jusqu’à pré­sent l’un des plus grands clas­siques sur l’histoire de la Révo­lu­tion fran­çaise, constam­ment pillé par les his­to­riens depuis cent ans, jamais cité dans les biblio­gra­phies… et jamais réédi­té, pour cause. L’Entraide est une somme des connais­sances eth­no­lo­giques de l’époque, qui a pour point de départ une cri­tique des inter­pré­ta­tions des dis­ciples de Dar­win sur la thèse de la sélec­tion des espèces. Cet ouvrage peut être com­pa­ré à L’Origine de la famille, de la pro­prié­té pri­vée et de l’État d’Engels. La com­pa­rai­son des biblio­gra­phies de ces deux ouvrages montre que la plu­part des réfé­rences sont com­munes. Cet aspect-là de l’œuvre de Kro­pot­kine mérite d’être connu, appré­cié, cri­ti­qué ; Kro­pot­kine savait bien que les connais­sances his­to­riques et socio­lo­giques évo­luent et que de nou­veaux maté­riaux peuvent remettre par­fois en cause des thèses déve­lop­pées pré­cé­dem­ment. Il est signi­fi­ca­tif que ce n’est pas ce Kro­pot­kine-là que les Edi­tions du Monde Liber­taire ont choi­si de rééditer.

Dans ce pre­mier aspect de l’œuvre de l’auteur russe, le mili­tant qui s’indigne vient aider et don­ner un souffle de vie au tra­vail du savant. 

Le deuxième aspect de son œuvre appa­raît lorsque le savant s’efface devant le mili­tant, lorsqu’il se mêle de faire de la poli­tique, de déve­lop­per une théo­rie de l’organisation, une stra­té­gie. On a alors un fatras d’affirmations naïves, de véri­tés édi­fiantes. Que l’État dis­pa­raisse ! Que ne s’exerce plus sur les masses aucune auto­ri­té ! Et alors les masses trou­ve­ront avec une spon­ta­néi­té tou­chante la voie du bon­heur et de l’émancipation. Sor­ti de ses livres, Kro­pot­kine ne com­pre­nait rien à ce qui se dérou­lait sous ses yeux. Il a vou­lu don­ner un fon­de­ment scien­ti­fique à l’anarchisme, il n’a fait que le sté­ri­li­ser dans des for­mules pon­ti­fiantes. À vou­loir faire concor­der la réa­li­té avec ses construc­tions théo­riques, il a inter­pré­té les évé­ne­ments de son temps com­plè­te­ment à l’envers. Cette libre entente qu’il chan­tait comme une pré­fi­gu­ra­tion de la socié­té com­mu­niste n’était que le symp­tôme de la nais­sance du capi­ta­lisme mono­po­liste [[Kro­pot­kine était russe et ses idées sont lar­ge­ment déter­mi­nées par ce fait. L’État russe était un État auto­cra­tique, qui n’autorisait aucune orga­ni­sa­tion, mani­fes­ta­tion spon­ta­née. D’autre part, c’est l’État qui a eu un rôle déter­mi­nant dans la créa­tion du capi­ta­lisme car la bour­geoi­sie natio­nale était très faible. À l’époque où Kro­pot­kine écri­vait, le capi­ta­lisme russe était en pleine crois­sance et l’État com­men­çait à relâ­cher son contrôle sur toutes les acti­vi­tés éco­no­miques, il com­men­çait à « pas­ser le relais » à la bour­geoi­sie. En Rus­sie, effec­ti­ve­ment, une évo­lu­tion se fai­sait « pour limi­ter la sphère d’action du gou­ver­ne­ment ». La limi­ta­tion du rôle de l’État et l’accroissement de l’initiative pri­vée étaient des phé­no­mènes obser­vables en Rus­sie, et c’était une évo­lu­tion posi­tive, bien que pas du tout com­mu­niste… Mais ceci n’était valable que pour le cas très par­ti­cu­lier de la Rus­sie, et pas du tout appli­cable au reste de l’Europe. ]].

Mais c’est en vain que l’on cher­che­ra dans La conquête du pain des indi­ca­tions sur les tâches des anar­chistes dans la lutte des classes.

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