[(
[/Paris, 15 décembre 1951/]
Chères et chers camarades.
L’arrêt provisoire de toute propagande m’a valu un grand nombre de lettres déplorant la disparition de « Ce qu’il faut dire ». On me dit qu’un organe de libre discussion manque et qu’il aurait la faveur de nombreux lecteurs. Des amis parisiens partagent cet avis et offrent leur concours.
Repartir ? Oui ! À la condition d’avoir une base de départ solide et de tenir ensuite coûte que coûte.
Je viens de régler les dernières dettes chez l’imprimeur, notre dû aux anciens abonnés est réduit à rien, l’actif en librairie est important, le sondage auprès des futurs collaborateurs est plus que favorable. Nous pourrons faire mieux, plus complet qu’avant.
Il n’empêche que les tarifs actuels de l’impression et du papier sont tels qu’un journal ne peut sortir qu’avec quelque assurance de se vendre et qu’il est indispensable que chacun de ceux à qui je m’adresse, par cette lettre, soit prêt à prendre une part – sa part – à l’œuvre commune.
La notice jointe indique les moyens sûrs et efficaces de réussite. Cinq cents abonnements de soutien, ma part personnelle, celles de ceux qui ont promis leur concours assureront un départ excellent, élimineront la « corde raide » des années 49 à 51. En ce cas, les abonnements ordinaires, les ventes au N° assureront les six pages.
Amies et amis, « anciens » de CQFD, des « Nouvelles », avec les billets que vous allez envoyer, les uns et les autres selon vos ressources personnelles, nous ferons encore, ensemble, de la bonne besogne.
En attendant, comme je compte fermement sur votre réponse favorable, je prépare le premier numéro de janvier.
Amicalement votre
[/Louvet/]
PS. – le second fascicule de L’histoire mondiale de l’anarchisme paraîtra bientôt.
[[Fac-similé de la lettre adressée à nos abonnés à jour. – Cette lettre est parue en fac-similé dans la revue, j’ai préféré la retranscrire pour en faciliter la lecture – La-Presse-Anarchiste.]]
)]
Nous aurions voulu crier victoire. Il faut y renoncer. Le départ que nous prenons avec cette nouvelle série de Contre-courant est un vrai départ. Mais c’est un départ modeste, un départ prudent. L’expérience du passé sur laquelle nous reviendrons afin d’édifier quelques correspondants sur les difficultés auxquelles se heurtent les journaux d’avant-garde – nous fait un devoir de ne point précipiter les choses. Nous avions rêvé d’un journal bimensuel avec un tirage important, tout au moins pour le premier numéro. Il faut pour cela plus d’argent que nous n’en avons.
En définitive, après avoir envisagé plusieurs solutions aux problèmes financiers et techniques qui se posaient pour nous, a été adoptée la formule présente qui permet de donner à ce périodique l’allure d’un journal par la teneur d’un certain nombre d’articles, celle d’une revue pour quelques-uns d’entre eux. Rien ne s’oppose à une parution plus fréquente par la suite, à une augmentation du nombre des pages si nécessaire.
La liste des collaborateurs, que vous trouverez sur le verso de la couverture, recèle maints spécialistes de questions que vous aimez voir traiter. Libertaires, pacifistes, syndicalistes révolutionnaires, anarchistes de toutes tendances, libres-penseurs, néo-malthusiens, abondancistes, laïques, Contre-courant appuiera vos efforts personnels par la publication d’articles et d’études que vous communiquerez à ceux que vous tentez d’éclairer. En revanche nous sollicitons votre aide, car sans elle nous ne pouvons rien.
Les deux mille premiers exemplaires de chaque tirage, reçus à domicile, reviennent net à 25 fr. 70. chaque. C’est effarant mais c’est ainsi. Une double multiplication vous indique que la série de dix numéros – non compris les deux hors-série qui nous reviendront un peu moins cher – nous imposera le débours de 514 000 francs.
Si le journal intéresse, il doit vivre. Tout sera fait pour qu’il intéresse. La ligne de conduite de chacun de ceux qui recevront ce premier numéro est donc tracée. S’ils ne sont point abonnés, qu’ils ne remettent pas à demain l’inscription sur nos listes. Car nous comptons fermement sur eux. S’ils le sont, qu’ils dénichent, en communiquant notre organe, un imitateur.
Insister serait laisser croire que nous n’avons pas été compris. Que chacun fasse selon sa bourse.
[/Les animateurs de Contre-courant./]
Dans le numéro prochain, sous la rubrique Nos comptes, nous donnerons chiffres et détails sur les abonnements de soutien et de propagande reçus ainsi qu’une liste des premières souscriptions.