Garde ta part de liberté ;
Que la foule sommeille aux accents de la Muse,
Qu’importe à ta facondité
Laisse le Philistin sous l’échelle des anges,
Ne cesse jamais d’y monter,
— Chante toujours, pour toi, sans chercher les louanges.
À qui songe aux Lauriers tu nieras le génie.
Oppose au vulgaire troupeau
Tes plaisirs raffinés, toi qui bois l’ambroisie ;
Agite au vent ton fier drapeau,
Puis nargue la critique et la meute féroce
Des bourgeois, ces pauvres jaloux,
Aboyant au talent dans leur envie atroce,
Hurlant vers toi comme des loups.
Va, va, garde ta flamme ardente et ton beau rêve.
Le rossignol rit du passant
Quand sur les rameaux verts il gazouille sans trêve
Son poème réjouissant.
Qui te pourrait ravir cette joie éternelle
De jeter aux libres échos
Tes refrains d’homme libre, ainsi que jouvencelle
Chantant, clamant, à tout propos ?
[/Henry Labonne/]