La Presse Anarchiste

Bibliographie

Au Bord du Gouffre, par Vic­tor Mar­gue­ritte [[Un volume 7 francs, chez Flam­ma­rion, 26, rue Racine.]]. — Ce volume, ni l’auteur, ni l’éditeur, n’ont cru bon de nous l’adresser, mais comme il est dans notre rôle de signa­ler à nos lec­teurs tout ouvrage qui vaut d’être lu, ce serait une lacune de ne pas en par­ler, quoique la presse l’ait assez sou­vent cité, pour sup­po­ser qu’ils le connaissent déjà.

Les fautes de la poli­tique mili­ta­riste de Mil­le­rand, Poin­ca­ré et consorts, y sont net­te­ment exposées.

L’ânerie de notre État-Major y est dévoi­lée avec, preuves à l’appui, ain­si que sa haine du civil, le pous­sant à lais­ser mas­sa­crer les troupes, en les fai­sant com­battre un contre dix, et à livrer les popu­la­tions aux hor­reurs de l’envahissement plu­tôt que d’utiliser les réserves.

Au Bord du Gouffre est le cri de conscience de quelqu’un qui hait la guerre et ses fau­teurs et qui, comme nous, a vu le dan­ger de la vic­toire alle­mande pour l’évolution humaine, mais n’en déteste que davan­tage le militarisme.

Une Sai­son en Artois, par Raoul Leguy [[Un volume 2 fr. 50, chez Figuière, 3, place de l’Odéon.]]. — La Sai­son en Artois, de M. Leguy, est un séjour aux avant-postes de cette région racon­té au jour le jour, sim­ple­ment, sans épate.

L’auteur me semble un tan­ti­net réac­tion­naire, mais cela à peu d’importance sur ce qu’il raconte. Dans cette sorte d’ouvrage qu’importent les réflexions ! Ce sont les faits racon­tés qui comptent. C’est dans des volumes comme celui-là que l’on arrive à se faire une idée à peu près juste de ce que fut la vie au front.

Et, bar­bare que je suis, sans nier l’intensité de ce que l’on trouve dans Le Feu ou dans Cla­vel Sol­dat, quoique écrit avec moins de talent, je crois que l’on trouve une note plus juste dans un livre comme celui de M. Leguy, écrit sans prétention.

L’Eau Ardente, par Jacques Bus­sy [[Réfé­rence absente.]]. — L’eau ardente, c’est l’alcool. Ce volume est une ten­ta­tive de démon­trer le mal que l’alcoolisme fait dans nos popu­la­tions, même chez les gens les plus distingués.

Est-ce bien concluant ? Je ne le crois pas, car les deux cas qui tiennent la plus grande place dans le livre, me semblent devoir être plu­tôt des cas excep­tion­nels, et l’exception ne prouve rien. 

L’intention est bonne, en tous cas.

La Poli­tique Colo­niale du Père Ubu, par Ambroise Vol­lard [[Pla­quette, chez Crès et Cie, 116 bou­le­vard Saint-Ger­main.]]. C’est, dans le style de Ubu-Roi, une satire de la poli­tique colo­niale des bureaux minis­té­riels. Grosse farce qui, au fond, n’en reste pas moins vraie sous l’outrance. Mais, évi­dem­ment, cela n’a pas la force d’un ouvrage qui appor­te­rait des faits et de documents.

N’importe ! Il est tou­jours bon de ridi­cu­li­ser la suf­fi­sance et la mal­adresse de nos maîtres.

[/J.G./]

Langue allemande

Quand pâli­ra l’Auréole de Gloire, par Robert Bodavs­ky (Dan­ton). — Recueil de poé­sies dont l’a publi­ca­tion fut inter­dite pen­dant la guerre, contre la guerre, contre tous les gou­ver­ne­ments, de Guillaume II à Lénine « qui rejette l’épithète d’anarchiste ». Nous tra­dui­sons une des pièces les plus courtes :

Notre empe­reur et nous ! qui ose­rait nous séparer !
Il semble qu’on nous connaisse mal, nous, les Allemands !
Notre empe­reur et nous, nous ne fai­sons qu’un.
Nous mour­rons pour, lui, aucun n’hésite ;
Il meurt aus­si pour nous — quand il le faudra…

Ceci pour­tant reste encore à mettre à l’essai.

[/P.R./]

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