La Presse Anarchiste

Création d’un comité Espagne révolutionnaire

Pour la pre­mière fois depuis pas mal de temps, une ten­ta­tive uni­taire a vu le jour dans le mou­ve­ment anar­chiste fran­çais ; il s’a­git de la créa­tion d’un Comi­té Espagne Révo­lu­tion­naire dont nous publions la pré­sen­ta­tion officielle.

Espagne révolutionnaire

Bul­le­tin d’in­for­ma­tions du Col­lec­tif Espagne Révo­lu­tion­naire

Le pré­sent bul­le­tin est la pre­mière expres­sion publique du Col­lec­tif Espagne Révolutionnaire.

Ce Col­lec­tif s’est fixé pour tâche l’in­for­ma­tion et le sou­tien aux luttes ouvrières et popu­laires anti­ca­pi­ta­listes, à la Confé­dé­ra­tion Natio­nale du Tra­vail, aux orga­ni­sa­tions, groupes et mili­tants qui luttent dans le sens de l’au­to­no­mie et de l’u­ni­té ouvrière, d’une pra­tique révo­lu­tion­naire de masse et de classe.

Le Col­lec­tif s’est créé à l’i­ni­tia­tive des groupes sui­vants : Alliance Syn­di­ca­liste, Groupe Com­mu­niste Liber­taire Archives, « Lan­terne Noire », Orga­ni­sa­tion Com­bat Anar­chiste, Orga­ni­sa­tion Com­mu­niste Liber­taire, « Poing Noir », « Tri­bune Anar­chiste Com­mu­niste », Union des Tra­vailleurs Com­mu­nistes Libertaires.

Une réunion heb­do­ma­daire de tra­vail est orga­ni­sée tous les mar­dis, à 19 h 30 au siège de Front Liber­taire, 33 rue des Vignoles, 75020 Paris, tél : 370 46 86. Le Col­lec­tif est ouvert à d’autres orga­ni­sa­tions et groupes que ceux pré­ci­tés : groupes de tra­vailleurs, groupes de femmes, groupes de quar­tiers, etc… et aux indi­vi­dus qui s’in­té­gre­ront dans un tra­vail pré­cis ou à une commission.

Le Col­lec­tif se donne pour tâche à court terme de publier par l’in­ter­mé­diaire du pré­sent bul­le­tin d’in­for­ma­tion à paru­tion d’a­bord quin­zo­ma­daire puis heb­do, et d’un pro­chain jour­nal à paru­tion men­suelle (nous l’es­pé­rons) : tous les textes pro­ve­nant de nos cama­rades espa­gnols et s’ins­cri­vant dans le cadre de la plate-forme, ain­si que des infor­ma­tions rapides.

Le Col­lec­tif se veut un outil d’in­for­ma­tion le plus large et le plus objec­tif pos­sible sur la situa­tion et les luttes du mou­ve­ment ouvrier auto­nome en Espagne afin de sus­ci­ter un mou­ve­ment de sou­tien effectif.

On pour­ra se pro­cu­rer le pré­sent bul­le­tin et prendre contact avec le collec­tif en écri­vant à : C.E.R. c/​o Alliance Syn­di­ca­liste, 3 rue Berthe, 75018 Paris.

Notes de la Lanterne Noire a propos de ce comité :

Il va sans dire que cha­cun des par­ti­ci­pants a été obli­gé de faire quelques conces­sions pour faire exis­ter ce comi­té ; nous regret­tons à ce pro­pos que la FA n’ait pas par­ti­ci­pé aux réunions de dis­cus­sion pour la consti­tu­tion du comi­té, quitte à ne pas y par­ti­ci­per ensuite à cause de telle ou telle diver­gence. Nous sommes per­sua­dés que cette atti­tude ne repré­sente pas l’en­semble des mili­tants de la FA dont un grand nombre ne furent mis au cou­rant ni des pro­po­si­tions de réunion, ni du refus fait « au nom de l’organisation ».

Un obs­tacle a été levé : tous sont tom­bés d’ac­cord pour que ce comi­té ne soit pas seule­ment de sou­tient à la CNT mais à toutes les luttes révo­lu­tion­naires et anti­au­to­ri­taires menées ou non par des mili­tants de la CNT. Les textes publiés dans le bul­le­tin ou dans le jour­nal peuvent pro­ve­nir donc de tontes les ten­dances dans et hors la CNT, si elles viennent de cama­rades espa­gnols. Nous rap­pe­lons que le comi­té est par ailleurs ouvert à tous les groupes ou orga­ni­sa­tions qui acceptent la pré­sen­ta­tion et le fonc­tion­ne­ment qu’ils soient stric­te­ment anar­chistes ou pas.

Pour nous, ce comi­té repré­sente bien autre chose que les tris­te­ment célèbres « Comi­té Viet­nam » ou « Comi­té Pales­tine » et pour trois rai­sons principales :

— il n’y est défen­du aucune posi­tion fron­tiste, c’est-à-dire d’al­liance avec une bour­geoi­sie natio­nale ou sup­por­tant un quel­conque gou­ver­ne­ment de tran­si­tion. Il n’y est sou­te­nu que des luttes d’ex­ploi­tés ou des luttes de groupes ou d’or­ga­ni­sa­tions qui prônent clai­re­ment le com­mu­nisme liber­taire, une socié­té sans État.

 — ce comi­té ne doit pas repré­sen­ter un « espace » pour mili­tant désoeu­vré tou­jours prêt à défendre une cause loin­taine par exo­tisme, et à accep­ter la situa­tion proche. C’est pour­quoi ce sont des groupes exis­tant dans les luttes actuelles en France (poli­tiques, de quar­tiers, de femmes, d’en­tre­prises, etc) qui peuvent adhé­rer à ce comi­té ; il ne doit pas être dans nos objec­tifs de consti­tuer des comi­tés E.R. com­po­sés de gens ne mili­tant que là, pour consti­tuer une struc­ture, un groupe, qui ne s’oc­cu­pe­rait que de l’Es­pagne, outre que cela consti­tue­rait un mili­tan­tisme sub­sti­tu­tif, cela entraî­ne­rait une pêche à la ligne de la part des groupes et orga­ni­sa­tions qui les vivraient de fait comme une « orga­ni­sa­tion de masse ».

 — les luttes en Espagne ne nous sont pas plus éloi­gnées que cer­taines luttes en France ; le capi­tal abo­lit lui même les fron­tières, et il n’est pas dans notre atten­tion de les réta­blir au niveau poli­tique. Un ouvrier fran­çais et un ouvrier espa­gnol ont réel­le­ment des choses à dis­cu­ter, à échan­ger, à pra­ti­quer. Ce n’est pas le cas d’un ouvrier fran­çais et d’un pay­san viet­na­mien ou pales­ti­nien car alors le dia­logue se fait par diri­geant inter­po­sé et fina­le­ment donc ren­force les dif­fé­rences au lieu de les diminuer.


Mise au point

La situa­tion en Espagne évo­lue rapi­de­ment. Le déve­lop­pe­ment de la C.N.T. s’ac­croît et elle est en train de deve­nir une des orga­ni­sa­tions les plus impor­tantes d’Es­pagne, aus­si bien en nombre d’adhé­rents que par l’é­cho qu’elle éveille par­mi les travailleurs.

Dans ce pro­ces­sus il y a eu deux moments fon­da­men­taux : l’un c’est la grève de la Roca en Cata­logne, l’autre c’est le mee­ting de la Pla­za de Toros de San Sébas­tian de los Reyes, à 14 km de Madrid.

L’ap­pui incon­di­tion­nel de la C.N.T. à la grève de Roca signi­fia un véri­table triomphe moral par­mi les tra­vailleurs dans un sec­teur de Bar­ce­lone qui était le fief des CC.OO. jus­qu’à ce moment.

Les 30 000 per­sonnes qui par­ti­ci­pèrent au mee­ting confé­dé­ral, mal­gré les dif­fi­cul­tés du trans­port, très jeunes pour la plu­part et repré­sen­tant toutes les nuances de l’a­nar­chisme mili­tant, furent une grande sur­prise pour tous, amis et ennemis.

De ce point de vue, les chiffres que nous don­nons dans la pre­mière par­tie de ce dos­sier ne sont plus actuels, mais nous croyons qu’il est utile de les pré­sen­ter car ils per­mettent d’é­va­luer, dans le temps qui passe, l’é­vo­lu­tion d’un mou­ve­ment qui renaît char­gé d’es­poir, en même temps que le cli­mat plein de menaces et d’o­rages qu’il fau­dra dissiper.

Au len­de­main du 1er Mai il y a plus de 50 mili­tants anar­chistes dans les pri­sons de Fran­co… par­don, de Juan Carlos.

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