La Presse Anarchiste

Les problèmes de demain

[[Voir le numé­ro 1.]]

II

La réa­li­sa­tion du socia­lisme est sor­tie du domaine du rêve et de la pro­pa­gande théo­rique ; elle s’est rap­pro­chée de nous, elle est deve­nue un pro­blème urgent. Et s’il est impor­tant de répondre à la ques­tion des méthodes qui mènent à cette réa­li­sa­tion, et sont le plus propre à assu­rer la vic­toire, il est plus impor­tant encore de se faire une idée nette de ce qu’il faut faire après la vic­toire pour que la révo­lu­tion amène la plus grande aug­men­ta­tion de bon­heur, avec le moins de souf­frances possible.

La « dic­ta­ture du pro­lé­ta­riat » exerce actuel­le­ment une grande attrac­tion sur les esprits. Elle semble signi­fier que les ouvriers deviennent désor­mais maîtres de la vie sociale, maîtres de leur propres des­ti­nées, sans exploi­teurs, ni oppres­seurs au-des­sus d’eux. Elle semble être la réa­li­sa­tion directe et immé­diate du socia­lisme. En France sur­tout, où le mou­ve­ment ouvrier n’a pas été péné­tré par la théo­rie et la ter­mi­no­lo­gie mar­xiste, cette for­mule prête à des mal­en­ten­dus. Elle ren­ferme, par elle-même, une contra­dic­tion : une dic­ta­ture « est-tou­jours le pou­voir illi­mi­té » d’un seul ou d’un petit groupe ; que peut bien être la dic­ta­ture d’une classe ? Il est évident qu’une classe ne peut exer­cer le pou­voir que par ses repré­sen­tants, par quel­qu’un qu’elle a délé­gué ou qui, plus sim­ple­ment, croit avoir le droit d’a­gir en son nom. Bref, c’est un nou­veau pou­voir qui s’é­ta­blit, pou­voir du par­ti socia­liste ou de sa frac­tion la plus influente, et ce pou­voir se charge de régler les des­ti­nées de la classe ouvrière. Et ce n’est pas là un abus, une sophis­ti­ca­tion de l’i­dée de « dic­ta­ture du pro­lé­ta­riat », c’est son essence- même. Elle découle de la théo­rie mar­xiste, de la façon dont cette théo­rie conçoit l’é­vo­lu­tion des socié­tés. Rap­pe­lons-la en deux mots.

Par défi­ni­tion, le pou­voir poli­tique se trouve à chaque époque don­née entre les mains de la classe éco­no­mi­que­ment domi­nante. La bour­geoi­sie, après avoir rem­pla­cé les féo­daux, dans le domaine éco­no­mique, a pris aus­si leur place dans le domaine poli­tique, du moins dans les pays les plus avan­cés d’Eu­rope et d’A­mé­rique. Depuis, l’ac­tion poli­tique toute entière de la classe bour­geoise vise à sau­ve­gar­der ses inté­rêts et à conso­li­der sa domi­na­tion. Mais voi­là que, au cours de l’é­vo­lu­tion éco­no­mique, le pro­lé­ta­riat vient prendre la place de la bour­geoi­sie comme classe la plus apte à assu­rer le déve­lop­pe­ment des forces pro­duc­trices ; de ce chef, le pou­voir poli­tique, lui aus­si, doit lui reve­nir. Le nou­vel État, l’É­tat du pro­lé­ta­riat, ne se pré­oc­cu­pe­ra désor­mais que des inté­rêts de cette classe, qui devient la classe domi­nante. C’est la dic­ta­ture du pro­lé­ta­riat. Une objec­tion natu­relle se pré­sente : une classe domi­nante sup­pose une classe domi­née ; or, l’ex­ploi­ta­tion éco­no­mique étant abo­lie par l’é­lé­va­tion de la classe la plus exploi­tée, l’exis­tence même des classes devient une impos­si­bi­li­té. Cette contra­dic­tion est réso­lue grâce à la concep­tion mar­xiste de la façon même dont une trans­for­ma­tion dans le sens socia­liste peut s’ef­fec­tuer. Elle débute par la prise du pou­voir par le par­ti socia­liste ; que fait ensuite le gou­ver­ne­ment socialiste ?

La lit­té­ra­ture mar­xiste n’a­bonde pas en pro­jets d’a­ve­nir : les social-démo­crates ont, pour cela, trop la pho­bie de l’u­to­pie. Mais le peu que nous en savons suf­fit pour nous faire connaître que le socia­lisme devra se réa­li­ser gra­duel­le­ment, pen­dant toute une période his­to­rique. Au cours de cette période, les classes n’au­ront pas ces­sé d’exis­ter, et l’ex­ploi­ta­tion capi­ta­liste n’au­ra pas pris fin : elle sera seule­ment atté­nuée et adou­cie au pro­fit du pro­lé­ta­riat. C’est lui main­te­nant qui est la classe pro­té­gée par l’É­tat, tan­dis que la situa­tion de la bour­geoi­sie est ren­due de plus en plus dif­fi­cile. Voi­ci com­ment, à l’aube du mar­xisme, Marx, dans le Mani­feste Com­mu­niste, énu­mé­rait ces mesures gra­duelles que devra adop­ter le gou­ver­ne­ment socia­liste : 1°. Expro­pria­tion de la pro­prié­té fon­cière et confis­ca­tion de la rente fon­cière au pro­fit de l’É­tat. 2°. Impôt for­te­ment pro­gres­sif. 3°. Abo­li­tion de l’hé­ri­tage. 4°. Confis­ca­tion de la pro­prié­té de tous les émi­grants et de tous les rebelles. 5°. Cen­tra­li­sa­tion de cré­dit dans les mains de l’É­tat au moyen d’une banque natio­nale avec capi­tal de l’É­tat et avec le mono­pole exclu­sif. 6°. Cen­tra­li­sa­tion, dans les mains de l’É­tat, de tous les moyens de trans­port. 7°. Aug­men­ta­tion des manu­fac­tures natio­nales et des ins­tru­ments de pro­duc­tion, défri­che­ment des ter­rains incultes et amé­lio­ra­tion des terres culti­vées. 8°. Tra­vail obli­ga­toire pour tous, orga­ni­sa­tion d’ar­mées indus­trielles, par­ti­cu­liè­re­ment pour. L’a­gri­cul­ture. 9°. Com­bi­nai­son du tra­vail agri­cole et indus­triel. 10°. Édu­ca­tion publique et gra­tuite de tous les enfants, abo­li­tion du tra­vail des enfants dans les fabriques.

L’ap­pli­ca­tion de ce pro­gramme se fera d’une façon paci­fique ou vio­lente, selon les cir­cons­tances, et dans tous les cas à l’aide d’un pou­voir poli­tique fort. Défi­nis­sant le pou­voir poli­tique connue « le pou­voir orga­ni­sé d’une classe pour l’op­pres­sion d’une autre », le mar­xisme envi­sage ain­si, comme but ultime, une socié­té qui n’est qu’une « asso­cia­tion d’hommes », sans pou­voir. C’est une marche vers l’a­nar­chie en pas­sant par son contraire, un État tout puissant.

À 50 ans de dis­tance, plus tard, Kautz­ky, dans la Révo­lu­tion sociale, pro­clame que « la conquête du pou­voir poli­tique par une classe jus­qu’a­lors oppri­mée, c’est-à-dire la révo­lu­tion poli­tique, consti­tue le trait essen­tiel de la révo­lu­tion sociale» ; il indique ensuite une série de mesures légis­la­tives des­ti­nées à opé­rer peu à peu, avec ou sans rachat, l’«expropriation des expro­pria­teurs » : impôt pro­gres­sif sur les gros reve­nus et les for­tunes, mesures contre le chô­mage, natio­na­li­sa­tion des trans­ports et de la grande pro­prié­té fon­cière etc. Quel est le régime pos­sible de cette « dic­ta­ture du pro­lé­ta­riat » ? Un État plus fort que jamais, car il tient entre ses mains toute la vie éco­no­mique du pays ; il est le maître du ravi­taille­ment et peut lit­té­ra­le­ment pri­ver de son pain chaque citoyen et à chaque moment don­né. Comme moyen de lutte contre toute oppo­si­tion, c’est très effi­cace. Les ouvriers sont les sala­riés de cet État ; c’est devant lui qu’ils doivent faire valoir leurs droits. La lutte contre ce gigan­tesque patron devient très dif­fi­cile ; les grèves se trans­forment en crimes poli­tiques. Peut-être un contrôle ouvrier peut-il être ins­ti­tué, mais il ne s’exer­ce­ra que dans la mesure où l’É­tat patron vou­dra l’ad­mettre. Il est pos­sible que les ouvriers jouissent, par com­pen­sa­tion, d’autres avan­tages, d’ordre poli­tique, tels que le droit de vote exclu­sif par exemple, ou de pri­vi­lèges dans la répar­ti­tion des pro­duits. Mais, si on y réflé­chit, ces avan­tages ne consti­tuent pas un pro­grès, car ils n’ap­portent dans la vie sociale aucune jus­tice, et ne servent qu’a faire naître des haines. Au lieu de sup­pri­mer la bour­geoise comme classe et pla­cer chaque bour­geois dans la situa­tion où il pour­rait et devrait four­nir un tra­vail utile, on le laisse (ne serait-ce que « tem­po­rai­re­ment ») vivre du tra­vail d’au­trui, mais on l’en punit en le pri­vant de cer­taines choses aux­quelles il a droit comme homme.

La bour­geoi­sie doit être mise dans l’im­pos­si­bi­li­té de nuire ; elle doit être pri­vée de la force armée et de tout ce qui consti­tue sa domi­na­tion éco­no­mique. Les mesures de répres­sion contre des bour­geois indi­vi­duels sont une ven­geance inutile. C’est aus­si une pente dan­ge­reuse : on croit faire œuvre révo­lu­tion­naire, tan­dis qu’on n’ap­porte rien à la construc­tion d’une vie nou­velle. Plus encore : cette guerre civile contre l’en­ne­mi inté­rieur, contre un mal qu’on a négli­gé d’ex­tir­per avec sa racine, aug­mente le pres­tige de l’élé­ment mili­taire, des chefs de bandes mili­taires de toutes sortes qui com­mandent des deux d’ô­tés. La lutte devient uni­que­ment une ques­tion de force mili­taire. Tout natu­rel­le­ment, la construc­tion de l’a­ve­nir se trouve remise à des temps plus calmes. Mais on laisse échap­per le moment, le peuple se fatigue et le dan­ger de la réac­tion augmente…

[|* * * * *|]

C’est pour­quoi, à la méthode des décrets, nous oppo­sons, pour la réa­li­sa­tion du socia­lisme, une méthode différente.

L’op­po­si­tion, entre les deux points de vue, date encore, de l’In­ter­na­tio­nale, du dif­fé­rend entre Marx et Bakou­nine. C’est Bakou­nine qui, le pre­mier, a pro­cla­mé dans sa « Poli­tique de l’In­ter­na­tio­nale » que le vrai socia­lisme se dis­tingue du « socia­lisme bour­geois » en ce que le pre­mier affirme que la révo­lu­tion doit être une « mise en action immé­diate et directe de la liqui­da­tion sociale pleine et entière », tan­dis que le second affirme que « la trans­for­ma­tion poli­tique doit pré­cé­der la trans­for­ma­tion. éco­no­mique ». La ten­dance qui conti­nuait la tra­di­tion de l’In­ter­na­tio­nale fédé­ra­liste — notre ten­dance — a déve­lop­pé et pré­ci­sé dans les années qui ont sui­vi cette idée de la révo­lu­tion éco­no­mique directe. Dans le Révol­té d’a­bord, dans la Révolte ensuite, Kro­pot­kine mon­trait par des exemples his­to­riques que le pro­grès de l’hu­ma­ni­té est dû à l’ac­ti­vi­té spon­ta­né du peuple et non à l’ac­tion de l’É­tat ; il déve­lop­pait en même temps le pro­gramme d’un com­mu­nisme libre, le prin­cipe « à cha­cun selon ses besoins », seul com­pa­tible avec une socié­té s’ad­mi­nis­trant sans État. Il mon­trait aus­si que la révo­lu­tion éco­no­mique ne peut pas être réa­li­sée peu à peu et par frag­ments, qu’on n’a­bou­ti­rait ain­si qu’à désor­ga­ni­ser la vie éco­no­mique sans per­mettre de la recons­truire sur de nou­velles bases ; que la répar­ti­tion com­mu­niste doit être, dans l’in­té­rêt de la révo­lu­tion, inau­gu­rée aus­si­tôt après la vic­toire. Il oppo­sait la « Conquête du pain » à la « Conquête du pou­voir » et mon­trait la néces­si­té, pour les socia­listes, de cher­cher des voies nou­velles, en dehors des anciennes formes.

Le mou­ve­ment anar­chiste tout entier s’est ins­pi­ré de ces idées fon­da­men­tales. Leur champ d’ac­tion s’est trou­vé sur­tout éten­du à par­tir du moment où le mou­ve­ment ouvrier en France, ralen­ti après la chute. de la Com­mune, a recom­men­cé à se péné­trer de l’es­prit révo­lu­tion­naire. Sous l’in­fluence de F. Pel­lou­tier d’a­bord, de beau­coup d’a­nar­chistes entrés dans les syn­di­cats ensuite, est né ce grand mou­ve­ment du syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire qui, pen­dant les dix pre­mières années du XXe siècle, por­tait en lui tous les espoirs d’é­man­ci­pa­tion ouvrière. Le syn­di­ca­lisme s’est assi­mi­lé l’i­dée de la prise de pos­ses­sion immé­diate de la pro­duc­tion, et il l’a pré­ci­sée : les organes qui sont appe­lés à le réa­li­ser existent déjà, ce sont les syn­di­cats. La grève géné­rale, pré­lude de l’ex­pro­pria­tion, est deve­nue le but final de la C.G.T. Rap­pe­lons à ce pro­pos que sa pré­pa­ra­tion parais­sait à un moment don­né une œuvre si impor­tante et si urgente que la Voix du Peuple a ouvert (vers 1902, si je ne me trompe) une rubrique dans laquelle les syn­di­cats étaient invi­tés à indi­quer ce que cha­cun d’eux peut faire au len­de­main de la vic­toire pour assu­rer la conti­nui­té de la pro­duc­tion dans son domaine, comme il entend éta­blir des rap­ports avec les autres syn­di­cats et les consom­ma­teurs, etc., etc. Cette ini­tia­tive, qui ne semble pas avoir trou­vé un écho suf­fi­sant, était très impor­tante ; plus impor­tant encore serait de la reprendre main­te­nant que nous sommes plus près des réa­li­sa­tions pratiques.

Tel était, depuis cette époque et jus­qu’à la guerre, le carac­tère fon­da­men­tal du syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire. De France, il a gagné d’autres pays, d’autres mou­ve­ments ouvriers. La ten­dance anar­cho-syn­di­ca­liste a péné­tré jusque dans les écrits des socio­logues, des juristes, des éco­no­mistes ; des savants étran­gers au mou­ve­ment ouvrier com­men­çaient à trou­ver que la réno­va­tion de la vie éco­no­mique avec, pour base, une asso­cia­tion libre de pro­duc­teurs n’est peut être pas une uto­pie, que c’est peut-être ain­si que sera ren­ver­sé le capi­ta­lisme et inau­gu­ré une nou­velle forme d’exis­tence poli­tique, dans l’État.

[|* * * * *|]

La guerre a arrê­té cette évo­lu­tion et fait dévier le cours des choses dans un autre sens. L’É­tat s’est brus­que­ment for­ti­fié, sa com­pé­tence s’est éten­due ; les orga­ni­sa­tions ouvrières, au- contraire, ont ralen­ti leur action ou l’ont diri­gé, en rai­son des dif­fi­cul­tés pra­tiques, vers des réa­li­sa­tions plus immé­diates. La ten­dance réfor­miste est deve­nue prépondérante.

L’es­prit révo­lu­tion­naire a repa­ru dans le monde avec la révo­lu­tion russe, mais sous une forme dif­fé­rente : celle du socia­lisme étatiste.

L’heure n’est pas venue encore de tirer des conclu­sions défi­ni­tives de l’ex­pé­rience ten­tée en Rus­sie ; nous igno­rons beau­coup de choses et il nous est dif­fi­cile d’é­va­luer le rôle des dif­fé­rents fac­teurs dans les suc­cès et les insuc­cès. Mais nous pou­vons dire ceci : ce que nous savons ne peut pas ébran­ler notre point de vue fon­da­men­tal. Nous n’a­vons pas l’in­ten­tion de déve­lop­per ici tous les argu­ments qui nous font croire que l’ap­pa­reil gou­ver­ne­men­tal est inapte à réa­li­ser une révo­lu­tion sociale, que seule peut le faire l’ac­tion des grou­pe­ments ouvriers, deve­nus grou­pe­ments pro­duc­teurs. Cette démons­tra­tion a été faite dans notre lit­té­ra­ture beau­coup de fois. Mais nous croyons utile d’en rap­pe­ler les conclu­sions générales.

Nous pen­sons, comme nous avons tou­jours pen­sé, que la prise de pos­ses­sion de la terre et des ins­tru­ments de pro­duc­tion et la ges­tion de la vie éco­no­mique par les orga­ni­sa­tions pay­sannes et ouvrières est plus sus­cep­tible d’as­su­rer le bien-être maté­riel de la Socié­té que les décrets du pouvoir.

Nous pen­sons que ce mode de trans­for­ma­tion est mieux fait pour atté­nuer les conflits et évi­ter la guerre civile (parce qu’il admet une plus grande liber­té et une plus grande varié­té d’or­ga­ni­sa­tion), que l’in­tro­duc­tion par la voie d’au­to­ri­té d’une réforme unitaire.

Nous pen­sons que la par­ti­ci­pa­tion directe du peuple à la construc­tion des nou­velles formes éco­no­miques rend les conquêtes de la révo­lu­tion plus stables et en assure mieux la défense.

Nous pen­sons, enfin, qu’ain­si se trouve pré­pa­ré, en plus des conquêtes éco­no­miques et poli­tiques, un stade de civi­li­sa­tion supé­rieur au point de vue intel­lec­tuel et moral.

Les milieux ouvriers fran­çais pos­sèdent un patri­moine d’i­dées et une expé­rience de lutte suf­fi­sants pour trou­ver la voie qui mène le plus direc­te­ment à l’af­fran­chis­se­ment total. Pro­cla­mer la déchéance du capi­ta­lisme et le règne du socia­lisme est une grande chose, et, ce mérite, nous le recon­nais­sons au gou­ver­ne­ment socia­liste de la Rus­sie. Mais nous vou­lons aus­si que le socia­lisme passe à l’é­tat de pra­tique, qu’une ère nou­velle s’ouvre vrai­ment devant l’hu­ma­ni­té et qu’au­cune arme ne soit four­nie à la réac­tion par les fautes des socia­listes. Pour cela nous qui tra­vaillons sur le ter­rain fran­çais, nous devons pro­fi­ter du moment où il est encore temps de se pré­pa­rer pour nous atta­cher à étu­dier ce que peuvent et doivent faire les orga­ni­sa­tions ouvrières « au len­de­main » de la révolution.

Nous consi­dé­rons comme de toute impor­tance la dis­cus­sion la plus sérieuse et la plus com­plète de toutes les ques­tions tou­chant l’or­ga­ni­sa­tion de la voie éco­no­mique au moment où les ouvriers s’en seront ren­dus maîtres. Il ne s’a­git là ni de débats, ni même de pro­pa­gande, il s’a­git d’é­tude. Il ne suf­fit plus de dire que tel ordre de choses est dési­rable, ni même de le démon­trer : il faut indi­quer des mesures pra­tiques qui soient réa­li­sables immé­dia­te­ment et avec les moyens dont nous dis­po­sons actuellement.

C’est à cette besogne que nous appe­lons nos camarades.

M. Isi­dine

La Presse Anarchiste