La Presse Anarchiste

Les purs

Ils œuvrent pour l’i­déal. Mal­gré l’in­com­pré­hen­sion et les raille­ries, ils luttent avec foi, lan­çant leurs géné­reux appels par-des­sus les mares croupissantes.

Pauvres, tra­his, calom­niés, ils portent néan­moins dans le cœur un monde fra­ter­nel. En leur soli­tude, l’homme se révèle mieux et l’art s’ennoblit.

Chaque effort les sou­lage, chaque souf­france les gran­dit. La foule des arri­vistes ne cor­rompt point leurs pen­sées. Ils cherchent la véri­té, obs­ti­né­ment, et n’ac­ceptent aucune soumission.

Aux lâches, ils opposent une inébran­lable séré­ni­té. Sou­vent meur­tris, nul coup n’é­mousse pour­tant leur volon­té. Le ventre creux, en butte à mille vexa­tions, ils ont l’au­dace de vivre hors du troupeau.

Devant eux se ferment bien des portes. Repous­sés par la « fai­seuse de gloire », qui sou­tient les valets, ils se battent dans l’é­pui­sant et cruel silence. Leurs chants ne trouvent pas d’écho.

La socié­té peut les écra­ser ; ils sont encore plus forts que cette masse aveugle, puisque leur liber­té est source d’u­ni­vers inté­rieurs où la beau­té donne au devoir son véri­table sens.

[/​Jean Sou­ve­nance/​]

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