C’est grâce à cela que Bakounine est actuel. Il a pu théoriser deux éléments fondamentaux de cette lame de fond que fut la 1re Internationale : 1) son radicalisme ; 2) son enracinement collectif, communautaire, social.
C’est à cause de cela aussi qu’il est présent de deux façons différentes quand les anarchistes d’aujourd’hui se réunissent pour parler de Bakounine et de l’anarchie. Non pas pour sacraliser un mythe, mais pour approfondir une idée.
Plus de 300 personnes, jeunes pour la plupart, à Zurich [[Les jours 3 et 4 juillet se réalisa à Zurich un colloque sur Bakounine organisé par le groupe James Guillaume de Zurich, la coordination libertaire Romande et la coordination anarchiste de la Suisse Italienne.]]. Le scénario traditionnel : les orateurs prévus et le public. La conférence magistrale et les militants-élèves qui, n’étant pas instruits, ont l’obligation d’apprendre. Au nom de quel principe le plus grand nombre qui ne le souhaite pas a l’obligation d’écouter les quelques-uns qui « savent » ?
Le public conteste, veut participer, dire ce qu’il ressent, apprendre à travers la relation dialectique qui s’instaure quand, niant ce qui est, ce qui n’est pas prend place. C’est la pagaille, l’anarchie. « Le désir de la destruction est un désir créateur ». À Zurich était présent l’esprit de Bakounine.
Mais, rappelons-nous, « l’anarchie est la plus haute expression de l’ordre ». Venise [[À venise eut lieu une Conférence Internationale d’Études Bakouniniennes les 24, 25 et 26 septembre, au Palazzo Sceriman. Elle était organisée par le GAF et par l’Association Culturelle Libertaire A. et B. Carocari. Plus de 500 personnes ont pur suivre, en deux langues grâce à la traduction simultanée, les différents travaux, communications et discussions auxquels participèrent parmi d’autres A. Lehning, Pier Cario Massini, Tina tomasi, Pellicani, Setembrini, Nico Berti, etc.]] est là pour que nous n’oublions pas les révolutionnaires. Les études, l’information, l’histoire des historiens nous donnent un portrait encore vivant de Bakounine. La connaissance, si nécessaire à ceux qui veulent transformer le monde, est reçue par une jeunesse plus nombreuse qu’à Zurich et, peut-être grâce à la structure même du congrès, plus sage. À Venise est présente, en partie, la pensée de Bakounine [[Il me semble important de souligner la divergence évidente qui, tout en disant les mêmes choses, séparait à Venise les « historiens » et les « militants ».]].
L’anarchie est la destruction des rapports de domination et d’exploitation qui déterminent l’univers établi.
L’anarchie c’est l’ordre, l’harmonie des rapports cherchés et souhaités par les hommes dans une société sans contrainte.
L’anarchie est en même temps la destruction du monde d’aujourd’hui et l’utopie de demain. C’est l’action, l’acte créateur par lequel un monde ancien disparaît, emporté par un monde nouveau qui naît.
Nicolas.