On ne peut confondre l’idée de l’expansion avec celle de l’exploitation – nous ne parlons pas ici du point de vue commercial (Celui qui écrit ou parle pour les hommes doit chercher les plus nobles acceptions des mots, afin que dominent la noblesse et la beauté dans le discours parlé ou écrit, car, la présence de ce qui est noble tonifie et fortifie, alors que la présence de ce qui est laid diminue et déprime).
Pour l’artiste, pour celui qui se dépense en des œuvres destinées aux hommes et non a Dieu, expansion de la personnalité signifie son prolongement et sa pénétration chez autrui. Pour y parvenir, le sentiment doit réaliser un grand effort, car on ne peut forcer les fenêtres derrière lesquelles se cache l’amour, mais il est nécessaire d’attendre qu’on nous les ouvre de bonne grâce. Il faut parler doucement, employer un langage choisi et net ; il nous échet d’être les premiers à sourire et à aimer, si nous souhaitons récolter sourire et amour. Cette expansion – qui signifie se continuer en autrui – ne comporte aucune idée de domination, mais d’acquisition – acquisition qui procure le plaisir. Acquérir des amis, c’est se prolonger en eux : ils prennent quelque chose de notre ego et le fondent en leur personnalité – nous prenons quelque chose d’eux et le logeons en notre cœur. Et on ne saurait nier que l’amitié – en plus d’être une acquisition et une expansion – ne soit un profit et un gain. Or, on ne vit sur terre que de gains, de profits et d’acquisitions.
[/Miguel
(Mas allà des dolor)./]