La Presse Anarchiste

11 novembre : de la Nation à l’arc de Triomphe

La terre, comme cha­cun sait, n’est jamais immo­bile. Tour­nant sur elle-même, tan­tôt près, tan­tôt loin d’un soleil qui, lui-même… 

N’empêche que, à force de bour­lin­guer, elle accom­plit ce que les astro­nomes appellent sa révolution. 

En ver­tu de lois méca­niques et naturelles. 

Com­ment vou­drait-on que, dans un uni­vers où tout s’a­gite, le pro­lé­ta­riat ne s’a­gi­tât pas ? 

Remué, lui aus­si, peut-être à son insu, par des forces cen­tri­fuges et cen­tri­pètes, il bouge, le pro­lé­ta­riat. On ne pas aller jus­qu’à dire qu’il fait, lui aus­si, sa révo­lu­tion, mais tout de même, il bouge ! Et quand il bouge, ça fait du bruit. 

Et il ira coin, s’il continue. 

Par­ti d’a­bord de la Bas­tille sous la conduite de son Dala­dier — qui fut tout de même un pro­di­gieux mar­chand de gloire à la sau­vette — il en est arri­vé bien­tôt à la Nation. 

Or, quand on en est à la Nation, on est si près de la Concorde qu’il n’y a qu’un pas, comme cha­cun sait. Vite fran­chi ! Juste le temps de décla­rer une guerre et de trans­for­mer le Front popu en Front national. 

Car main­te­nant, dans la classe ouvrière, on est Front nationale. 

Par intérim. 

Il est tout de même fier, le brave pro­lo ; car ; mal­gré tout, on lui a per­mis d’être un tout petit peu de la revue. 

Oh ! bien sûr, il eût pré­fé­ré être du défi­lé du matin, avec les brillants offi­ciers, les vestes rouges et toute la clique. 

Enfin, c’est déjà quelque chose d’en­trer dans la Voie triom­phale. Et la queue, il en a l’habitude. 

Marche prolétariat ! 

Marche ! Et un jour, à force de défi­ler dans les rues de Paris, tu trou­ve­ras la voie. 

Et tu t’en­ga­ge­ras bien, sans tam­bour, ni trom­pette, mais réso­lu­ment, dons la rue de la Paix. 

Car il doit bien y avoir des « rues de la Paix » un peu par­tout ? En Angle­terre, en Amé­rique, en Alle­magne, et ailleurs…

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