La Presse Anarchiste

Mouvement social

Parana ― Ici le peu­ple est peut-être plus exploité que dans n’im­porte quel pays et per­son­ne ne pense à se révolter ; il n’y a aucun sen­ti­ment de dig­nité, c’est à qui s’aplati­ra le plus. 

Main­tenant le pays se dépe­u­ple avec une assez grande rapid­ité, et je crois que le gou­verne­ment n’en est pas fâché, (quoi qu’il fasse dire le con­traire dans les jour­naux). On a su attir­er ici, par une pro­pa­gande très active durant les années précé­dentes, un assez grand nom­bre d’émi­grants et surtout de petits cap­i­tal­istes européens, tous épris de la terre et de la pro­priété ; et dans l’ac­tiv­ité générale qui rég­nait alors, on a su don­ner une valeur fic­tive au sol, et une assez grande facil­ité de crédit. Enfin tout le monde croy­ait à la for­tune, à la plus grande prospérité de ce pays et était plus ou moins devenu pro­prié­taire. Puis la crise est venue. Les ouvri­ers, ain­si que les émi­grants qui n’avaient que leurs bras ont été d’abord impi­toy­able­ment sac­ri­fiés et volés par les patrons et les petits pro­prié­taires. Puis, est venu le tour de ceux-ci. Le gou­verne­ment, par de nou­veaux impôts, et une admin­is­tra­tion spé­ciale à l’Ar­gen­tine, a fait voir où il en veut venir. Alors, les petits pro­prié­taires ont essayé de pro­test­er, même de se révolter, mais le peu­ple était par­ti et c’est lui seul qui pou­vait se bat­tre (je par­le du peu­ple étranger, les fils du pays gar­dent la neu­tral­ité). Ils se sont unis alors avec l’op­po­si­tion qui s’est servie d’eux pour faire comme à San­ta-Fé, un sem­blant de révo­lu­tion. Cela a servi à leur enlever la sym­pa­thie que pou­vaient avoir pour eux leurs nationaux à l’é­tranger et à don­ner au gou­verne­ment le droit de sévir avec encore plus de rigueur. 

La poli­tique Argen­tine est donc très sim­ple. Elle pos­sède un immense ter­ri­toire sous un très beau cli­mat. Le génie des Argentins ne s’élève pas plus haut que l’él­e­vage des ani­maux qui se fait à la grâce de Dieu… Attir­er les cul­ti­va­teurs, met­tre le ter­rain en cul­ture, le ven­dre, faire bâtir des villes et repren­dre tout cela ; c’est ce qui se passe actuellement. 

C. T.


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