Le Petit Lion par Jacques Prévert (photos d’Ylla). — Nous avons tous constaté, d’une façon générale, que les livres écrits et illustrés à l’intention des petits se spécialisent dans le genre affligeant. Pour une fois, avec Le petit Lion, nous voilà loin du bla-bla-bla habituel et des leçons de morale à peine voilées. Le petit lion a quitté sa cage. Il s’est évadé pour connaître la jungle. Il s’égare chez les hommes… et chez les bêtes, qui vivent avec. Voilà une aventure peu banale pour un petit lion. Tout rentre dans l’ordre, d’ailleurs, pour finir. Par la faute des hommes. Je vous recommande ce livre si vous avez un cadeau à faire à un enfant qui commence à lire. Et ne soyez pas surpris si vous-même goûtez un plaisir réel à sa lecture. Un peu cher, peut-être, mais au prix actuel de l’impression, comment un éditeur peut-il s’en tirer s’il ne veut pas lésiner sur la qualité réunie du texte, des photographies et du papier.
La faillite de la guerre, par R. Froger-Doudement. — Les temps actuels ne sont pas favorables à la diffusion de la pensée indépendante. L’inexorable hausse des prix, la politique gouvernementale du papier cher ont réduit à une centaine de pages un ouvrage qui fût plus copieux à une époque plus favorable. Tel quel, il ne manque pas d’intérêt. « La guerre se dresse sur le mensonge », écrit Le Foyer dès la première ligne de sa préface. Le fait est démontré tout au long du livre. Mensonge théologique, mensonge politique, mensonge économique, mensonge biologique, mensonge patriotique, mensonge moral, les hommes n’ont rien omis pour justifier leur infernal désir de faire la guerre ou leur lâcheté de la subir. Pacifistes, procurez-vous ce livre ; il vous sera utile, vous ne le regretterez pas.
Le fleuve, par Henri Frossard. — L’auteur est l’un des animateurs du périodique littéraire et social Faubourgs 52. C’est déjà, là, indiquer ses tendances et son savoir-écrire. Dans le Fleuve, c’est un gamin qui voit arriver dans le bourg où demeurent ses parents une tante un peu fantasque qui lui révèle un « monde étrange » vivant à Valmort, village proche d’où elle vient. L’imagination juvénile aidant, il le découvre au cours de vacances mouvementées. Ce roman est attachant autant que curieux. Ses personnages bien campés. Un drame rustique en somme, traité d’une façon très personnelle, non conformiste. Signalons, en outre, le recueil de poésies que le même auteur vient de publier sous le titre La Route dont Contre-courant donnera une pièce et une illustration dans un très prochain numéro.
Notre ami Burcklé, de Strasbourg, nous signale qu’il est sur le point de publier un roman social : Le Pain et l’amour.
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