Par contre, nous sommes allés deux fois au cinéma. Simplement pour y revoir l’Etrange sursis, et Vous ne l’emporterez pas avec vous. (Voilà une chose que nous savons parfaitement, ici ; mais qu’il serait bon que les bourgeois et les banquiers se mettent dans la tête une fois pour toutes).
Nous avons aussi entendu le tour de chant de Jacques Grello. Parmi ses nouvelles chansons, il y en a une sur la cérémonie de la signature du pacte franco-soviétique, qui vaut son verre de vodka. Brave Grello !
Et donc, étant si peu sorti, nous avons eu tout le loisir nécessaire pour nous occuper de la radio.
Saint-Granier père et fils sont toujours en vie. Jean-Jacques Vital a une activité débordante, une prononciation défectueuse et un tantinet vulgaire, et un goût déplorable. Jean Delettre, entre deux émissions, profite de sa situation pour censurer les petits copains.
Trois fois par semaine, Tartempion et Comelalune nous expliquent le « pourquoi que le charbon à cause de l’électricité que les locomotives par profusion de bombardements saboteurs libératoires malgré les heures supplémentaires des mineurs et le gel des canaux voulu par un froid tout à fait logique malgré le dévouement des mariniers et le manque de pneus pour camions sans essence », etc. !
Le samedi, à 23 heures, on passe au moins un bon moment. Sous le titre École buissonnière, on a octroyé cinq émissions d’une demi-heure à Jacques Prévert ou plutôt à ses chansons. En ce qui concerne Prévert, on aurait mieux fait de nous donner une belle émission, consacrée aux dialogues de ses films. Ça c’était normal, et juste, parce que pour les dialogues, Prévert c’est quelqu’un ! Mais pour les chansons… zéro ! On en arrive à trouver que Reginella et Tchi-tchi sont des chefs d’oeuvre ! Ça n’est plus l’école buissonnière, ce sont des heures de consigne !