La Presse Anarchiste

Ravachol pas mort !

Notre cama­rade Fran­çois Clau­dius Koe­nig­stein vient d’être le héros d’un exploit dont nous ne pou­vons que nous réjouir : quatre-vingt-trois ans après sa mort, notre cama­rade (que nous avions tous pris l’ha­bi­tude d’ap­pe­ler Rava­chol) a en effet réus­si à s’é­va­der du ser­vice de neu­ro­pa­tho­lo­gie de l’hô­pi­tal de la Sal­pê­trière, à Paris, déjouant la vigi­lance du pro­fes­seur Escou­rolle. Celui-ci gar­dait dans un pla­card de son labo­ra­toire un bocal où la tête de notre cama­rade était conser­vée dans le for­mol. La demi-tête, plu­tôt, puis­qu’elle fut fen­due dans le sens de la hau­teur après son exé­cu­tion, en 1892, afin de per­mettre l’é­tude des cir­con­vo­lu­tions céré­brales d’un mili­tant révo­lu­tion­naire : depuis l’é­poque, et les lubies du pro­fes­seur Lom­bro­so, qui rêvait de décou­vrir le germe de l’a­nar­chie dans les tares congé­ni­tales, la « science » offi­cielle n’a guère pro­gres­sé — n’est-ce pas, mes­sieurs les neu­ro­logues qui avez deman­dé à ouvrir le crâne d’Ul­rike Mein­hof, il y a 18 mois ?

Saluons donc Rava­chol, qui a réus­si à s’é­va­der de son bocal, et des griffes du pro­fes­seur Escou­rolle. Regret­tons sim­ple­ment que, dans son bref moment de liber­té, il ait choi­si une si mau­vaise com­pa­gnie : de louches indi­vi­dus qui, sous pré­texte que « c’é­tait sa place », l’ont per­sua­dé de cher­cher asile… au Pan­théon ! Notre cama­rade, igno­rant que la police de Ponia entrait par­tout, s’est lais­sé cueillir sans résis­tance, le 2 avril, au petit matin. Il est actuel­le­ment gar­dé à vue au com­mis­sa­riat du 5e arrondissement. 

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