L’Art est utile à la Société. Et l’artiste, au même titre que le médecin, le laboureur ou le mineur, y a sa place.
Mais tout de même ! Connaissez-vous une corporation qui fasse autant de bruit, qui déplace autant d’air ?
C’est à croire que le monde entier gravite autour d’eux !
Quelque jour, nous nous pencherons sur leur cas avec une attention toute particulière. Pour aujourd’hui, il nous suffit de les rappeler à un peu de décence.
Nous croyons, en effet, qu’il est des choses beaucoup plus importantes à traiter, et nous enrageons de voir gâcher autant de papier à leur sujet. D’autant que les neuf-dixièmes parmi eux, ne sont guère intéressants.
L’Art est une des choses les plus atteintes par le mal du siècle. L’argent est passé par là aussi, et a laissé dans ce domaine sa marque la plus profonde et la plus infamante.
Quelques-unes des branches de l’Art, sont malades : La peinture, la musique, la poésie.
D’autres sont véritablement gangrenées : le cinéma, le music-hall.
Il n’y a qu’à les voir « s’épurer ». Il n’y a qu’à lire la publicité qu’on leur fait… ou qu’ils se font. On comprend tout de suite.
C’est triste et bête ! Comiquement triste ! Et tristement bête !
Que de journaux qui se plaignent du manque de papier, consacrent temps et matière a nous raconter que la môme Piaff a fait évader 118 prisonniers (quel tempérament !) c’est bête et un peu écœurant.
Qu’ils consacrent deux ou trois colonnes à nous vanter la peinture de tel peintre, à la vue de laquelle pourtant aucun être sain ne peut retenir des nausées… c’est risible.
Qu’ils perdent des pages entières pour « lancer » les nouveaux poètes, ceux de la Résistance (Hé quoi ! Le danger était donc bien grand à écrire des poèmes chez l’oncle Emile de Beauvallon ?) c’est triste.
La Radio (médiocre, tellement médiocre !) tourne au trust. Celui qui peut attraper une émission « se » sert, mais ne songe pas une seconde à servir son art.
Le music-hall ( médiocre, tellement médiocre !) reste, lui, un trust. Divans et pourcentages sont les atouts maître des vedettes ou des ambitieux.
La chanson, cette forme magnifique de l’art populaire en train de crever. Que d’âneries ! Que d’âneries ! Et pour un auteur consciencieux, il y a dix trafiquants.
Ajoutez à tout cela le fait que nulle part ailleurs que dans cette « élite » il y a autant de patriotes (tout le monde peut se tromper, bien sûr, et on ne peut pas en vouloir à quelqu’un de se tromper. Mais enfin, la place LOGIQUE d’un patriote, nous savons tous qu’elle n’est pas ici), et vous conviendrez avec moi que tout va de travers chez ce gens-là.
Il est vrai qu’ils ne font rien comme les autres.
Ainsi, un Syndicat des Artistes de Variétés vient de se fonder. Vous pourriez croire que ce sont des artistes qui l’ont fondé. Jamais de la vie. Ce sont de petits journalistes. Drôle !
Mais connaissant le milieu, on est en droit de se demander quel intérêt peuvent bien avoir les fondateurs !
Oh.. et puis zut ! Tout cela n’est pas sérieux !
Couchages… Jalousie… Envie… Méchanceté… Absence d’idéal… ça suffit. Si la politique s’en mêle maintenant !…
Alors, regardons, écoutons et jugeons sainement.
Nous reviendrons sur ces questions plus tard. Quand le soleil aura un peu séché la boue..
Spectacles à voir :
Cinéma : L’extravagant monsieur Deed et un autre film que vous avez failli ne pas voir parce que qu’interdit : Le Crime de Monsieur Lange ! Ce scandale vient seulement de cesser.
Théâtre : Antigone.
Music hall : rien.