La Presse Anarchiste

Note sur la presse et l’opinion

L’opinion, c’est-à-dire le peuple, a la presse qu’elle métrite. Indif­fé­rente ou spec­ta­trice amu­sée des fan­toches qui lui cornent aux oreilles, elle ne s’inquiète aucu­ne­ment des sen­ti­ments et des pen­sées de ses chefs. Cri­ti­quant en bloc toute la presse, l’ouvrier, le com­mer­çant, le bour­geois ou le pay­san dit se f… des jour­naux « qui sont tous pareils », ce qui n’empêche pas que cha­cun d’eux ingère et digère tous les jours les quatre (six ou huit) pages d’un jour­nal tou­jours le même, régu­liè­re­ment ache­té. Man­quant de sens cri­tique, aimant les idées toutes faites, le peuple accepte aveu­glé­ment les réflexions, les pen­sées du jour­na­liste. Et comme cela, toute la presse à l’unanimité de l’opinion !… qui est sou­vent celle d’un seul où de quelques-uns, impo­sée ain­si par la fameuse « presse d’information ».

Vic­toire aris­to­cra­tique ! Féo­da­li­té nou­velle de l’esprit. La gran­deur se perd, la médio­cri­té gagne rapi­de­ment les couches de la socié­té ! Asser­vis­se­ment total de l’intelligence aux féo­daux modernes !

L’ancien temps était pré­fé­rable avec son igno­rance, mais son juge­ment et son bon sens som­maires. Les esprits n’étaient pas cou­lés au même moule et l’éducation pri­maire ne faus­sait pas l’arbre sau­vage. Plus d’originalité ! Plus de pen­sée libre ! Ser­vi­teur ser­vile et dégoû­tant des puis­sants, l’homme du peuple à la men­ta­li­té obtuse croit sur parole les mer­can­tis de presse qui lui débitent les apho­rismes les plus gros­siers, les erreurs les plus colos­sales. Mou­ton imbé­cile, il suit les autres, se ruine et meurt, sans un mot de reproche à la grande men­teuse, à la grande hypo­crite : la presse moderne.

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