Notre camarade Louis Lecoin n’est plus. Profond est notre chagrin car il était des nôtres. Il était même plus que cela ; il était l’exemple du militant ouvrier simplement en règle avec sa conscience et mettant en application les généreux principes du syndicalisme du début de ce siècle, ce cri d’espoir de travailleurs qui se mettaient au service de leurs camarades de classe chaque jour humiliés et bafoués. Il avait mangé le pain de la misère ; l’amertume lui en était restée pour les autres et c’est pourquoi, à vingt ans, il refusa comme soldat d’aller contre ses frères de pain noir, vignerons du Midi en grève. Cette solidarité sera payée par de longs mois de prison auxquels viendront s’ajouter par la suite des années d’incarcération pour son action contre la guerre, alors que les bonzes confédéraux tremblant pour leur petite personne lâchement allaient participer a l’union sacrée ouvrant la voie à la monstrueuse hécatombe. Il fut de toutes les luttes contre la guerre ; mais plus encore la conscience contre le crime. Rappelons son action inlassable en faveur de Sacco et Vanzetti, et plus tard pour Ascaso, Durutti et Jover ; ceux-là, ils les sauvera. Relater tous ses combats nécessiterait un livre entier. C’était la volonté au service d’un grand cœur.
L’Alliance syndicaliste.