La Presse Anarchiste

Bibliographie

Les Métiers bles­sés, par P. Hamp, un vol. : 5 francs, à la « Nou­velle Revue Fran­çaise », 35, rue Madame.

Le volume de M. Hamp est un recueil d’articles sur le tra­vail et les tra­vailleurs, publiés dans L’Humanité et autres publications.

Dans plu­sieurs de ces articles, l’auteur dit quelques véri­tés aux tra­vailleurs. Véri­tés qui, pour être un peu dures, n’en sont pas moins méri­tées, et dont quelques-unes purent bien faire regim­ber les Syn­di­cats, mais qu’ils furent inca­pables de réfuter.

L’auteur cite, entre autres, une lettre du secré­taire du Syn­di­cat des Métal­lur­gistes de Lyon, par laquelle ces der­niers se refu­saient à col­la­bo­rer, à une œuvre ayant pour but de fon­der une école pro­fes­sion­nelle où muti­lés et bles­sés auraient été mis à même d’apprendre un métier qui, mal­gré leur infir­mi­té, leur aurait per­mis de se tirer d’affaire dans la vie.

C’est le même état d’esprit, étroit et égoïste, qui, actuel­le­ment, pousse les Trade-Unions en Angle­terre à faire la guerre aux patrons qui, dans leurs usines, cherchent à employer des vic­times de la guerre, sous pré­texte que ces muti­lés ne fai­saient pas par­tie de l’Union aupa­ra­vant, mais comme elles se refusent de les admettre comme membres, c’est bien l’ostracisme.

« Vive la dic­ta­ture ouvrière ! »

En pas­sant, l’auteur constate que si le patro­nat est, pour sa part, res­pon­sable de l’état d’abrutissement de la classe ouvrière en géné­ral, les ouvriers ont bien, eux aus­si, leur propre part dans cet état d’affaissement puisque, quand ils le pour­raient, ils ne font rien pour en sortir. .

Il est vrai que les Muni­ci­pa­li­tés ne font pas mieux, si pas pis. Celle de Saint-Étienne fait éri­ger des sta­tues sur les places : la Liber­té éclai­rant le monde, une biche en bronze ; mais se garde de tou­cher aux tau­dis innom­mables du quar­tier de Roan­nelle, véri­table foyer d’infection, paraît-il, où la tuber­cu­lose empoi­sonne tous les habitants.

Sous le titre Le goût de l’Illégalité, M. Hamp reproche aux Fran­çais leur esprit fron­deur ; il suf­fit qu’une chose soit défen­due pour qu’ils soient ten­tés de la faire ; il suf­fit de leur ordon­ner de la faire pour qu’ils s’y refusent.

J’avoue que, pour mon compte, je pré­fère cet état d’esprit à celui des peuples capo­ra­li­sés, où un social-démo­crate se plie aux ordres les plus sau­vages, ayant la conscience tran­quille, « parce que cela lui a été ordonné » !

Il est vrai que, par contre, c’est idiot de faire une chose seule­ment parce que c’est défen­du de la faire, ou pour faire niche à l’autorité.

Le mépris de l’autorité doit être « conscient ». L’individu doit com­prendre que c’est très bien de ne pas vou­loir être gêné, mais que cela com­porte aus­si de ne pas être gênant ; que si l’on ne veut pas avoir un flic pour vous faire prendre votre tour lorsqu’il faut faire la queue, et qu’il y a encom­bre­ment, il faut savoir la prendre de soi-même ; qu’il ne faut pas bous­cu­ler le voi­sin, tout sim­ple­ment parce qu’on est mécon­tent qu’il soit arri­vé avant vous.

Évi­dem­ment, cet appren­tis­sage a besoin d’être fait en France. Il suf­fit d’avoir à attendre le tram­way, là où il n’existe pas de numé­ros, pour s’en assu­rer. Ceux qui sont en retard, lorsque s’arrête le tram, ne seront pas les der­niers, pour mon­ter à bous­cu­ler ceux qui l’attendaient depuis longtemps.

En Angle­terre, où l’autorité est bien moins tra­cas­sière, cet appren­tis­sage la foule l’a fait.

Dans les parcs, à Londres, le public peut prendre ses ébats sur les pelouses, sans avoir aus­si­tôt une nuée de gar­diens à ses trousses.

Lorsque, à force d’être pié­ti­né, le gazon a dis­pa­ru, ou ins­talle sur la place chauve une bar­rière mobile indi­quant qu’il faut évi­ter de pas­ser là-des­sus, jusqu’à ce que le gazon soit repous­sé. Et la foule res­pecte la consigne.

Enfin, M. Hamp constate que la guerre a aidé les femmes à for­cer les portes de cer­tains métiers qui, jusque-là, leur avaient été pra­ti­que­ment fer­més ; et que, dans d’aucuns, elles ne craignent pas la concur­rence de l’homme.

Mais cette indus­tria­li­sa­tion de la femme ne va pas, sans ses désa­van­tages. On a consta­té que la femme qui gagnait de bonnes jour­nées, se refu­sait aux pertes de temps occa­sion­nées par la mater­ni­té. M. Hamp y voit un mal­heur pour la race.

Cela nous mène­rait trop loin de dis­cu­ter ce point de vue. Pour moi, avoir ou ne pas avoir d’enfants reste une ques­tion concer­nant les inté­res­sés seuls, et où la race n’a rien à voir. La solu­tion de la ques­tion sociale ne dépend pas du nombre exis­tant des indi­vi­dus, mais d’une meilleure uti­li­sa­tion des forces exis­tantes, et d’une meilleure répar­ti­tion des pro­duits du travail.

Seule­ment, lorsqu’on parle de l’accession des ate­liers pour la femme, il y a deux cas à consi­dé­rer : la femme mariée, et celle qui, fille ou veuve, n’a que sur son tra­vail à comp­ter pour sub­ve­nir à ses besoins.

Il est de toute évi­dence que la femme mariée a assez à faire dans son ménage et que le salaire du mari devrait être suf­fi­sant pour entre­te­nir la famille.

Pour les autres, il est tout aus­si évident qu’elles puissent, tout autant que l’homme, gagner leur vie par leur tra­vail. Et que l’homme au lieu de les trai­ter en concur­rentes devrait les accueillir comme des égales. .

Reste la ques­tion de l’inégalité des salaires qui, celle-ci, n’est pas facile à tran­cher ; mais qui pour­rait se tran­cher, si, au lieu de se faire la guerre entre eux, les tra­vailleurs, hommes et femmes, vou­laient s’entendre contre l’exploiteur.

Dans les métiers où la femme peut, dans les mêmes condi­tions, et sans plus de fatigue, accom­plir le même tra­vail que l’homme, aus­si bien et en quan­ti­tés égales, cela est tout indi­qué, elle doit être payée comme l’homme.

Là où elle peine davan­tage, là où elle pro­duit moins, il est évident que le métier n’est pas de son res­sort, et qu’elle devrait y renoncer.

Et là où elle pro­duit plus que l’homme ? dira-t-on.

Où cela se pro­duit, c’est qu’elle est mieux dési­gnée que l’homme pour cette par­tie d’industrie. Ce qui est hors de doute, c’est que, en tant qu’être humain la femme doit pou­voir gagner sa sub­sis­tance par son tra­vail, comme son com­plé­ment, l’homme.

[/​J. Grave./​]

Les publications

L’Atelier, heb­do­ma­daire syn­di­ca­liste, offre aux mili­tants ouvriers une excel­lente docu­men­ta­tion sur les faits du mou­ve­ment ouvrier fran­çais et inter­na­tio­nal. Publié par E. Morel et M. Har­mel, il donne tous les same­dis, des articles de Jou­haux, Dumou­lin, Lapierre, Laurent, Mer­rheim, Lenoir et Per­rot, tous repré­sen­tants auto­ri­sés de ce qu’il est conve­nu d’appeler la majo­ri­té confédérale.

Abon­ne­ments : 6 mois ; 5 francs ; un an, 10 francs ; le numé­ro 20 cen­times. Un numé­ro spé­ci­men est envoyé sur demande adres­sée à l’administrateur du jour­nal, 208, rue St-Maur, Paris (Xe).

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La Revue du Tra­vail. — Le numé­ro du 1er juin contient sur la grève de mai, un article de Pierre Dumas, dont le titre : « Bataille mal enga­gée », indique la nature. Signa­lons éga­le­ment un excellent article de notre ami Mala­to qui met en paral­lèle le mou­ve­ment bol­che­viste d’aujourd’hui avec les inva­sions dont mou­rut l’empire romain. Envoi d’un numé­ro spé­ci­men sur demande adres­sée à la Revue, 47, rue Vivienne.

Autriche

Nous signa­lons La jeu­nesse Com­mu­niste (7, Pul­ver­turw­gasse, Vienne), dont le numé­ro 40, porte la date du 1er mai. Ce pério­dique est net­te­ment bol­che­viste. Le prin­ci­pal article est envoyé de Mos­cou : « Le régime des Soviets et la démo­cra­tie bour­geoise » ; c’est une glo­ri­fi­ca­tion du mar­xisme, en même temps qu’un érein­te­ment de Kauts­ky. Voi­ci des phrases impri­mées en gros carac­tères : Les Soviets reflètent tou­jours la volon­té des masses. Les tra­vailleurs doivent non seule­ment voter, mais aus­si admi­nis­trer, gou­ver­ner, et c’est en cela que consiste la démo­cra­tie pro­lé­ta­rienne, et la conclu­sion : « La dic­ta­ture pro­lé­ta­rienne (par les soviets) ou la dic­ta­ture bour­geoise (avec ou sans Par­le­ment) sont les deux seules pos­si­bi­li­tés entre les­quelles puissent choi­sir le pro­lé­ta­riat de l’Ouest ». Deux des­sins dont un lamen­table frontispice.

Dans Erkennt­niss und Befreiung, nous trou­vons plu­sieurs articles où nous retrou­vons les ten­dances des T.N. Le Dr Son­nen­feld étu­die les causes de haine entre les peuples et y trouve nombre de légendes men­son­gères. Ramus parle des enfants autri­chiens que l’on hos­pi­ta­lise actuel­le­ment en Ita­lie et en Angle­terre et montre l’heureuse consé­quence de ces adop­tions tem­po­raires pour la soli­da­ri­té universelle.

[/​P. R./]

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