Curityba. — La colonie Cécilia, située dans cette province, à 18 kilomètres de Palmer, n’existe plus depuis l’année dernière. Elle a eu, comme toutes ces sortes de tentatives, sa jeunesse, son âge viril et sa décadence ; mais ici le cycle n’a pas été long ; quatre années seulement et tout fut fini. Lorsqu’il faut compter avec les douanes, les compagnies de transport, etc., à la longue, c’est un énervement, un découragement qui vient abattre les mieux intentionnés. Dans ce pays, il faut beaucoup d’argent pour faire venir l’outillage et le matériel nécessaire au développement de l’œuvre ; la pauvreté nous en empêchait. Il fallait aussi des semences, car, par la pratique, on s’est aperçu que telle plantation ne convient pas à telle terre, et c’est à recommencer ; il faut donc s’en procurer d’autres, on n’en a pas sous la main, il faut attendre longtemps, et quand on pourrait, il est trop tard, l’époque des plantations est passée. Il faudrait aussi un va-et-vient continuel pour maintenir le niveau moral, et jeter une note gaie avec de nouvelles idées, sans quoi, à être toujours les mêmes ensembles, l’activité diminue ; ainsi que dans les assemblées, il se forme des partis et des rivalités, le vice apparaît tout comme dans les prisons ; on cherche, on s’ingénie à se reposer sur autrui. Alors arrive la satiété et l’on se disperse ; quelques malins achètent le tout et deviennent par la suite de gros propriétaires.
[/(D’après une correspondance locale)/]
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Le correspondant qui nous a communiqué ces renseignements nous prie, en même temps, de faire connaître qu’il tient gratuitement à la disposition de deux ou trois camarades, travaillant la cordonnerie, un terrain situé à Rio-Négro. Nous avons à maintes reprises exprimé notre avis sur les essais de colonisation, et nous publions l’offre de notre camarade sans prendre aucune responsabilité à ce sujet.
Sao Paulo. — Dans cette ville, se publiait une petite feuille de propagande anarchiste, l’Avvenire, qui allait atteindre son dixième numéro au 18 mars dernier. Mais la République brésilienne est aussi libérale que la République française. Les rédacteurs ont été arrêtés, ainsi que les distributeurs de ce journal. Depuis lors, il leur fut impossible de trouver une imprimerie quelconque. Ils réussirent cependant se procurer une petite presse qui leur servit à publier deux manifestes, l’un au 1er mai, l’autre au 13 du même mois, date commémorative de l’abolition de l’esclavage au Brésil. Quant au journal l’Avvenire, en dépit de toute répression, de toutes persécutions, il reparaîtra plus acharné, plus décidé que jamais à la lutte pour l’idée [[Depuis que nous avons reçu cette correspondance, nous avons reçu le 1er numéro de la réapparition de l’Avvenire.]].
En ce moment seize camarades sont dans les prisons des républicains démocrates brésiliens. Ces persécutions stupides, injustes et cruelles n’arrêteront pas ceux qui restent encore libres !
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