La Presse Anarchiste

Été du monde

La nuit allait finir,
La terre était chaude
Et il fai­sait doux comme au crépuscule.
Une étoile brillait dans le ciel du matin
Et l’on enten­dait le bruis­se­ment des eaux,
Des eaux chaudes qui des­cen­daient de la montagne,
Et la poi­trine de l’homme se gonflait,
Et sa gorge se ser­rait de bonheur.
C’était l’été de l’homme,
C’était l’été du monde.
Et le cœur de l’homme était chaud comme le cœur de la terre,
Et la lumière mon­tait de l’horizon,
Et aux mur­mures du ruis­seau se mêlait une rumeur.
La rumeur loin­taine de la cité,
De la cité d’acier où mou­rait l’atome.
Où mou­rait l’atome pour que vive l’homme.
Pour que vive l’homme loin, loin de la ville,
Loin de la machine qui tour­nait pour l’homme.
Et sur le bord du ruisseau
Jouait un enfant nu,
Et son rire était clair comme le rire de l’eau,
Et la mère et le père riaient avec l’enfant,
Et le ruis­seau empor­tait l’écho de leur bonheur
À tous les enfants du monde,
À tous les hommes du monde.
Du monde qui rou­lait dans la lumière d’été,
Dans la grande lumière de la vérité.

[/​Serge Ric­ci./​]

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