La Presse Anarchiste

Notre fête du 15 avril

Au point de vue artis­tique, la soi­rée que nous avons orga­ni­sée le 15 avril der­nier au béné­fice des pri­son­niers russes en France, a obte­nu une pleine réus­site. Il n’en pou­vait être autre­ment, d’ailleurs, étant donne la valeur excep­tion­nelle des artistes qui ont prê­té leur concours au concert.

Le résul­tat cher­ché, cepen­dant, a été loin d’être atteint. Tablant sur nos propres sen­ti­ments, nous nous figu­rions que le sort des pri­son­niers russes avait pro­fon­dé­ment ému les cours popu­laires et que ceux-ci répon­draient una­ni­me­ment à notre appel à la soli­da­ri­té. Nous avons pu consta­ter qu’au fond, la foule était indif­fé­rente aux misères des sol­dats russes. Ce n’est pour­tant pas faute d’avoir applau­di aux ordres du jour « éner­giques » adop­tés dans les réunions ouvrières. Mais on est fixé sur la valeur de telles manifestations.

Moins brillante a été l’attitude de Russes que nous escomp­tions voir assis­ter en nombre à notre mani­fes­ta­tion, en rai­son de l’indignation mani­fes­tée par eux en ce qui concerne la situa­tion faite à leurs mal­heu­reux com­pa­triotes. Mais nous avions comp­té sans l’esprit de sec­ta­risme qui n’est pas un des moindres élé­ments de mes­qui­ne­rie de cer­tains milieux dits avan­cés. Nous avons retrou­vé ce même esprit chez des quo­ti­diens socia­listes dont cer­tains n’ont pas, une seule fois, insé­ré notre appel. Il faut mettre à part la Bataille, qui nous a prê­té le plus large appui et qui a été jusqu’à repro­duire le magni­fique des­sin de Stein­len dont nous avions gar­ni nos affiches.

Entre autres consta­ta­tions, il en est une que nous avons eu l’occasion de refaire : c’est que les ouvriers donnent rare­ment leur tra­vail pour un but de pro­pa­gande ou de soli­da­ri­té dépas­sant le cadre cor­po­ra­tif. Il arrive même que le syn­di­qué pro­fi­te­ra de ce qu’il apporte son tra­vail à une œuvre entre­prise par des « cama­rades » pour estam­per roya­le­ment ces derniers.

Voi­ci main­te­nant le résul­tât finan­cier de notre tentative :

Les recettes, défal­ca­tion faite de la taxe, s’élèvent à 713 francs. Ce chiffre se décom­pose comme suit : Vente d’environ 200 entrées-pro­grammes à 2 fr 50 ; pro­duit d’une col­lecte (envi­ron 16o francs) faite au cours du concert ; acces­soi­re­ment, vente de quelques exem­plaires du tirage à part de l’affiche de Stein­len et vente de quelques exem­plaires des Temps Nou­veaux. Enfin, 50 francs de sous­crip­tion (J. Grave, 10 fr. ; Gil­bert, 20 fr. ; P. Reclus, 20 fr.).

Les dépenses s’établissent comme suit :
 

Affiches (grand cli­ché du des­sin de Stein­len, com­po­si­tion, tirage, timbres, affi­chage). (L’affichage ayant été assu­ré par nos propres moyens, les frais en sont réduits au minimum) Fr. 225
Pro­grammes (petit cli­ché du des­sin, com­po­si­tion, tirage, etc.)  » 220 
Loca­tion de la salle   » 400 
Indem­ni­sa­tion de cinq artistes   » 395 
Trans­port du piano   » 55 
Divers   » 52 
Total  Fr. 1.347

Le défi­cit s’élève donc à 634 francs. Com­ment sera-t-il com­blé ? That is the ques­tion.

[/J.R./]

L’affiche de Steinlein

Nous avons fait faire un tirage à part (29 x 43) du célèbre des­sin de Stein­len Sur la terre enne­mie, les pri­son­niers russes meurent de faim. Le pro­duit de la vente de ce des­sin contri­bue­ra à com­bler le défi­cit de la soi­rée artis­tique. Nous prions donc tous nos amis à pla­cer autant d’exemplaires qu’ils pour­ront. L’exemplaire expé­dié fran­co, en tube, 1 fr. 50. Les dix, 12 fr.

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