Ils permettent de situer la position de ces camarades suédois vis-à-vis de deux problèmes clefs : la nationalisation d’une entreprise et l’attitude face à la guerre.
Le syndicalisme libertaire en Suède est organisé dans la SAC « Organisation Centrale des travailleurs suédois » ; syndicat minoritaire face au grand syndicat social-démocrate groupant la grande majorité des travailleurs. Bien que ne comptant à peine 20.000 syndiqués la SAC (membre de l’AIT) est le seul mouvement anarcho-syndicaliste ou libertaire au monde actuellement capable d’éditer un quotidien : le journal « Arbetaren » (l’Ouvrier).
Le premier texte concerne le projet d’Étatisation totale des fameuses mines de fer de la région de Kiruna, au delà du cercle polaire, en Laponie (dont l’écoulement de la production vers la mer libre fut l’enjeu de la mémorable expédition de Narvik en 1940).
Productrice d’une abondante quantité de minerai en haute teneur, en majorité exporté, ces riches gisements sont à l’origine d’une des plus régulières entrées de devises dans la balance des comptes suédoise.
Or, les mineurs de cette rude région sont, avec les travailleurs de la forêt, les ouvriers les plus fidèles de la SAC. D’où l’importance de la prise de position officielle du syndicalisme libertaire en cette question comme porte-parole direct des intéressés. Nous proposons d’examiner attentivement les raisons de nos camarades face à ce problème pratique et qui les poussent à préconiser une solution coopérative ouvrière au sein du capitalisme d’État.
Le second texte est d’une acuité encore plus générale puisqu’il tend à préparer l’« Union Sacrée » avant même le déclenchement d’un conflit. Récemment une dépêche d’agence annonçait que, selon un sondage d’opinion effectué en Suède environ 80 % de la population était prête à défendre le pays en cas d’attaque. Il est donc pour le moins étonnant pour nous de voir le syndicalisme libertaire ne pas se ranger parmi les 20 % qui par conséquent « ne marchent pas ».
Ajoutons que le point de vue cité n’est pas individuel mais se réfère expressément à une résolution du Congres de la SAC de 1943 (adopté par 76 voix contre 8).
Que peut-on penser de telles prises de position face à un problème qui est aussi nôtre ?
NB ― Sous le titre « Le syndicalisme libertaire en Suède » un cahier de « Contre-Courant » reproduit. en une dizaine de pages un article préalablement paru dans la « Révolution prolétarienne » de M. Rudiger, ex-secrétaire de la SAC, qui pourrait éclairer les camarades qui s’intéresseraient à ce mouvement suédois généralement peu connu.