La Presse Anarchiste

Julio Millan menacé de quarante ans de prison

[(En sep­tembre devait avoir lieu le pro­cès d’un mili­tant liber­taire espa­gnol, Julio Mil­lan Her­nan­dez. Nous don­nons l’in­for­ma­tion sur le cas de ce cama­rade, tirée de « Frente liber­ta­rio ». Tout sou­tien finan­cier peut être appor­té à Julio Mil­lan en envoyant des fonds à : Ama­dor Alva­rez, C.C.P. 15 – 712-51 Paris avec la men­tion (pour Millan).)]

Le 10 octobre 1967, Julio Mil­lan Her­nan­dez, né à Vil­la­men­te­la (Madrid) en 1937, est arrê­té dans le train de Port Bou – Bar­ce­lone, aux envi­rons de Gero­na. Il est conduit à la pré­fec­ture de police de Bar­ce­lone pour y être « inter­ro­gé ». On l’ac­cuse d’a­voir par­ti­ci­pé à deux « actes terroristes ».

Mil­lan nia for­mel­le­ment avoir par­ti­ci­pé à ces deux « actes ter­ro­ristes ». Il fut sou­mis pen­dant plu­sieurs jours à de conti­nuelles tor­tures. Lors­qu’il fut abat­tu phy­si­que­ment, les poli­ciers lui pro­po­sèrent un verre d’eau. Mil­lan, qui avait très soif, refu­sa de boire ce verre en disant qu’il ne boi­rait qu’au robi­net. On le contrai­gnit à ava­ler le conte­nu du verre. Peu après, Mil­lan se décla­rait coupable…

Enfer­mé à la pri­son « modèle » de Bar­ce­lone, il fut trans­fé­ré ensuite à Madrid. Alors qu’il était incar­cé­ré à Car­ra­ban­chel, Mil­lan décla­ra devant le tri­bu­nal mili­taire de la pre­mière Région qu’on lui avait extor­qué des aveux en état d’inconscience.

En jan­vier 1970, il sol­li­ci­ta du capi­taine géné­ral de la même Région une mise en liber­té pro­vi­soire. Il était depuis trois ans et demi en déten­tion pré­ven­tive. À cette der­nière demande, il reçut une réponse néga­tive dans laquelle on lui deman­dait de s’abs­te­nir de faire de telles requêtes sur des « dos­siers déjà clas­sés » (sic).

L’exemple de notre cama­rade Mil­lan, qui est un cas par­mi tant d’autres dans le vaste camp concen­tra­tion­naire que repré­sente l’Es­pagne, per­met de révé­ler quatre aspects du régime de répres­sion franquiste :

  1. Pro­cé­dés poli­ciers pour extor­quer de pré­ten­dus aveux.
  2. Méthodes d’incarcération.
  3. Durée de la déten­tion préventive.
  4. Contraintes exer­cées pour que le déte­nu s’abs­tienne d’a­dres­ser des requêtes aux orga­nismes ayant des pos­si­bi­li­tés d’intervention.

Fina­le­ment, le pro­cès de Mil­lan devait avoir lieu en octobre ou novembre, mais l’a­vo­cat de notre cama­rade, Me Sevil­la Casar, vient de nous apprendre que :

— Les peines deman­dées contre Mil­lan sont de 24 et 17 ans de pri­son pour l’une et l’autre incul­pa­tion, ce qui fait 41 ans de pri­son en tout alors que notre cama­rade est INNOCENT.

— Le pro­cès est pré­vu pour le mois de sep­tembre pour jouer sur l’ef­fet de sur­prise et que per­sonne n’en parle. La date du conseil de guerre qui juge­ra notre cama­rade ne sera dévoi­lée que quelques jours avant le pro­cès. Mais, on sait dès main­te­nant que les deux incul­pa­tions seront jugées au cours du même pro­cès et que Gar­cia Rebull, le même sinistre per­son­nage qu’à Bur­gos, exer­ce­ra la fonc­tion de capi­taine géné­ral et signe­ra la sen­tence définitive.

« Frente libertario »

La Presse Anarchiste