La Presse Anarchiste

La nuit de la mort de Vaillant

Dies irœ, Dies illa
Sol­vet sce­lum in favilla.

Jamais ne vien­dra donc la fin ?
Dorment-ils tous, les meurt-de-faim ?
Jamais, jamais le der­nier jour
Ne les jet­te­ra-t-il à leur tour
Dans les angoisses de la mort,
Ces ban­dits que la rage mord ?

Tou­jours, esclaves et bourreaux,
Pâti­ront-ils leurs échafauds ?
Amis, dans l’ombre entendez-vous
Gron­der la mer aux noirs remous ?
Elle monte et les couvrira.
Dies irae, Dies illa
Elle couvre, pourpre de sang,
L’E­ly­sée et le Vatican.
Com­pa­gnons, arra­chons nos cœurs,
Ne soyons plus que des vengeurs.

Pas­sons, effrayants et maudits,
Afin que les maux soient finis.
Com­blons l’a­bîme avec nos corps.
Amis, n’ou­bliez pas les morts…
La légende des temps nouveaux
Fleu­ri­ra par­mi les tombeaux.
C’est le des­tin ; le maître est dur.
C’est pour­quoi le fer sera pur.
Dies irae, Dies illa,
Sol­vet sce­lum, in favina.

Louise Michel (À tra­vers la Mort)

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