La liberté n’est pas au delà de ces pierres
Où se heurtent les mains et les fronts et les yeux ;
Au delà de ces murs qui dérobent les cieux
Et leur infini bleu d’astres et de lumières.
La liberté n’est pas au delà de l’accord
Des fers et des verrous grinçant de toutes parts,
Car il est d’autres murs pareils à des remparts
Dressés en nous, avec leurs tours d’ombre et de mort.
Cet homme qui parcourt avec la nonchalance
D’un flâneur, le chemin de l’automne attardée
Et cette femme auprès de lui, blonde et fardée
Et cette autre, brisant de son pas, le silence,
Cet homme encore au loin, qui passe et disparaît,
Tous ces êtres errant sans peine, sans entraves
Du soir au soir, de par le monde, qui saurait
Dire s’ils ne sont pas seulement… des esclaves ?
La liberté ? Mais c’est en soi qu’elle s’élève,
Non pas comme l’encens impalpable d’un rêve
Mais bien comme un regard de toute éternité
Qui par delà les nuits, trouve la vérité.
Qu’on dresse les prisons, les camps et les barrières,
Que soient multipliés les haines, les charniers,
L’homme libre, toujours, domine les frontières
Tandis qu’à ses genoux râlent les prisonniers !
Marie-Claire Maguelonne. (Eaux-Fortes).