La Presse Anarchiste

La diffusion de la répression

La protection des honnêtes gens

Dis­cours poli­tiques, com­men­taires de jour­naux, infor­ma­tions, évé­ne­ments, contre-infor­ma­tions, la petite phrase pleine de pré­sages, les mots mille fois ampli­fiés par les moyens de com­mu­ni­ca­tion de masses et ana­ly­sés en long et en large par les spé­cia­listes, sou­te­nus et expli­qués par les intel­lec­tuels de tous bords… un monde de mots, de signes, de repré­sen­ta­tions nous entoure, nous unit ou nous dés­unit, nous trans­perce, nous emmerde.

Ce fleuve de signi­fi­ca­tions entre­mê­lées devient le dis­cours social d’un ordre éta­bli ; il est le lieu où s’oc­cultent les dif­fé­rentes signi­fi­ca­tions de la pra­tique sociale et c’est là que se déve­loppe la fonc­tion de mys­ti­fi­ca­tion néces­saire à la repro­duc­tion de l’ex­ploi­ta­tion capi­ta­liste et de la domi­na­tion poli­tique dans le sys­tème démo­cra­ti­co-libé­ral bourgeois.

Cer­tains esprits conser­va­teurs, par­fois, dévoilent le sens pro­fond des actions du pou­voir, et en ser­vant la démys­ti­fi­ca­tion ils servent, sans le vou­loir, la révolution[[Il faut lire quelques pas­sages de Bonal ou de Joseph de Maistre, les phi­lo­sophes de la contre-révo­lu­tion, pour se rendre compte des idées qu’a sur l’au­to­ri­té, par exemple, la classe diri­geante actuelle. Dans sa longue his­toire, la théo­rie de la contre-révo­lu­tion « subit un chan­ge­ment de fonc­tion déci­sif : elle est fina­le­ment adop­tée par les couches diri­geantes de la bour­geoi­sie » (H. Mar­cuse : Pour une théo­rie cri­tique de la socié­té. Denoél). Dans cette même ligne de lec­ture un socio­logue défen­seur de l’ordre éta­bli, comne Dur­kheim apporte de l’eau à notre moulin.]]

Le direc­teur géné­ral de la Police Natio­nale dit : « Tout le monde est conscient que le risque cou­ru par les grands mal­fai­teurs, s’il est suf­fi­sant, par­ti­cipe à la sécu­ri­té des hon­nêtes gens autant qu’à la puni­tion des ban­dits (…) »[[Robert Pau­drant (Le Monde, 14 – 10-75).]].

Il y a des années, un cer­tain Dur­kheim avait écrit que le châ­ti­ment est des­ti­né sur­tout aux hon­nêtes gens, pour sti­mu­ler et gar­der vivants les sen­ti­ments col­lec­tifs et la cohé­sion sociale, c’est-à-dire : la sou­mis­sion à l’ordre éta­bli. La peine « ne sert pas ou ne sert que très secon­dai­re­ment à cor­ri­ger le cou­pable ou à inti­mi­der ses imi­ta­teurs pos­sibles (…). Sa vraie fonc­tion est de main­te­nir intacte la cohé­sion sociale. »[[Dur­kheim, E. « De la Divi­sion du tra­vail social. P.U.F. 1967. p. 76.]] 

On a pu dire très jus­te­ment qu’une bonne par­tie du com­por­te­ment légal est rituel, au sens où, même s’il n’a pas beau­coup d’ef­fet sur celui qui a vio­lé effec­ti­ve­ment la loi ou sur celui qui est déci­dé à la vio­ler, ce com­por­te­ment la réaf­firme conti­nuel­le­ment, la trans­forme en sacrée.

Bru­no, 17 ans, condam­né à mort par un jury, montre l’exem­pla­ri­té du châ­ti­ment, le carac­tère expia­toire de la peine. Vou­loir ôter cet aspect reli­gieux à la jus­tice est l’oeuvre d’es­prits sub­ver­sifs envers l’ordre social, disait Durkheim.

Le conte­nu réac­tion­naire, tra­di­tio­na­liste et reli­gieux de la loi, les appels insis­tants à la peine de mort pour cer­tains délits, les décla­ra­tions récentes des ministres de la Jus­tice et de l’Intérieur[[Lecanuet (21 octobre 1975) « Il convient de main­te­nir comme une force de dis­sua­sion la peine de mort ». Ponia­tows­ki a regret­té que le com­por­te­ment trop laxiste des magis­trats com­pro­mette par­fois les bons résul­tats de la police. (Le Monde, 23-X-75).]], s’ap­puient sur les aspects magiques et ritua­listes des atti­tudes col­lec­tives envers le crime, en même temps qu’ils les stimulent.

L’a­mal­game, consciem­ment pro­pa­gé par le gou­ver­ne­ment, entre vio­lence poli­tique et cri­mi­na­li­té, est pos­sible du fait que le cri­mi­nel réa­lise les dési­rs refou­lés, par­ta­gés et cares­sés dans leur ima­gi­na­tion par tous les membres bien inté­grés de la socié­té, les hon­nêtes gens.

Le châ­ti­ment du cri­mi­nel trans­forme celui-ci en sau­veur en exor­ci­sant chez les autres le démon de la rébel­lion et de la culpa­bi­li­té qui en découle[[Voir Com­fort, Alex : Autho­ri­ty and Delin­quen­cy in the modern state.]]. De là l’am­bi­va­lence et la pas­sion publiques dont s’a­li­mente la presse à sen­sa­tion. Mais de là aus­si le dan­ger réel pour la lutte révo­lu­tion­naire de cette déri­va­tion du sen­tir popu­laire uti­li­sée par le pouvoir.

Les flammes du bûcher qui illu­mine le moyen-âge chré­tien se reflètent sur le cou­pe­ret de la guillo­tine et la chasse au sor­cières conti­nue, tou­jours pareille à elle-même, interminablement.

L’ac­cent mis sur ces aspects sym­bo­liques du châtiment[[Assisterons-nous, dans un ave­nir proche, à la peine capi­tale par télé­vi­sion ? Ne par­ti­ci­paient-ils pas, les hon­nêtes gens d’Al­le­magne, à la chasse au délin­quant dans une émis­sion de TV, don­nant des infor­ma­tions et aidant la police, comme dans les jeux télé­vi­sés du soir ?]] se conjugue avec un autre mou­ve­ment carac­té­ris­tique de la socié­té indus­trielle moderne : la dif­fu­sion de la répression.

Qu’est-ce que c’est que la dif­fu­sion de la répres­sion ? Eh bien, en même temps que l’exal­ta­tion des images et des mots qui ont la fonc­tion que nous avons signa­lée, au niveau de l’i­ma­gi­naire social[[Voir La Lan­terne Noire No 2 : L’in­té­gra­tion ima­gi­naire du pro­lé­ta­riat.]], d’autres mesures concrètes s’ar­ti­culent à tous les niveaux de la réa­li­té sociale. Des modi­fi­ca­tions par­ti­cu­lières appa­raissent dans la struc­ture de l’ap­pa­reil d’É­tat en réponse à une nou­velle néces­si­té de contrôle et de mise au pas d’une contes­ta­tion qui englobe des aspects par­ti­cu­liè­re­ment sen­sibles de l’ordre social en vigueur.

La stra­té­gie tra­di­tion­nelle de la répres­sion a été de mar­gi­na­li­ser pour mieux contrô­ler les groupes (ou classes) sociales sus­cep­tibles de par­ti­ci­per à des chan­ge­ments pro­fonds ou révolutionnaires.

Comme dit Fou­cault : « la pri­son et d’une façon géné­rale sans doute, les châ­ti­ments, ne sont pas des­ti­nés à sup­pri­mer les infrac­tions mais plu­tôt à les dis­tin­guer, les dis­tri­buer, à les uti­li­ser ; ils visent, non pas seule­ment à rendre dociles ceux qui sont prêts à trans­gres­ser les lois, mais ils tendent à amé­na­ger la trans­gres­sion des lois dans une tac­tique géné­rale des assu­jet­tis­se­ments. La péna­li­té serait alors une manière de gérer les illé­ga­lismes (…). Bref, la péna­li­té ne « répri­me­rait » pas pure­ment et sim­ple­ment les illé­ga­lismes ; elle les « dif­fé­ren­cie­rait », elle en assu­re­rait « l’é­co­no­mie géné­rale »[[Fou­cault, M. « Sur­veiller et punir » Gal­li­mard, 1975, p. 277.]].

Vers la moi­tié du XIXe siècle, quand le sys­tème poli­tique libé­ral-bour­geois com­mence à fonc­tion­ner, la socié­té est struc­tu­rée d’une façon par­ti­cu­lière que nous pou­vons sché­ma­ti­ser ain­si : un aspect « cen­tral » du sys­tème consti­tué par une par­tie de la popu­la­tion assi­mi­lée à la repré­sen­ta­tion consciente de l’ordre éta­bli (la patrie, le dra­peau, la pro­prié­té, le par­le­ment, les par­tis) ; et un aspect « péri­phé­rique » consti­tué par des aires plus ou moins mar­gi­nales bien contrô­lées et gar­dées à dis­tance du sys­tème éta­bli : les pauvres de la ville (le pro­lé­ta­riat urbain des débuts de l’in­dus­tria­lisme), les délin­quants, les fous, les pros­ti­tuées et les révolutionnaires.

Toute cette masse humaine n’oc­cupe pas seule­ment l’es­pace urbain ou péri­ur­bain que la poli­tique de classe lui a défi­ni ; elle passe aus­si par un espace bien carac­té­ri­sé : l’en­fer­me­ment, la pri­son, le grand dis­tri­bu­teur des illé­ga­lismes reconnus.

À l’heure actuelle, ces frag­men­ta­tions, ces dis­tri­bu­tions habi­tuelles ne fonc­tionnent pas aus­si bien que la sta­bi­li­té du régime capi­ta­liste l’exige. La contes­ta­tion de la socié­té patriar­cale, hié­rar­chique, et auto­ri­taire est pro­fonde. Des nou­veaux illé­ga­lismes ou de vieilles formes d’illé­ga­lismes s’ac­tua­lisent et se déve­loppent. À l’u­sine les grèves sau­vage et la séques­tra­tion de cadres[[La séques­tra­tion de cadres n’est pas une pra­tique tout à fait nou­velle. Rap­pel­lons-nous de la défe­nes­tra­tion de Watrin, « l’âme dam­née » de la com­pa­gnie minière à Deca­ze­ville en 1886. Voir Mai­tron, J. Le mou­ve­ment anar­chiste en France. Vol. I, Mas­pe­ro 1975. p. L 76.]], la vente directe de la pro­duc­tion… Dans la rue, la casse, le pillage… Dans la vie quo­ti­dienne dif­fé­rentes façons d’é­chap­per au tra­vail alié­nant, ten­ta­tives com­mu­nau­taires, échange de rap­ports affec­tifs et sexuels contre la famille, le couple, etc.

Pour faire face, le pou­voir poli­tique, l’É­tat, ramène le contrôle de la péri­phé­rie au centre. Les types de contrôle tra­di­tion­nel du « centre » (des membres bien inté­grés) sont tous du côté de la socia­li­sa­tion ; école, tra­vail ; mais ils ne suf­fisent pas. Les appa­reils d’É­tat étendent la répres­sion à l’en­semble de la société.

Un des pre­miers symp­tômes de cette évo­lu­tion « tota­li­taire » est la per­méa­bi­li­té plus grande des limites entre les trois caté­go­ries clas­siques d’ex­clus : délin­quants, fous et révo­lu­tion­naires. Et l’ex­ten­sion de la poten­tia­li­té délic­tive à des caté­go­ries entières de la popu­la­tion, les classes dan­ge­reuses, les jeunes.

Voyons quelques exemples.

Folie et politique

« As-tu vu un homme qui se figure sage 

Un dément don­ne­ra plus que lui à espérer ».

Prov. 26.

La géné­ra­li­sa­tion spec­ta­cu­laire des actions du pou­voir et la vio­lence sol­li­citent la par­ti­ci­pa­tion émo­tion­nelle du plus grand nombre pos­sible et l’i­den­ti­fi­ca­tion du spec­ta­teur sur des images concrètes, sur des per­son­nages maté­ria­li­sés par la tech­no­lo­gie moderne et non pas sur des sym­boles plus ou moins éloignés.

« Washing­ton. Dix sept jours après l’at­ten­tat de Sacra­men­to, le pré­sident Ford a été l’ob­jet le lun­di 29 sep­tembre, à San Fran­cis­co, d’une nou­velle ten­ta­tive d’as­sas­si­nat. Grâce à la télé­vi­sion, des mil­lions d’A­mé­ri­cains ont pu, quelques ins­tants plus tard, vivre la scène de l’at­ten­tat, entendre le coup de feu écla­ter de façon incon­grue au milieu des applau­dis­se­ments de la foule mas­sée à une tren­taine de mètres sur le trot­toir (…)1.

L’au­teur de l’at­ten­tat, à ce qu’il paraît, a vu sa tâche faci­li­tée du fait que, étant une femme, les dis­po­si­tifs de contrôle n’a­vait pas pré­vu cette éven­tua­li­té, « les por­traits des assas­sins poten­tiels tels que les psy­chiatres offi­ciels les ont des­si­nés pour les agents du Ser­vice Secret, n’ont jamais repré­sen­té une femme »[[Ibid.]].

Rete­nons la par­ti­ci­pa­tion des psychiatres.

Dans le même article le cor­res­pon­dant du Monde se réfère abon­dam­ment à la psy­chia­trie : « mettre le pré­sident à l’a­bri d’un dés­équi­li­bré, d’un psy­cho­pathe (…) ». « Les images de vio­lence ont créé une sorte de conta­gion et presque une com­pé­ti­tion entre les mar­gi­naux, les dés­équi­li­brés, instables et mal adaptés (…) ».

Il n’y a pas eu de com­plot, « l’as­sas­sin » a agi seul, les moti­va­tions ne peuvent être que per­son­nelles, liées à des frus­tra­tions, à des troubles émo­tion­nels, affaire de psychiatres.

Les moti­va­tions poli­tiques n’existent plus ; la dis­tri­bu­tion de rôles entre le pou­voir, l’É­tat. repré­sen­té par le pré­sident et la foule, les gens, les autres, est réglée une fois pour toutes ; le sys­tème éta­bli est bien dans l’ordre, il n’y a qu’un fou qui puisse se révol­ter, faire appel à la vio­lence individuelle.

Mais se refu­ser indi­vi­duel­le­ment à la vio­lence est aus­si une affaire de psy­chiatres. Voyons un peu. Cette fois-ci en France, un tri­bu­nal mili­taire juge un insou­mis et le rap­port psy­chia­trique conclut que « s’il avait bien sui­vi des études supé­rieures pen­dant deux ans, il n’en était pas moins inapte au ser­vice natio­nal en rai­son d’une per­tur­ba­tion fon­cière du juge­ment ». Le méde­cin remar­quait « l’at­ti­tude méfiante du sujet, son goût de l’en­tê­te­ment et de la dis­cus­sion, ain­si que sa pro­pen­sion à aller à l’en­contre des idées admises. Il sup­porte mal une contrainte quel­conque n’en­traî­nant pas son adhé­sion, note l’ex­pert, qui juge ses moti­va­tions non vio­lentes déga­gées du réel. » [[Le Monde, 16 — 17 mars 1975.]].

Ici l’in­ter­ven­tion psy­chia­trique devient cari­ca­tu­rale mais elle montre très clai­re­ment le sens du pas­sage de la poli­tique à la folie : pen­ser par soi-même, avoir des idées contraires aux ins­ti­tu­tions de base du sys­tème n’est pas rai­son­nable. Et l’o­pé­ra­tion poli­tique qui est dans l’ombre reste tou­jours la même : la défense de la classe domi­nante, seule béné­fi­ciaire de la sta­bi­li­té de l’ordre social. Quel autre sens peut avoir l’in­ter­ne­ment dans des hôpi­taux psy­chia­triques des oppo­sants poli­tiques, comme en URSS, si ce n’est celui de réus­sir cette alchi­mie du com­por­te­ment qui trans­forme la dis­si­dence poli­tique en insta­bi­li­té émo­tion­nelle, la contes­ta­tion en per­ver­sion, la rébel­lion en folie ?

Mais, si la peine pour un délit, poli­tique ou pas, a une durée pré­vue par la loi (sauf la peine de mort, évi­dem­ment) et on sup­pose que cette durée est en rap­port avec l’acte, l’in­ter­ne­ment psy­chia­trique, au contraire, se ter­mine avec la « gué­ri­son », c’est-à-dire avec l’ab­ju­ra­tion de ses propres opinions.

À l’ar­rière-plan de la socié­té moderne on voit à nou­veau se des­si­ner la ques­tion ordi­naire et extra­or­di­naire, l’inquisition.

La police et le propriétaire

« En mar­chant à la guillo­tine, il (Rava­chol) chan­ta une gros­sière chan­son du Père Duchesne ».

Mai­tron, op. cit., V. I, p. 219.

Mais cette dif­fu­sion de la répres­sion sur la tota­li­té de la socié­té ne s’exerce pas seule­ment au niveau de l’i­ma­gi­naire, ni au niveau de l’illé­gi­ti­mi­té du com­por­te­ment. Des nou­veaux contrôles appa­raissent dans la vie quo­ti­dienne. Non seule­ment l’œil du contre­maître sur­veille à l’u­sine l’ou­vrier, et le petit chef sur­veille le fonc­tion­naire ou l’employé, mais dans la rue il y a le flic, dans l’im­meuble, le concierge.

En Espagne, par exemple, aux termes d’un décret pro­mul­gué le 3 sep­tembre les concierges sont « pro­mus » auxi­liaires de police. Le régime est fas­ciste, grâce à quoi, il légi­time publi­que­ment la déla­tion, vieille ins­ti­tu­tion semi-clan­des­tine de toutes les polices ; les démo­cra­ties libé­rales, l’Al­le­magne en l’oc­cur­rence, n’en sont pas loin : à Darm­stadt les loca­taires extré­mistes pour­ront être congé­diés sans pré­avis. Le contrat de loca­tion déclare : « Le pro­prié­taire a le droit de mettre fin au contrat de loca­tion sans pré­avis ni indem­ni­té au cas où il exis­te­rait des indices que le loca­taire quitte le ter­rain de la loi fon­da­men­tale de la Répu­blique Fédé­rale – notam­ment de l’ordre démo­cra­tique libé­ral – par la parole, l’é­crit ou le geste, et nuit ain­si au bon renom du pro­prié­taire. »[[Le Monde, 25 — IX – 75.]].

En lisant cela, il revient en mémoire un petit air frondeur :

Si tu veux être heureux
_​ Nom de dieu !
_​ Pends ton propriétaire.

Dans cette même ligne, la décla­ra­tion de Ponia­tows­ki trouve tout son poids : « un contrôle plus étof­fé et plus étroit sera fait sur ces caté­go­ries de la popu­la­tion d’où émanent les trois quarts de la cri­mi­na­li­té fran­çaise » [[Le 8 sep­tembre à Nice.]]. Tout un aveu idéo­lo­gique ! Nous sommes loin du libé­ra­lisme poli­tique dont se vante le gis­car­disme. Tout une caté­go­rie de la popu­la­tion est visée par le ministre de la police. Ce sont les pauvres, les non-pro­prié­taires, les jeunes sans tra­vail, les classes dangereuses.

Or, dans la mesure où la répres­sion ouverte au pou­voir poli­tique se dif­fuse, bon nombre de pra­tiques sociales bas­culent vers la délin­quance. Des illé­ga­lismes nou­veaux prennent leur place dans la lutte contre la classe domi­nante et s’a­che­minent vers leur for­mu­la­tion poli­tique dans un pro­jet révo­lu­tion­naire. Pro­jet révo­lu­tion­naire capable de réunir dans l’ac­tion l’illé­ga­li­té de l’a­nar­chie avec la poten­tia­li­té révo­lu­tion­naire des classes opprimées.

Nico­las.

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