La Presse Anarchiste

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1. Syndicat de la construction

Pla­te­forme éla­bo­rée conjoin­te­ment par des cama­rades de l’U.G.T., de la C.N.T. et des Com­mis­sions ouvrières dans la région de Bar­ce­lone (dans le Bul­le­tin de la Construc­tion de la C.N.T. — Fédé­ra­tion de Bar­ce­lone — sept. 1976, n° 1).

1. Uni­fi­ca­tion de la Construc­tion en une seule pla­te­forme glo­bale (construc­tion com­merce, ciment). 

2. Aug­men­ta­tion linéaire de 10 000 pese­tas par mois sur le salaire de base, sans aucune réduc­tion, pour 40 heures de tra­vail hebdomadaire. 

3. Révi­sion sala­riale selon l’aug­men­ta­tion réelle du coût de la vie. 

4. Main­tien pour tous du salaire à 100 %, en cas d’ar­rêt de tra­vail et pen­dant toute la durée de la situation. 

5. Poste fixe sur les ate­liers au bout de 15 jours. 

6. Abo­li­tion des heures sup­plé­men­taires et de la rému­né­ra­tion aux pièces. 

7. Sup­pres­sion de l’in­té­rêt (usure) et de la sous-trai­tance en tant que forme de super-exploitation. 

8. Abo­li­tion de l’I.R.T.P. (impôts).

9. Retraite à 50 ans. 

10. Main­tien du salaire réel à 100 % en cas de retraite, infir­mi­té, acci­dent, ou ser­vice militaire. 

11. Contrôle du fond de Sécu­ri­té Sociale par les travailleurs. 

12. Contrôle effec­tif de la sécu­ri­té et de l’hy­giène par l’as­sem­blée des travailleurs. 

13. Contrôle par les tra­vailleurs de la pro­duc­tion et des cadences. 

14. Droit de réunion, d’as­so­cia­tion, d’ex­pres­sion et de manifestation. 

15. Droit de grève quand les tra­vailleurs le décident en assem­blée, sans réqui­si­tion d’au­cune sorte. 

16. Négo­cia­tion directe avec le patro­nat par le biais de délé­gués élus direc­te­ment en assemblée. 

17. Liber­té syndicale. 

18. Dis­so­lu­tion des corps de répres­sion (B.P.S. – Police armée, Garde civile. C.N.S. – J.O.P. – Magis­tra­ture, Délé­ga­tion du travail). 

19. Annu­la­tion des coti­sa­tions syn­di­cales obli­ga­toires et retour à la classe ouvrière de toute la richesse syn­di­cale accu­mu­lée pen­dant les 40 ans de fas­cisme. Et en même temps, nous deman­dons l’a­ban­don de la C.N.S. et la démis­sion publique de toutes les charges syndicales. 

20. Liber­té pour les pri­son­niers poli­tiques et syn­di­caux sans exception. 

21. Réin­té­gra­tion de tous les licen­ciés pour motifs pro­fes­sion­nels ou syndicaux. 

22. Retour des exi­lés sans exception.

2. Enseignants de la C.N.T.

Le Syn­di­cat Ensei­gnant de la C.N.T. et ses objec­tifs de lutte contre l’é­du­ca­tion ins­ti­tu­tion­na­li­sée, et pour un appren­tis­sage libertaire. 

Nous conce­vons notre syn­di­cat de l’en­sei­gne­ment comme une orga­ni­sa­tion qui, déjà, éclaire la struc­ture de la socié­té auto­ges­tion­naire et fédé­ra­tive. Pour cela, et pour en finir avec les déten­teurs d’une culture spé­cia­li­sée, notre syn­di­cat impulse l’or­ga­ni­sa­tion, en chaque endroit, de toute per­sonne direc­te­ment concer­née par une acti­vi­té édu­ca­tive, et qui par­tage les concep­tions de l’a­nar­cho-syn­di­ca­lisme pro­po­sées par la C.N.T., qu’elle soit pro­fes­seur, étu­diant, pué­ri­cul­trice, psy­cho­logue, per­son­nel admi­nis­tra­tif, per­son­nel de l’en­tre­tien (nous incluons dans ce point les parents qui, par leur tra­vail, côtoient direc­te­ment l’en­sei­gne­ment, tant pri­vé que public, de leurs enfants). Nous nous oppo­sons donc à la sépa­ra­tion clas­sique et éta­tique des « mou­ve­ments d’en­sei­gnant », du « per­son­nel admi­nis­tra­tif », des « parents », etc. 

Cette orga­ni­sa­tion des anar­cho-syn­di­ca­listes dans le sys­tème actuel d’en­sei­gne­ment répond à notre concep­tion auto­ges­tion­naire du pro­ces­sus révo­lu­tion­naire, concep­tion qui se nour­rit aus­si bien des luttes de tous ceux qui subissent l’en­sei­gne­ment, pour en finir avec le sys­tème des classes, l’au­to­ri­ta­risme et l’en­nui des centres actuels d’é­du­ca­tion, que de la créa­ti­vi­té et des expé­riences d’ap­pren­tis­sage liber­taire, qu’elles soient d’au­then­tiques alter­na­tives de l’in­té­rieur, ou venant volon­tai­re­ment de l’ex­té­rieur du sys­tème actuel d’en­sei­gne­ment et en marge de son contrôle. 

Notre orga­ni­sa­tion est aus­si ouverte à toutes les per­sonnes sen­si­bi­li­sées par ces pro­blèmes, à ceux que le carac­tère oppres­sif de l’ac­tuel sys­tème d’en­sei­gne­ment a ame­né à se mar­gi­na­li­ser et à essayer des pra­tiques alter­na­tives d’apprentissage. 

Le syn­di­cat de l’en­sei­gne­ment dénonce les fonc­tions de classe et bureau­cra­tique des centres actuels d’en­sei­gne­ment, par l’ac­tion directe (la pra­tique immé­diate pour impo­ser des solu­tions alter­na­tives, et la non-dis­tinc­tion entre fins et moyens). Les assem­blées sont l’u­nique organe de déci­sion du syn­di­ca­lisme auto­nome, dont la sou­ve­rai­ne­té n’ad­met la délé­ga­tion à aucune ins­ti­tu­tion médiatrice. 

Consé­quente avec sa tâche de créer une conscience col­lec­tive — la culture ayant été enle­vée des mains de la col­lec­ti­vi­té et retour­née contre elle — la C.N.T. refuse de per­pé­tuer les diverses cor­po­ra­tions exis­tantes dans le sys­tème édu­ca­tif actuel. Toute lutte révo­lu­tion­naire dans l’en­sei­gne­ment doit incor­po­rer la lutte pour la des­truc­tion du sys­tème d’en­sei­gne­ment lui-même, en tant qu’ins­ti­tu­tion dif­fé­ren­ciée, de même que la lutte pour un appren­tis­sage libre, et, en par­ti­cu­lier la dis­pa­ri­tion des corps pro­fes­sion­nels et tech­no­cra­tiques, unique garan­tie de dis­pa­ri­tion de son oppo­sé dia­lec­tique : l’é­tu­diant comme matière pre­mière du com­plexe indus­triel éducatif. 

Notre acti­vi­té pour l’é­man­ci­pa­tion sociale, en tant que groupe d’in­di­vi­dus liés actuel­le­ment au sys­tème édu­ca­tif, adop­te­ra comme objec­tifs immédiats : 

  • la lutte contre toute ten­ta­tive pour main­te­nir ou aggra­ver les dif­fé­rences entre couches sociales ; 
  • contre la mani­pu­la­tion édu­ca­tive des enfants d’un âge phy­sique et men­tal qui les rend inca­pables de se défendre des volon­tés des adultes ; 
  • contre tout le pro­ces­sus de sélec­tion, intrin­sèque à tout sys­tème d’en­sei­gne­ment ins­ti­tu­tion­na­li­sé, qui, aujourd’­hui, com­mence à la mater­nelle et se ter­mine à l’u­ni­ver­si­té, sys­tème de cloi­son­ne­ment étanche et autoritaire ; 
  • contre la par­cel­li­sa­tion de l’ap­pren­tis­sage, en cours, dis­ci­plines sépa­rées, horaires, pro­grammes et toutes les ritua­li­sa­tions de l’ac­ti­vi­té scolaire ; 
  • contre la main­mise et le pro­fit, patro­nal ou éta­tique, sur l’apprentissage ; 
  • contre le sys­tème des exa­mens et autres obli­ga­tions d’évaluation ; 
  • contre les titu­la­ri­sa­tions et leur hié­rar­chi­sa­tion de privilèges ; 
  • contre les taxes, bourses, matri­cules et autres formes de com­mer­cia­li­sa­tion mono­po­liste et dis­cri­mi­na­toire du pro­ces­sus d’apprentissage ; 
  • contre l’i­so­le­ment aca­dé­mique de la recherche scien­ti­fique par rap­port au tra­vail col­lec­tif, et en géné­ral du savoir par rap­port à la vie ; 
  • contre le cur­sus de fonc­tion­naire et les oppo­si­tions de l’é­tat, en tant que forme de sélec­tion professionnelle ; 
  • contre les salaires de misère et l’ex­ploi­ta­tion inten­sive spé­cia­le­ment pour la femme, uti­li­sée comme main-d’oeuvre auxi­liaire des fonc­tions édu­ca­tives en géné­ral, et des tâches subor­don­nées d’en­tre­tien et d’ad­mi­nis­tra­tion en particulier ; 
  • contre les dif­fé­rences de salaires et de fonc­tions des tra­vailleurs de l’in­dus­trie et de l’enseignement ; 
  • contre l’au­to­ri­ta­risme et les céré­mo­nieux éli­tistes et répres­sifs de l’ap­pa­reil sco­laire et académique ; 
  • contre la dif­fé­ren­cia­tion sté­ri­li­sa­trice des rôles dis­tincts entre pro­fes­seurs élèves ; 
  • contre les confes­sion­na­lismes idéo­lo­giques et tout type de dogmatisme ; 
  • contre la sépa­ra­tion phy­sique et cultu­relle entre les centres édu­ca­tifs et les com­mu­nau­tés locales. 

En échange, le syn­di­cat de l’en­sei­gne­ment de la C.N.T. lutte pour le déve­lop­pe­ment des tâches d’ap­pren­tis­sage et de leurs authen­tiques pro­ta­go­nistes : les indi­vi­dus, les groupes natu­rels et leur libre fédé­ra­tion ; pour la redis­tri­bu­tion éga­li­taire des res­sources sociales, pour l’in­té­gra­tion de l’ac­ti­vi­té cor­po­relle et intel­lec­tuelle, pour l’u­ni­té de tous ceux qui sont concer­nés par le sys­tème de l’en­sei­gne­ment ins­ti­tu­tion­nel afin de s’en éman­ci­per, pour la pleine liber­té indi­vi­duelle, cultu­relle et syn­di­cale, pour la cri­tique constante de toute concep­tion éta­blie, pour la conti­nuelle expé­ri­men­ta­tion de nou­velles formes d’ap­pren­tis­sage liées à l’en­tou­rage social et natu­rel, basées sur le jeu, l’art, le res­pect des indi­vi­dus et l’ap­pui mutuel, pour l’a­bo­li­tion de la vente du tra­vail en échange d’un salaire, et de la com­mer­cia­li­sa­tion de l’é­lève et du savoir comme marchandise. 

Le syn­di­cat de l’en­sei­gne­ment de la C.N.T. sti­mu­le­ra la for­ma­tion de ses mili­tants sur ces objec­tifs révo­lu­tion­naires, et contri­bue­ra à étendre les tâches d’ap­pren­tis­sage liber­taire par­mi les anar­cho-syn­di­ca­listes et les travailleurs. 

Dans cette pers­pec­tive, le syn­di­cat de l’en­sei­gne­ment n’a pas de sens en lui-même, mais seule­ment comme une branche de lutte de plus, coor­don­née avec les autres tra­vailleurs des autres indus­tries dans la C.N.T. et l’A.I.T., en vue de la récu­pé­ra­tion des res­sources éco­no­miques et cultu­relles — séques­trées par le capi­tal et par l’é­tat — pour des com­mu­nau­tés éga­li­taires, auto­gé­rées et libre­ment fédérées. 

Sur le che­min de l’ap­pren­tis­sage liber­taire d’une socié­té auto­gé­rée, les mili­tants du syn­di­cat de l’En­sei­gne­ment de la C.N.T. pro­posent et acceptent des actions uni­taires avec tous ceux qui pro­posent aus­si l’au­toé­man­ci­pa­tion des com­mu­nau­tés natu­relles et le déve­lop­pe­ment par ces groupes de leur propre éla­bo­ra­tion cultu­relle et éducative.

C.N.T. A.I.T. (Fédé­ra­tion locale de Madrid).

Syn­di­cat de l’En­sei­gne­ment. Juin 76.

Texte paru dans « Alter­na­ti­va Liber­ta­ria a la Enseñen­za », Bul­le­tin du syn­di­cat ensei­gnant de la C.N.T.

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