La Presse Anarchiste

Faisons-nous des amis…

Avril 76

Dis Ton­ton, pour­quoi qu’t’as un œil tout vio­let, la bouche en sang et une dent d’cassée ?

Ah, Pier­rot, j’é­tais en tête de la manif quand le S.O. d’la Ligue a cogné sur n’im­porte qui pour se ven­ger d’a­voir été atta­qué 100 mètres plus haut par un groupe de mecs casqués.

Avril 76

Dis Mémé, t’as bien mis du temps pour aller cher­cher l’pain ?

M’en parle pas Pier­rot, su’l’­bou­le­vard y avait la mani­fes­ta­tion des étu­diants et dans toutes les rues qui donnent sur le bou­le­vard y’en avaient qui bar­raient l’pas­sage. Ils fai­saient l’ser­vice d’ordre [[Ce que ne savait pas ma Mémé, c’est que le ser­vice d’ordre était assu­ré par l’A.J.S.]] qu’y disaient. Ils te lais­saient pas­ser qu’a­près avoir véri­fié ta carte d’i­den­ti­té. Rap­port aux pro­vo­ca­teurs qu’y disaient.

Dis fran­gin, tu retournes à la fête de L.O. cette année ?

Tu m’vannes Pier­rot ? pour m’f air’ j’ter par le S.O. comme l’an der­nier pour un mal­heu­reux joint qu’on s’pas­sait entr’ copains en écou­tant la musique [[Comme quoi ya pas qu’à la fête de l’Hu­ma que la pro­vo­ca­tion par la fumée sévit.]].

Dis m’man, pour­quoi t’as un bleu et qu’­ta tunique elle est déchi­rée ? Les flics vous ont chargé ? 

Oh non Pier­rot ! mais quand avec les copines nous avons vou­lu entrer dans le cor­tège, le S.O. de la C.G.T. nous est tom­bé des­sus à bras rac­cour­cis pour nous en empêcher.

Dis Pier­rot, qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?

J’veux être C.R.S. comme le mari d’la concierge. Pa’ce que vu qu’les gau­chos [[Bien sûr, les cégé­tistes n’ont rien à voir avec les gau­chistes, mais leurs S.O. se valent bien : Heil ! qu’on s’le dise.]] y font tout son bou­lot y doit bien s’la cou­ler douce.

Consort.

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