La Presse Anarchiste

La violence révolutionnaire

Face à ceux qui subissent la répres­sion de l’É­tat, notre soli­da­ri­té est pri­maire, immé­diate. Nous pou­vons ne pas être d’ac­cord avec la stra­té­gie ou la méthode ou la fina­li­té d’une action vio­lente, révo­lu­tion­naire, mais nous sou­te­nons comme nous pou­vons ceux qui sup­portent les consé­quences de leur révolte.

Le spec­tacle de l’É­tat alle­mand pré­pa­rant le châ­ti­ment de Baa­der-Mein­hof nous rap­pelle que le fas­cisme est pré­sent sous les habits qui conviennent pour l’oc­ca­sion : libé­ral, social-démo­crate ou démocrate-chrétien.

Murs, cou­loirs et bar­reaux. Gar­diens. Mitraillettes et bar­be­lés. Le béton et les chiens de garde : l’i­mage de l’ordre bour­geois mena­cé par 26 ban­dits « anar­chistes ». Les ana­lyses de la Frac­tion Armée Rouge n’ont rien à voir avec l’a­nar­chisme ; ce qui est impor­tant, pour nous, c’est qu’ils ont atta­qué le sys­tème capi­ta­liste dans ses points sen­sibles et que le capi­ta­lisme veut les abattre.

En Ita­lie le fas­cisme n’a même pas chan­gé d’ha­bits. La vio­lence fas­ciste menace tous les révo­lu­tion­naires. Mari­ni a été condam­né par la jus­tice ita­lienne pour avoir défen­du sa vie contre les attaques d’une bande fasciste.

En Espagne, après Puig Antich, d’autres condam­na­tions à mort se préparent.

En France, der­rière la façade du libé­ra­lisme la répres­sion se porte bien : les tri­bu­naux d’ex­cep­tion de l’ar­mée, la pri­son clan­des­tine pour immi­grants à Mar­seille, la com­pli­ci­té des polices fran­çaise et espa­gnole au Pays Basque, etc., etc.

Dans les deux pre­miers numé­ros nous avons don­né des infor­ma­tions sur les actions du GARI.

Rap­pe­lons qu’a­près leur grève de la faim. les mili­tants empri­son­nés sous l’in­cul­pa­tion d’ap­par­te­nir aux GARI ont obte­nu l’es­sen­tiel de leurs reven­di­ca­tions (réunions, lec­tures et cour­rier), sans tou­te­fois que l’ad­mi­nis­tra­tion leur concède un sta­tut « offi­ciel » de pri­son­nier poli­tique et leur accorde le régime spé­cial de détention.

Ce suc­cès a été sui­vi de la libé­ra­tion d’Oc­ta­vio Albe­ro­la (la der­nière des 11 per­sonnes incul­pées après l’en­lè­ve­ment du ban­quier Sua­rez) ain­si que de Flo­real Cua­dra­do, de José Maria Condom-Bofill et de Jean-Michel Mar­ti­nez et Vic­tor Man­rique. Il reste donc cinq per­sonnes en pri­son, sous des incul­pa­tions diverses don­nant lieu à des ins­truc­tions dis­tinctes devant dif­fé­rentes ins­tances judi­ciaires, en dépit du fait que les neuf mili­tants arrê­tés depuis l’é­té sont tous défé­rés devant la Cour de Sûre­té de l’É­tat, en ver­tu de leur appar­te­nance sup­po­sée aux GARI.

La lutte pour la liber­té et la vie des empri­son­nés doit conti­nuer et se déve­lop­per. La soli­da­ri­té ne se dis­cute pas, elle se donne.

Ceci dit, les opi­nions sur la vio­lence révo­lu­tion­naire ne sont pas una­nimes à « La Lan­terne Noire ». Après un accord géné­ral et plu­tôt abs­trait sur le recours à la vio­lence auquel se voit obli­gée la révo­lu­tion, les opi­nions dif­fèrent sur l’op­por­tu­ni­té et la stra­té­gie de la violence.

La dis­cus­sion sur l’ar­ticle de Claude fut cen­trée sur deux aspects très contro­ver­sés : la néces­si­té que la signi­fi­ca­tion de l’ac­tion soit conte­nue entiè­re­ment dans l’ac­tion elle-même et le concept d’au­to­no­mie de la lutte.

En ce qui concerne l’article de Nico­las la diver­gence est appa­rue à pro­pos du rap­port entre l’acte et le pro­jet révo­lu­tion­naire et sur la néces­si­té d’une éthique et d’une rela­tion moyens-fins.

Le « Pré­lude à une réflexion sur la vio­lence » ame­na la dis­cus­sion sur le pro­blème de la forme, sur un cer­tain type de dis­cours sévè­re­ment cri­ti­qué par plu­sieurs membres du groupe, ce qui empê­cha en quelque sorte la consi­dé­ra­tion de la thèse de l’article.

Évi­dem­ment, la dis­cus­sion se poursuit. 

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