La Presse Anarchiste

Guerre à la guerre

La condamnation du sergent Marten

Un capi­taine alle­mand nom­mé von Kro­sigk ayant été tué au cours des manœuvres, on n’a pu retrou­ver l’au­teur de ce meurtre — de cette ven­geance plu­tôt. Mais l’au­to­ri­té mili­taire ne lâche pas si faci­le­ment prise, aus­si s’est-elle rabat­tue sur un ser­gent nom­mé Mar­ten, acquit­té une pre­mière fois par un tri­bu­nal de Ire ins­tance et qui, sur appel du minis­tère public, vient d’être condam­né à mort.

Vous enten­dez bien à mort. Un homme contre lequel n’existe aucune preuve, aucune pré­somp­tion. — bon sol­dat, esti­mé de ses chefs.

Cela s’ap­pelle, dans la vie civile un meurtre. Tous les jour­naux tonnent contre le jugement.

Depuis le socia­liste Vorwærts jus­qu’à la conser­va­trice Post et à l’a­gra­rienne Deutsche Teges­zei­tung, c’est un tol­lé géné­ral, et notre pauvre ser­gent n’a plus qu’un espoir ; la grâce impériale.

Encore heu­reux qu’on ne l’ait pas fusillé sur le champ !

Gloire posthume.

Le Matin nous narre en d’en­ivrantes phrases, le sort réser­vé aux héros morts sur le champ de bataille. La fameuse Mai­son des der­nières car­touches à Bazeilles est l’ob­jet d’un tra­fic éhon­té. Et l’os­suaire de Bazeilles, ou crânes, tibias, tho­rax, fémurs, avant-bras. s’en­tassent avec les débris de képis et de casques, les lam­beaux de capotes ou de tuniques, les chaus­settes, les godillots, etc. Les tou­ristes, mâles et femelles, viennent, visitent, palpent, touchent du bout de la canne ou de l’om­brelle, les osse­ments, ricanent, font leur réflexions plus ou moins obs­cènes ou déplacées.

Hor­rible, scandaleux !

Voi­là la gloire qui vous atten­dait, bruns fran­çais aux yeux noirs qui vous firent hacher pour la patrie, blonds bava­rois aux yeux bleus qui mou­rûtes pour das Vader­land.

C’est pour que vos os servent ain­si de pâture aux yeux des tou­ristes, que des mères ont souf­fert pour vous mettre au monde, que des pères ont pei­né pour vous assu­rer la sub­sis­tance. Hélas !

Alliance inévitable

Il parait que l’aug­men­ta­tion de l’al­coo­lisme en Angle­terre chez les femmes et les jeunes filles et une des nom­breuses consé­quences de la guerre au Sud de l’A­frique. D’a­près le Kit­chen­blatt toutes les ouvrières de fabriques, sans excep­tion, sont adon­nées à l’eau-de-vie. C’est à la suite de l’ex­ci­ta­tion qui a gagné la popu­la­tion dans les nom­breuses fêtes qui lui ont été offertes (prise de Kim­ber­ley, retour des volon­taires, etc.) En 1900, quatre mille jeunes filles d’une ving­taine d’an­nées ont été empri­son­nées pour ivresse constatée.

Guerre, alcoo­lisme, débauche, meurtres, tout ça forme l’al­liance mau­dite dont la racine est le pêché.

E. A.

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