La Presse Anarchiste

Dans notre courrier

Ceci n’est pas une tri­bune libre.

Les pas­sages de let­tres de lecteurs que nous pub­lions dans cette rubrique n’en­ga­gent en rien notre organ­i­sa­tion, ni le groupe respon­s­able de « Noir et Rouge ».

Nous les pub­lions dans la mesure où nous croyons qu’ils présen­tent matière à réflex­ion, à dis­cus­sion ou à étude ou bien qu’ils posent un prob­lème, con­stituent une cri­tique ou une suggestion.

Dans ces con­di­tions, nos cama­rades ne doivent pas s’é­mou­voir s’il nous arrive de pub­li­er des lignes en con­tra­dic­tion avec l’ori­en­ta­tion anarchiste-communiste.

Nous ne pen­sons pas utile de les faire suiv­re d’une « réponse ». (Nous répon­drons directe­ment à tous nos correspondants.)

D’un camarade de Seine-Maritime

(…) Sup­pose que ces grèves du type août 53 écla­tent en France, jointes au mécon­tente­ment de la guerre d’Al­gérie, et à toutes les désil­lu­sions venues après les élec­tions, sup­pose aus­si que tous les syn­di­cats brisent toute idée de mou­ve­ment général, que ces grèves dégénèrent en insur­rec­tion et que, chas­sant les social­istes-traîtres et se refu­sant à être les valets du P.C (dont ils seraient, néan­moins for­cés de tenir compte), des mil­i­tants révo­lu­tion­naires étab­lis­sent un régime comme nous l’en­ten­dons. Étant don­né l’é­tat d’e­sprit de la pop­u­la­tion, pour­rions-nous. faire autrement que de rétablir un « État » et même de promet­tre des élec­tions où nos enne­mis auraient toutes leurs chances ? Et si nous n’étab­lis­sions pas cet « État », entrant immé­di­ate­ment en rela­tion diplo­ma­tique avec les autres, serait-il pos­si­ble d’empêcher une inter­ven­tion armée étrangère qui nous chas­serait du pou­voir ? Non. Par con­séquent, il faut bien recon­naître qu’il nous faudrait traiter avec les États étrangers. Et comme il est évi­dent que dans ce cas, nous auri­ons fait aucun pro­grès réel sur le régime précé­dent, je con­clus (hâtive­ment et sans doute sans y avoir songé assez longtemps) : « pas moyen de faire une véri­ta­ble révo­lu­tion lib­er­taire si elle n’est pas inter­na­tionale. » Mais alors, par voie de con­séquence, je suis obligé d’ad­met­tre qu’en Russie n’au­rait pu exis­ter un véri­ta­ble régime com­mu­niste, igno­rant les autres États. (…)

D’un camarade du Haut-Rhin

(…) Je vous approu­ve d’é­tudi­er dès main­tenant la ques­tion de la lutte armée. Mais je pense qu’il serait bon de com­pléter vos analy­ses par l’ex­a­m­en des dif­fi­cultés que pose l’or­gan­i­sa­tion économique et admin­is­tra­tive d’une société lib­er­taire. Votre tra­vail, actuelle­ment, est surtout un tra­vail de péné­tra­tion et de pré­pa­ra­tion : la pré­pa­ra­tion des mil­i­tants aux prob­lèmes de la vie économique doit repos­er effec­tive­ment sur les unions de pro­duc­teurs et de con­som­ma­teurs, et non sur une quel­conque tech­nocratie. (…) La grande défail­lance du social­isme, de tous les social­ismes est d’avoir dans leur pré­ten­tion à être sci­en­tifiques, nég­ligé au nom des sci­ences du siè­cle dernier, des sci­ences nou­velles d’une portée con­sid­érable, comme la psy­cholo­gie, et même, dans une cer­taine mesure, la soci­olo­gie mod­erne. « De même que l’é­conomie poli­tique fut la sci­ence révo­lu­tion­naire des temps total­i­taires le social­isme ne pour­ra plus s’en pass­er sans se dégrad­er et se réduire à une sorte de stéril­ité »… (V. Serge, p. 75) 


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