La Presse Anarchiste

Camarades du bâtiment, attention !

25.000 ouvriers pari­siens vont être dépla­cés d’of­fice, au titre de la mobi­li­sa­tion civile. 

C’est un pre­mier contin­gent, d’autres sui­vront au fur et à mesure des besoins. 

Les condi­tions de salaire et de vie qui leur seront impo­sées rap­pellent étran­ge­ment celles de la Todt. Ils tou­cheront, en effet, le salaire régio­nal et les indem­ni­tés seront de 15 fr. pour les céli­ba­taires, 30 fr. pour les mariés sans enfant et 60 fr. avec enfants. Des congés, avec bons de trans­port gra­tuit, sont en outre pré­vus et, déjà, on étu­die sur place les condi­tions d’hé­ber­ge­ment et de ravi­taille­ment. On peut dire har­di­ment que, compte tenu de l’aug­men­ta­tion des salaires et du coût de la vie depuis ces six der­niers mois, les ouvriers dépor­tés auront un pou­voir d’a­chat infé­rieur à celui que ver­sait la Todt, de triste mémoire, pour­tant. Et ceci s’est fait avec l’ac­cord de la C.G.T., qui feint, hypo­cri­te­ment, de regret­ter que les indem­ni­tés soient trop faibles. 

Il n’y avait, en fait, qu’une atti­tude à prendre : exi­ger qu’on applique les contrats col­lec­tifs. C’eût été logique, comme il est logique qu’un patron pari­sien, lors­qu’il envoie un ouvrier en dépla­ce­ment, lui paie le tarif de Paris ; autre­ment, il ne trou­ve­rait personne. 

On en avait pour­tant pro­mis, du nou­veau ! Vous allez voir un peu les for­tunes mal acquises, les trusts, les tra­fi­quants du mar­ché noir, etc., ce qu’on va leur faire rendre gorge ! 

En atten­dant que ça change, ce sont tou­jours les mêmes qui tra­vaillent, et au rabais. 

Cama­rades du bâti­ment, vous êtes actuel­le­ment tou­chés par la réqui­si­tion ; mais le tour des métal­los vien­dra sans doute, sous des pré­textes d’é­co­no­mie de trans­ports ou de n’im­porte quoi. 

Dans vos syn­di­cats, vous trou­ve­rez cer­tai­ne­ment un nombre de mécon­tents impor­tant. Réunis­sez vos efforts. Exi­gez de votre bureau qu’il désa­voue la posi­tion prise par vos diri­geants, faites signer des péti­tions, pro­po­sez des motions et deman­dez-leur au nom de quel droit ils ont si déli­bé­ré­ment tra­hi vos intérêts. 

Sur­tout, qu’ils ne pré­tendent pas que c’est au nom du patrio­tisme. Car s’ils sont patriotes, et c’est leur droit que nous ne chi­ca­ne­rons pas, il fau­dra leur rap­pe­ler, tout de même, qu’on se syn­dique pour défendre, avant tout, des inté­rêts de classe contre toute agres­sion, qu’elle vienne du patro­nat ou de l’État. 

La Presse Anarchiste