La Presse Anarchiste

Mouvement social

Le Congrès d’Arles est peut-être le plus frap­pant exemple de la poli­tique de camou­flage du Par­ti Com­mu­niste. Ce congrès qui, selon Mau­rice Tho­rez, avait pour objet d’aug­men­ter « le bon­heur et la gran­deur de la France », n’a pas été autre chose qu’un ensemble de dis­cours tenus par quelques chefs du Par­ti et applau­dis par 1.200 délégués.

L’as­pect géné­ral du congrès était bien celui d’un congrès réfor­miste. On était fier d’être Fran­çais et heu­reux de vivre dans une démo­cra­tie presque aus­si par­faite que celle de l’U.R.S.S. Les chefs se don­nèrent beau­coup de peine pour per­sua­der l’ou­vrier qu’il est par­fai­te­ment heu­reux, et qu’il a toutes les rai­sons de l’être.

On trai­tait sur un même plan des ques­tions d’une impor­tance négli­geable. Mar­cel Git­ton a pu par­ler pen­dant des heures de la grande famille des com­mu­nistes, de la néces­si­té de la bonne san­té des mili­tants. Il a décla­ré que le par­ti com­mu­niste est le par­ti « des humbles », ce qui n’est point flat­teur pour un par­ti qui pré­tend encore être celui de la défense des inté­rêts de la classe ouvrière.

Les chefs du P. C. regret­taient que le pro­gramme du Front popu­laire ne fût pas tota­le­ment appli­qué. Ils pro­fi­taient de cette occa­sion pour adres­ser des reproches aux ministres socia­listes. D’autre part, on se réjouis­sait des grands pro­grès de la France depuis le gou­ver­ne­ment Front Popu­laire. Entre autres, on se féli­ci­tait de l’aug­men­ta­tion des prix de vente du blé, du lait et du beurre, qui per­met­tra aux pay­sans de réa­li­ser des béné­fices supé­rieurs. Or, une semaine aupa­ra­vant, un article, inti­tu­lé « Mamans fran­çaises, défen­dez-vous contre l’aug­men­ta­tion du prix du lait », parais­sait dans l’« Huma ». Ceci, ain­si que la main ten­due, est signi­fi­ca­tif de cette poli­tique de recru­te­ment dans tous les sens, qui explique, en grande par­tie, les actions du P. C.

Duclos par­lait uni­té, et sem­blait regret­ter le refus du P.C. Or, nous savons que, lors des dis­cus­sions sur l’U­ni­té, l’« Huma » publia un article de Dimi­trov, écrit dans le style de jadis, sur le rôle de la social-démo­cra­tie. La C.A.P. refu­sa, alors, de conti­nuer les négo­cia­tions. En réponse, les com­mu­nistes dif­fu­sèrent l’ar­ticle de Dimi­trov en tracts, et la période des dis­putes recom­men­ça. Les Sta­li­niens ayant ren­du presque impos­sible cette uni­té, ils font de graves reproches aux diri­geants socia­listes tout cela, évi­dem­ment, dans le but de gagner les mili­tants socia­listes. Il faut, aus­si, se rap­pe­ler l’ac­ti­vi­té du P.C. en face des der­nières grèves. Il semble que le P.C. ait pris une part active à l’or­ga­ni­sa­tion de ces grèves. En tout cas, il salua la grève et se décla­ra soli­daire des gré­vistes, alors que le « Popu­laire » fit le contraire.

Il faut avouer que cette poli­tique est extrê­me­ment adroite. Le Par­ti Com­mu­niste semble plus révo­lu­tion­naire que le P.S., et c’est grâce à cette poli­tique que la majo­ri­té des ouvriers révo­lu­tion­naires se trouve encore dans le Par­ti Communiste.

[/G.J./]

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