La Presse Anarchiste

De l’éducation-amour ou la paternité vraie

[[Voir les nos1,2,3,4 de la Revue Anar­chiste.]]

[/​Où que tu sois, creuse profondément.

À tes pieds se trouve la source


(Nietzsche)/​]

Nous avons, pour nous conti­nuer, nous repro­duire, nous mul­ti­plier, les idées que nous engen­drons, les esprits que nous fécon­dons. Nous avons plus rare­ment les enfants que nous pro­créons, car nous atta­chons moins d’im­por­tance à notre sperme qu’à nos paroles.

Ceux qui pensent aimer leurs reje­tons le font, le plus sou­vent, d’une façon ani­male et pas­sive, et ne semblent guère se sou­cier du devoir qu’ils ont de créer l’in­di­vi­du non seule­ment en eux, mais en ceux qui émanent d’eux.

Ils masquent de pré­textes doc­tri­naires ce vieux fond d’é­goïsme, d’in­sou­ciance et de paresse qui tend sans cesse à dis­pa­raître sous nos pen­sées et nos actes.

C’est pour­quoi, si l’in­di­vi­du est par­fai­te­ment libre de faire ou de ne pas faire des enfants, il n’est pas libre de lais­ser la socié­té s’emparer de ceux-ci, pour façon­ner leur conscience selon les besoins et les exi­gences de l’i­dole sociale.

Jus­te­ment parce que tu cherches et res­pectes l’in­di­vi­du en toi et hors de toi, tu dois t’at­ta­cher à ce grand pro­blème de l’é­du­ca­tion des enfants ou pater­ni­té vraie. Puisque nous ne vou­lons, ici, que sou­li­gner de traits hâtifs une ou deux remarques abré­gées, notons au moins l’er­reur funeste de notre temps, qui a cru faire des hommes en ren­dant l’ins­truc­tion obli­ga­toire, alors que c’est l’é­du­ca­tion qu’il fau­drait rendre universelle.

À quoi sert de savoir conduire ses yeux au long des lettres d’un livre, si l’on ne sait com­ment conduire son corps et sa pen­sée au long des jours de la vie ?… Comme tout se tient, l’é­du­ca­tion est faite non seule­ment des menus soins qui rendent la vie plus aimable (poli­tesse, bonnes façons pour par­ler, man­ger, entrer, sor­tir), mais encore des menues atten­tions qui rendent nos sen­ti­ments plus fins. En affi­nant la forme que prennent nos gestes, elle finit par rendre plus gra­cieuse et plus douce la forme que prennent nos sen­ti­ments, nos pensées.

À ce point de vue, la vie intime de nos ménages popu­laires est encore dans un état de bar­ba­rie affli­geant. De même que notre civi­li­sa­tion lugubre ne met guère que des tau­dis à la dis­po­si­tion des pauvres, leur vie est un tau­dis obs­cur, leur cer­veau est un tau­dis sans lumière, sans rien qui récrée. Le père, sur qui pèse un dur labeur, la mère esclave des mille tra­vaux aux­quels sa pau­vre­té la contraint, laissent la vie sor­tir d’eux comme elle y pénètre : bru­ta­le­ment. Et les petits suivent l’exemple, et nul ne semble voir autour d’eux qu’un gros mot sor­ti d’une bouche inno­cente, un juron défor­mant une bouche de jolie fille, évoquent une civi­li­sa­tion fami­liale en retard de bien des siècles sur la civi­li­sa­tion appa­rente que nous vivons.

Je sais com­bien l’homme du peuple a d’ex­cuses et jus­qu’où il fau­drait remon­ter pour trou­ver les res­pon­sables de la condi­tion qui lui est faite.

Mais s’il faut des révo­lu­tions, des siècles et du sang pour ins­ti­tuer une har­mo­nie sociale un peu plus conforme à la rai­son, le plus pauvre peut devan­cer les temps futurs et prendre, dès aujourd’­hui, son acompte de joie, de beau­té, de paix. 

Point n’est besoin d’être bien savant ni bien riches pour faire rayon­ner autour de toi l’i­déal de fine huma­ni­té dont j’ai vou­lu te don­ner la nostalgie. 

[|― O ―|]

Le pre­mier secret de l’é­du­ca­tion est de savoir se faire une âme enfan­tine. C’est pour­quoi les vieilles gens s’en­tendent si bien avec les petits enfants.

Puisque la race se perd de ces grands-pères et grand-mères de coin du feu, à la mémoire pleine d’his­toires, apprends à enve­lop­per tes petits de ce nuage enchan­té, fait de songes et de fables, à tra­vers lequel ils ver­ront la vie telle qu’elle doit être, et s’a­che­mi­ne­ront, par étapes, vers la digni­té d’homme.

Tu leur donnes déjà des jouets en car­ton, en bois, en étoffe. Évoque et laisse se pen­cher, sur leurs ber­ceaux, ces char­mantes mar­raines : les fic­tions. Ne redoute point de faire de tes enfants des songe-creux en leur ouvrant, toutes grandes, les portes du pays bleu. Ils auront trop tôt, hélas, l’oc­ca­sion d’en revenir.

Ce soin que tu mets à choi­sir les images dont tu décores une ima­gi­na­tion enfan­tine, apporte-le dans tes paroles, dans tes actes, dans tous les gestes de ta vie intime. Dis-toi qu’il dépend de toi, de ton tact, de mettre au point et à la taille de tes petits les choses qui t’ont sem­blé bonnes pour ton propre enri­chis­se­ment. Dis-toi qu’à trier et tenir propres tes mots, tes gestes, tes habi­tudes, tu réa­lises une modeste har­mo­nie phy­sique de la vie qui finit par entraî­ner une véri­table har­mo­nie et cor­res­pon­dance inté­rieure des idées et habi­tudes que sus­citent ces gestes.

Et dis-toi que si l’al­pha­bet tient en vingt-cinq lettres, l’é­du­ca­tion tient en un mot : amour. L’a­mour qui veut beau et paré l’ob­jet auquel il s’ap­plique, et est indigne de lui-même s’il ne trouve les fins pour y par­ve­nir. Mais un amour vigi­lant et sagace, un amour que la rai­son éclaire, et non cet ins­tinct ani­mal et pas­sif qu’a­li­mentent l’é­goïsme et l’ha­bi­tude et qui, pour le com­mun des hommes, porte le nom et prend la place de l’amour.

L’a­mour t’ap­pren­dra que tout a une valeur édu­ca­tive, pour l’en­fant comme pour l’homme. Mais, puisque nous avons évo­qué l’in­no­cente magie des jouets, laisse-moi te deman­der si tu sais seule­ment ce qu’est un jouet, un jouet d’en­fant… Puisque nous bat­tons ce joli sen­tier, un peu détour­né de notre route, sui­vons-le ensemble un ins­tant, pour notre ins­truc­tion et notre plai­sir. (Cela ne nous arrive pas si sou­vent, de sourire…).

Philosophie du jouet

Il était une fois un vieux phi­lo­sophe qui disait : « L’art est un jeu », et les fées sou­riaient d’en­tendre cette véri­té plus vieille que les philosophes.

Mais, si nous retour­nons un peu la pen­sée d’Her­bert Spen­cer, nous y trou­vons une véri­té bien plus curieuse : « Le jouet est une œuvre d’art. », une œuvre d’art aus­si com­plète — dans la socié­té enfan­tine — que ces chefs-d’œuvre dont se pare et s’e­nor­gueillit la socié­té des hommes.

Si l’art est bien, en effet, une inter­pré­ta­tion choi­sie du réel, de la vie, le jouet — si tu consi­dères le public d’a­ma­teurs auquel il se des­tine — est du Michel-Ange et du Rodin à sa façon, décou­pé dans du bois, mon­té dans du car­ton, pein­tur­lu­ré de cou­leurs joyeuses.

La sim­pli­fi­ca­tion évo­ca­trice, ou syn­thèse, qui fait la richesse de l’art, fait aus­si la richesse du jouet.

Les jouets sont d’au­tant plus évo­ca­teurs (et, par­tant, plus édu­ca­teurs) qu’ils sont plus sim­pli­fiés. Celui qui les regarde peut conti­nuer et enri­chir de son fonds propre le des­sein du pre­mier créa­teur. Tan­dis qu’une copie trop minu­tieuse et trop com­plète des réa­li­tés arrête notre ima­gi­na­tion tout net et appau­vrit d’au­tant notre plaisir.

Le double auteur. ― Toute œuvre d’art a en effet un double auteur : celui qui la crée et celui qui la voit, celui qui la rêve le pre­mier, fixe pour autrui son rêve sur du papier, de la toile, de la pierre, et celui qui la sent entrer en lui par tous ses sens, se mode­ler et se parer de tout ce qu’il avait en lui de prêt pour elle, sans que jamais, par trop de pré­ci­sion, elle vienne limi­ter la richesse de sa col­la­bo­ra­tion, la fécon­di­té de sa joie.

Com­prends-tu main­te­nant pour­quoi j’in­sère ces remarques plu­tôt en ce cha­pitre de péda­go­gie fami­liale que dans nos recherches sur le beau et ses plaisirs ?…

Le jouet, donc, le vrai jouet, celui de quelques sous, celui que l’on donne aux pauvres, pos­sède tous les carac­tères amu­sants de la syn­thèse créa­trice : les détails ont été bra­ve­ment négli­gés ; seul le carac­tère dis­tinc­tif a été choi­si pour que nul ne confonde le lapin et sa carotte avec l’âne de bois et son pay­san à bon­net pointu.

Le cro­quis rapide, géo­mé­trique, le sym­bole linéaire d’un indi­vi­du, d’un objet, c’est assez pour l’en­fant. Il ajoute ce qui manque. Et cette col­la­bo­ra­tion incons­ciente aiguise et fait pro­gres­ser sa petite sen­si­bi­li­té, sa petite intelligence.

Aus­si, l’er­reur est jus­te­ment de pré­tendre faire du jouet une sotte et trop exacte repro­duc­tion des choses qui passent dans la vie. Le jouet n’est pas un fac-simi­lé réduit à l’é­chelle de l’en­fance. C’est une créa­tion amu­sée, évo­ca­trice du modèle, certes, mais qui doit sur­tout le sug­gé­rer, un sché­ma où la matière importe peu, où la plus simple est la meilleure, si elle exprime de la joie, avec des formes gaies, des cou­leurs vives et qui font rire.

Ce qui man­que­ra au jouet, l’en­fant sau­ra le lui donner.

Le Magi­cien. ― L’en­fant est là, dans le petit coin, der­rière la porte. C’est un petit coin der­rière la porte si vous vou­lez ; c’est du moins ain­si que les hommes se le repré­sentent, avec leurs grosses sen­sa­tions pres­sées de se for­mu­ler une fois pour toutes. En réa­li­té, c’est un jar­din, un palais, une île, un navire, tout ce que veut le petit garçon.

Les petits gar­çons sont puis­sants comme les enchan­teurs et font tout ce qu’ils veulent avec le petit coin der­rière la porte…

Ain­si, le jouet vit et parle, joue, tra­vaille, se fâche, s’é­gaie et s’a­nime de toutes les pas­sions de l’en­fant. C’est un esclave patient, comme il n’en retrou­ve­ra point dans sa vie, une pro­prié­té abso­lue qu’il peut haïr, aimer, bri­ser, choyer, tor­tu­rer, à son plaisir.

Plus maître de son jouet que le citoyen antique ne l’é­tait de son esclave, l’en­fant s’or­ga­nise avec lui un petit monde qui lui obéit mieux que ne ferait l’autre, un uni­vers cocasse dont il est roi, avec ses bons­hommes, ses che­vaux, ses voi­tures, ses mai­sons, ses arbres, ses pou­pées et ses ber­gères. Ces petites choses sont aus­si vivantes pour nos fils que les grandes le sont pour nous ; elles leur obéissent toutes, sans que per­sonne ait rien à dire… Per­sonne ? Hé ! voi­là jus­te­ment où gît le lièvre. De même que sur les socié­tés humaines pèsent les des­ti­nées invi­sibles et les caprices du sort, ain­si, sur la socié­té enfan­tine, planent ces divi­ni­tés fan­tasques et omni­po­tentes que sont « les grandes per­sonnes ». Je n’en veux pour garant que ces trois petites histoires.

Il a cas­sé son beau Poli­chi­nelle. ― Une de ces ter­ribles mai­sons neuves, au coeur du grand fau­bourg. La petite salle à man­ger ouvrière, avec son papier à fleurs et ses chro­mos. C’est l’heure de la lampe et de la soupe. La maman s’af­faire. On dirait que rien ne s’est passé.

Mais, dans un coin, effon­dré, il y a un pauvre petit tablier noir qui pleure et une face lamen­table, ense­ve­lie sous deux poings rouges, lui­sants de larmes…

Le père arrive ; il s’é­tonne, s’in­forme. C’est un homme de paix. Il aime lais­ser à la porte sa fatigue et ses sou­cis avec sa sacoche de cuir…

Et la mère, voix étran­glée d’une stu­peur sans nom, cette voix que doivent avoir les prêtres dénon­çant un sacri­lège, pro­fère, mon­trant l’é­pave et scan­dant une à une les syl­labes pour les gra­ver au livre de Dieu :

« Il-a-cas-sé-son-beau-poli­chi­nelle !… »

Comme si ce n’é­tait pas son droit, à cet enfant, comme si cas­ser n’é­tait pas un jeu, le plus humain, le plus joyeux des jeux ! Cas­ser des jouets ! Les cas­ser tous !… Mes­sieurs les phi­lo­sophes vous diraient tout ce qu’il y a de méta­phy­sique dans ce geste-là.

Mais voi­ci une autre histoire :

« Ote-toi de là. ». ― Ils sont pen­chés en rond autour de la table, tous, toutes les grandes per­sonnes du logis, recueillies, impor­tantes… Il y a le père, et le grand frère, et l’oncle ; tous les vieux. N’a-t-on pas don­né au gamin un ingé­nieux petit jouet méca­nique ? Ils s’ap­prennent à le manipuler.

Lui, bien enten­du, ne voit rien, que des jambes, des dos atten­tifs, et sa petite tête ne vient pas au niveau de la table. Il patiente, il hésite… Enfin, n’y tenant plus, dis­crè­te­ment, il tire un pan de veste.

« Laisse-moi le tou­cher aus­si un peu, dis ?… » Et le père, cour­rou­cé, se retour­nant à peine :

« Celui-là, s’il ne nous laisse pas tran­quilles, il va aller au lit, et rondement ! »

Mais voi­ci ma troi­sième histoire :

« Tu l’au­ras quand tu seras grand. ». ― Il était tel­le­ment content qu’il en sem­blait grave, mystique.

Il pro­me­nait, radieux de l’ef­fort, entre ses bras ten­dus, son bel élé­phant, plus grand que lui, avec sa trompe courbe, sa selle pourpre et dorée… Mais à peine la visi­teuse, la dona­trice, la fée est-elle par­tie, lais­sant le mar­mot savou­rer l’é­trenne, que la mère inexo­rable cueille le tré­sor, grimpe sur une chaise, ouvre l’ar­moire, ins­talle tant de joie sur le rayon du haut et pro­fère la phrase fatale que tous les petits enfants du monde ont enten­due et qui, le jour où ils seront syn­di­qués, sera cause de vilain, croyez-moi : « On te le don­ne­ra quand tu seras grand. »

Je n’a­joute rien. À toi, papa l’Homme, de tirer la morale, comme dans les fables. Pour­tant, nous ne quit­te­rons pas la douce com­pa­gnie des petits sans prê­ter encore un ins­tant l’o­reille aux voix qui font tres­saillir on ne sait quoi dans notre vieux cœur :

Les vieilles chansons

…Une grande rue bruis­sante et mul­ti­co­lore de fau­bourg, avec de hautes mai­sons, des éta­lages débor­dants, des pan­cartes, des voi­tures, des mar­chands, des gens qui se hâtent dans tous les sens, sur les iti­né­raires invi­sibles de leurs destins…

Une grande rue où la vie est inquiète et pleine de peine, avec — accom­pa­gne­ment sourd qui ne se tait jamais — la tré­pi­da­tion des usines qui sont le pain et le des­tin de tout ce peuple…

Or, sur un tri­angle de bitume coin­cé entre deux pans de mai­sons, des fillettes, avec des mines et des révé­rences, chantent une vieille ronde de la vieille France :

Gen­til tambour,
Don­nez-moi votre rose !
Et ran-tan-plan…

Et voi­ci que, par la magie de la chan­son, un peu de joie impré­vue et de rêve passent, comme un vent de prin­temps, sur l’âpre carrefour.

En bel habit, fleur au bon­net, voi­ci venir nos vieux amis, les Com­pa­gnons de la Mar­jo­laine, les Trois Filles et le Ber­ger, le Petit Mousse, les Capi­taines, Cadet-Rous­selle et la Boulangère…

Et les vieilles qui poussent les voi­tures à légumes, les tra­vailleurs au pas lourd, les bou­ti­quiers au coeur sombre, les ména­gères pen­chées, jus­qu’au fond du ciel, à des fenêtres encom­brées de vieilles lite­ries, ont sen­ti la chan­son glis­ser comme une eau fraîche sur leurs pen­sées, fre­donnent, sans y prendre garde, du bout des lèvres, un brin de chan­son en fleurs.

[|― O ―|]

Vieilles chan­sons, jouets bario­lés et musi­quants, vous ferez, autour des petits de mon frère l’Homme, comme un menu et riant uni­vers qui les habi­tue­ra, dou­ce­ment, à l’autre, leur don­ne­ra la nos­tal­gie et le besoin de cette vie plus fine qu’il faut bien recher­cher dans les contes, les jouets et les rondes, puis­qu’on ne la trouve jamais autour de nous.

[|― O ―|]

Nous voi­là loin, semble-t-il, de notre thème édu­ca­tif. Mais tout che­min de la pen­sée mène à l’homme. 

Et puis, en te repor­tant aux pré­cé­dents essais dont je t’ai pro­po­sé la médi­ta­tion, ne peux-tu pas, à cette heure, embras­ser d’un regard plus net le grand et beau pay­sage inté­rieur que nous avons len­te­ment gravi ?

D’une marche entre­cou­pée, buis­son­nière, pro­por­tion­née à tes forces et à ton loi­sir, te voi­ci par­ve­nu sur la hauteur.

Comme un homme qui gon­flé ses pou­mons de bon air clair et se sent plus large et plus fort, tu peux savou­rer ce sen­ti­ment de la gran­deur humaine pro­lon­gée à tra­vers tes actes, en même temps que cette paix de l’âme, cette joie per­ma­nente de vivre dont ton esprit et ton corps sont bai­gnés désor­mais comme d’une atmo­sphère natu­relle hors de laquelle ils ne pour­raient plus vivre.

(À suivre.)

[/​Ganz-Allein/​]

La Presse Anarchiste