La Presse Anarchiste

La terreur d’État en Argentine et en Uruguay

En ce temps-ci, où le Gou­lag devient pla­né­taire, par­ler de la répres­sion est une tâche mono­tone et ter­rible. Des gibets de l’I­ran aux asiles psy­chia­triques en U.R.S.S. tous les moyens pos­sibles et ima­gi­nables sont mis au ser­vice de la rai­son d’É­tat pour anéan­tir la révolte, pour affir­mer la domi­na­tion et l’ex­ploi­ta­tion. À l’é­poque des mul­ti­na­tio­nales, les écoles de tor­ture sont inter­na­tio­nales et les polices ont abo­li — pour elles et seule­ment pour elles — les frontières. 

Dans la zone sud de l’A­mé­rique Latine un nou­veau nazisme prend forme et se déve­loppe sous le regard bien­veillant des États-Unis. Le coup d’É­tat mili­taire fas­ciste de Pino­chet fut pré­pa­ré par la C.I.A. Dans un style moins spec­ta­cu­laire au début mais de plus en plus vio­lente, la répres­sion en Argen­tine et en Uru­guay com­mence à dépas­ser celle du Chili. 

Au moment du der­nier coup mili­taire en Argen­tine — le 24 mars 1976 — on parle offi­ciel­le­ment de 4 000 pri­son­niers poli­tiques. Six mois plus tard, on les cal­cule entre 25 et 30 000. Ces empri­son­nés sont dans des condi­tions de déten­tion épou­van­tables dues à l’en­com­bre­ment des pri­sons, au fait que depuis novembre 1975 plu­sieurs pri­sons sont dans la juri­dic­tion mili­taire, à la pra­tique cou­rante de la tor­ture et à l’ap­pli­ca­tion de la « ley de fugas » [[Loi auto­ri­sant à tirer à vue sur un pri­son­nier en fuite, qui sert d’a­li­bi à de nom­breuses liqui­da­tions.]]. En même temps le cli­mat géné­ral, éco­no­mique, social et poli­tique se dégrade constam­ment. L’in­fla­tion mons­trueuse, une poli­tique éco­no­mique propre aux classes supé­rieures et le contrôle poli­cier des mou­ve­ments de pro­tes­ta­tion se déve­loppent en même temps que la ter­reur d’É­tat et que la reven­di­ca­tion idéo­lo­gique d’un cer­tain nazisme. 

À l’é­gal de ce qui s’est pas­sé au Gua­te­ma­la, la séques­tra­tion et l’as­sas­si­nat sont une entre­prise poli­tique réglée soi­gneu­se­ment [[Au Gua­te­ma­la on estime que 15 000 per­sonnes ont été tuées de cette façons entre 1970 et 1975 (Amnes­ty Inter.).]]. On éva­lue à 2 000 les assas­si­nats poli­tiques com­mis par les A.A.A. entre 1973 et 1975. Aujourd’­hui les 3 A n’a­gissent plus sous ce sigle et la tech­nique a un peu chan­gé. Jus­qu’à l’an­née der­nière la séques­tra­tion était sui­vie de l’ap­pa­ri­tion du cadavre, sou­vent sus­cep­tible d’être recon­nu. Actuel­le­ment, après la séques­tra­tion, le silence abso­lu ; de temps en temps, des piles de cadavres non iden­ti­fiables sont trou­vées. On pense qu’en réponse aux actions de la gué­rilla ces cadavres sont le résul­tat de l’exé­cu­tion de pri­son­niers-otages. Les groupes char­gés de cette besogne opèrent dans la plus grande impu­ni­té : ils sont for­més par des gens de l’ex­trême-droite, poli­ciers et mili­taires, ils conservent des rap­ports hié­rar­chiques entre eux et ne cachent pas trop leur appar­te­nance aux corps armés de l’É­tat [[Voir la bro­chure Un témoi­gnage. Cor­rup­tion dans l’ar­mée et la police uru­guayenne. Édi­té par le Comi­té de défense des pri­son­niers en Uru­guay, 67 rue du Théâtre, Paris 15e.]]. Ils se pro­mènent dans la ville dans des Ford Fal­con, en civil et avec des armes longues ; les per­qui­si­tions ont lieu aus­si bien de jour que de nuit, les loge­ments étant sac­ca­gés et pillés. Non seule­ment la per­sonne recher­chée est emme­née, mais d’autres membres de sa famille et par­fois tous ceux qui s’y trou­vaient [[I. Le 14 août 1975, les parents, frère et soeur de Maria­no Pujals (un gué­rille­ro tué en 1972) furent enle­vés de leur domi­cile et exé­cu­tés. Leurs corps furent ensuite détruits à la dyna­mite. Amnes­ty Inter­na­tio­nal. Rap­port annuel 1975 – 1976, p. 84.

II. Dans la nuit du 14 au 15 juillet der­nier, vers les trois heures du matin, un groupe d’hommes armés se pré­sen­ta au domi­cile de la famille Tar­no­polskv, sis au numé­ro 2600 de la Rue Pena, à Bue­nos Aires. Sup­po­sé­ment munis d’un man­dat d’ar­res­ta­tion contre la jeune fille Bet­ti­na, étu­diante de 15 ans, les hommes armés firent d’a­bord sau­ter la porte à l’aide d’une bombe, puis péné­trèrent dans la mai­son. Comme la jeune étu­diante ne s’y trou­vait pas, puis­qu’elle était allée dor­mir chez sa grand-mère, ils prirent comme otages ses parents qui n’a­vaient pour­tant jamais mili­té dans aucun par­ti poli­tique, et les emme­nèrent de force sans même leur per­mettre de prendre avec eux du linge chaud pour se pro­té­ger du froid d’hi­ver. Ils les obli­gèrent alors à les conduire au domi­cile de la grand-mère, où se trou­vait Bet­ti­na, ain­si que chez leur fils aîné qui effec­tuait alors son ser­vice mili­taire et qui ne se trou­vait pas chez lui ce soir-là, étant don­né que les troupes avaient été consi­gnées dans leurs casernes. Néan­moins, ils emme­nèrent son épouse Lau­ra Tar­no­pols­ky. Les trois domi­ciles furent fouillés de fond en comble par le groupe armé qui non seule­ment détrui­sit de nom­breux effets per­son­nels mais s’empara de plu­sieurs objets de valeur. Les cinq per­sonnes, y com­pris le fils aîné Ser­gio, ont depuis lors dis­pa­rues et on est sans nou­velles d’elles. Les mul­tiples démarches effec­tuées par la famille auprès du minis­tère de l’In­té­rieur, le recours d’Hal­beas Cor­pus pré­sen­té devant dif­fé­rents tri­bu­naux ain­si que les recherches entre­prises par la Chambre argen­tine de l’in­dus­trie chi­mique n’ont don­né aucun résul­tat et aucune de ces per­sonnes n’est réapparue.]]. 

Étant don­né que la fina­li­té de ces pro­cé­dés est inti­mi­da­toire, ter­ro­riste, ils ne s’exercent pas seule­ment sur les mili­tants syn­di­caux ou poli­tiques et leurs proches, mais aus­si sur les couches intel­lec­tuelles de la bour­geoi­sie libé­rale, par exemple et très spé­cia­le­ment les avo­cats qui ont osé défendre les pri­son­niers, des psy­chiatres et psy­cho­logues (il y a une liste de 10 dis­pa­rus), des jour­na­listes, etc. 

Les bandes nazi-fas­cistes affichent publi­que­ment leur idéo­lo­gie. Dans les rues de Bue­nos Aires est appa­rue la vieille lit­té­ra­ture nazie et com­mence la per­sé­cu­tion des Juifs. La per­sé­cu­tion idéo­lo­gique a pris une telle ampleur que les gens détruisent spon­ta­né­ment tous les livres en rap­port, si loin­tain soit-il, avec le mar­xisme, la révo­lu­tion et même Freud, consi­dé­ré sub­ver­sif par les nou­veaux maîtres [[Il est signi­fi­ca­tif du cli­mat idéo­lo­gique réac­tion­naire, moyen-âgeux, la per­sé­cu­tion diri­gée sur les sciences sociales, en par­ti­cu­lier la psy­cho­lo­gie et la psy­cha­na­lyse, consi­dé­rées sub­ver­sives et contraires à la morale, la famille et la patrie. Un exemple : tous les patients en « psy­cho­thé­ra­pie de groupe » doivent être décla­rés au com­mis­sa­riat du quar­tier. Les Centres de San­té Men­tale ont été déman­te­lés et on leur applique la « Loi de Sécu­ri­té » qui per­met de faire ces­ser immé­dia­te­ment dans ses fonc­tions tout employé soup­çon­né de non-confor­misme idéologique.]]. 

L’a­gi­ta­tion ouvrière fut très impor­tante pen­dant les der­nières années, mal­gré le niveau de cor­rup­tion atteint par la bureau­cra­tie syn­di­cale, jamais éga­lé dans le pays, et leur com­pro­mis­sion poli­tique avec le péro­nisme offi­ciel. Le contrôle est très sévère et les grèves sont inter­dites : cepen­dant. quelques grèves très impor­tantes se déve­loppent, telles que celles de Luez et Fuer­za (élec­tri­ci­té) dans les mois der­niers. De plus en plus le sabo­tage devient une tech­nique d’ac­tion, sur­tout dans l’in­dus­trie automobile. 

Des cen­taines de mil­liers de réfu­giés lati­no-amé­ri­cains sont gra­ve­ment mena­cés. Un exemple par­mi d’autres : le 21 mai on a décou­vert les corps muti­lés de 5 Chiliens. 

Dans les six mois der­niers, la col­lu­sion entre la police uru­guayenne et argen­tine a per­mis l’ac­tion de com­man­dos « mixtes », — de mili­taires et poli­ciers, uru­guayens et argen­tins — qui opèrent sur les deux rives du Rio de la Pla­ta. Ceci a per­mis l’as­sas­si­nat ou la séques­tra­tion d’une cen­taine de mili­tants de la R.O.E. (Résis­tance Ouvrière-Etu­diante), la plu­part exi­lés en Argen­tine. En ce qui concerne l’U­ru­guay le nombre de pri­son­niers poli­tiques dépasse les 6 000, pro­por­tion énorme compte tenu du fait que la popu­la­tion du pays est de 2 mil­lions et demi d’ha­bi­tants. Devant une situa­tion de réces­sion éco­no­mique et de forte infla­tion — comme par­tout en Amé­rique Latine, sauf le Vene­zue­la — le dépeu­ple­ment est grand et les forces armées, qui sont deve­nues pen­dant les der­nières années des forces d’oc­cu­pa­tion, ont expul­sé du pays un demi-mil­lion d’ha­bi­tants. Cette migra­tion éco­no­mique et poli­tique s’a­che­mi­nait géné­ra­le­ment vers l’Argentine. 

Nous avons déjà dit que la répres­sion a dure­ment frap­pé ces der­niers temps les cama­rades de la R.O.E. Cette orga­ni­sa­tion fut créée en 1968 par des cama­rades de la F.A.U. (Fédé­ra­tion anar­chiste Uru­guayenne) pour faire face à la dic­ta­ture, après la sup­pres­sion de toutes les orga­ni­sa­tions poli­tiques de gauche (1967 : décret qui ordonne la dis­so­lu­tion de la F.A.U., du Mou­ve­ment Révo­lu­tion­naire Orien­tal, du Mou­ve­ment de la Gauche Révo­lu­tion­naire, Mou­ve­ment d’Ac­tion Popu­laire Uru­guayenne et Par­ti Socialiste). 

Entre sep­tembre 1975 et avril 1976, la R.O.E. publiait et fai­sait cir­cu­ler en Uru­guay 7a Sema­na (heb­do­ma­daire) et En pocas pala­bras (En quelques mots), ce der­nier avec un conte­nu plus agi­ta­teur, ain­si que le Bole­tin de la Résis­ten­cia.

Dans le cou­rant du mois de juillet, un com­man­do de poli­ciers et mili­taires séques­tra à l’in­té­rieur de l’Am­bas­sade du Vene­zue­la l’ins­ti­tu­trice Ele­na Quin­te­ros de Diaz, mili­tante de la R.O.E. Quelques jours après, fin juillet, de nom­breux mili­tants syn­di­caux de l’en­tre­prise Fun­sa-Fires­tone, de la Banque d’As­su­rances et d’autres lieux de tra­vail furent déte­nus et torturés. 

Peu après le coup mili­taire en Argen­tine, le 28 mars, trois mili­tants de la R.O.E. furent déte­nus quand ils essayaient de pas­ser la fron­tière. A la même époque furent séques­trés à Bue­nos Aires Tel­ba Jua­rez, Eduar­do Chiz­zo­la et Ary Cabre­ra (R.O.E.). On retrou­va les corps des deux pre­miers, cri­blés de balles, dans les rues de Bue­nos Aires. Des cadavres qui ne purent pas être iden­ti­fiés, avec des traces d’a­troces tor­tures, com­men­cèrent à appa­raître sur les côtes uruguayennes. 

Le 8 juin fut déte­nu, à son domi­cile, à Bue­nos Aires, Gerar­do Gat­ti, 46 ans, qui avait été mili­tant des Arts Gra­phiques de Mon­te­vi­deo et l’un des fon­da­teurs et ani­ma­teurs de la F.A.U. entre 56 et 67, époque à laquelle la F.A.U. entre dans la clan­des­ti­ni­té. Il par­ti­ci­pa à la fon­da­tion de la cen­trale uni­taire Conven­tion Natio­nale de Tra­vailleurs (C.N.T.), fut membre du secré­ta­riat et mili­tait dans la ten­dance liber­taire minoritaire. 

Gat­ti avait col­la­bo­ré aus­si à plu­sieurs publi­ca­tions anar­chistes : Lucha Liber­ta­ria [[Au moment de la créa­tion de la F.A.U., en 1956, le jour­nal anar­chiste Volun­tad devint son porte-parole avec le nom de Lucha Liber­ta­ria mais en gar­dant l’an­cienne numé­ro­ta­tion.]] (pério­dique) et Rojo y Negro (revue) ain­si qu’aux Lettres de la Fau qui cir­cu­laient même après la dis­so­lu­tion publique de cette orga­ni­sa­tion. Il avait été le direc­teur du jour­nal Epo­ca jus­qu’à sa sup­pres­sion (par décret) et fut un des fon­da­teurs de la R.O.E. En appli­ca­tion des « Mesures Spé­ciales de Sécu­ri­té » fut déte­nu en 1970. Empri­son­né et tor­tu­ré à plu­sieurs reprises, il s’é­tait exi­lé en Argen­tine en 1973. 

Le 15 juin, une semaine après son arres­ta­tion, les auto­ri­tés argen­tines infor­mèrent le Juge que Gerar­do Gat­ti n’é­tait pas empri­son­né en Argentine. 

Le 20 juin fut déte­nu Enrique Rodri­guez Lar­re­ta, jour­na­liste, mili­tant de la R.O.E., pen­dant qu’il cir­cu­lait dans le centre de Bue­nos Aires. Il ne fut pas retrou­vé, et quelques jours plus tard, pen­dant qu’ils réa­li­saient des démarches pour essayer de le retrou­ver, sa femme et son père furent séques­trés. Dès lors, on n’a plus eu de nou­velles d’eux. 

Dans la nuit du 13 au 14 juillet on per­qui­si­tion­na plu­sieurs loge­ments de réfu­giés uru­guayens. Par­mi les nom­breux déte­nus se trou­vaient : Léon Duarte, ancien mili­tant de la F.A.U., membre de la R.O.E., mili­tant ouvrier de l’in­dus­trie du caou­tchouc, fon­da­teur de la C.N.T.U. et membre du secré­ta­riat ; José Félix Diaz (mari de l’ins­ti­tu­trice séques­trée à l’Am­bas­sade du Vene­zue­la à Mon­te­vi­deo) ; Mar­ga­ri­ta Miche­li­ni [[Fille du séna­teur uru­guayen Zel­nar Miche­li­ni, qui fut séques­tré à Bue­nos Aires avec le pré­sident de la Chambre de Dépu­tés Uru­guayenne, Hec­tor Gutier­rez Ruiz. Leurs corps cri­blés de balles furent retrou­vés le 21 mai ain­si que les cadavres de 2 autres réfu­giés uru­guayens.]] ; Raul Altuña — tous mili­tants de la R.O.E. et deux enfants âgés de 18 mois et de 20 jours. 

Pen­dant la deuxième quin­zaine du mois d’août, Washing­ton Ferez — actuel­le­ment exi­lé en Suède — publia un témoi­gnage qui parut dans la presse bour­geoise de plu­sieurs pays d’Eu­rope, dénon­çant les méthodes employés par l’ar­mée et la police. 

W. Per­ez, ancien ouvrier du caou­tchouc, qui tra­vaillait comme ven­deur de jour­naux depuis deux ans, à Bue­nos Aires. fut séques­tré pour ser­vir d’in­ter­mé­diaire, dans un plan sup­po­sé d’ex­tor­sion de fonds à la R.O.E. Entre juin et juillet il voit vivants Gat­ti et Duarte, tous les deux pré­sen­tant des signes évi­dents d’a­voir été sau­va­ge­ment torturés. 

Début octobre, de nou­velles arres­ta­tions ont été effec­tuées en Argen­tine et on connaît les noms de 22 cama­rades, mili­tants de la R.O.E.

Un autre groupe de cama­rades et deux enfants furent tués dans le siège d’une mai­son, après 12 heures de lutte dans laquelle l’ar­mée inter­vint avec armes lourdes. 

De la cen­taine de mili­tants dont on a par­lé plus haut, on sait jus­qu’à pré­sent qu’en­vi­ron 12 sont morts, et plus ou moins 20 com­mencent à appa­raître entre les mains de la police uru­guayenne. Des autres, on est sans nouvelles. 

Un autre groupe de cama­rades anar­chistes uru­guayens qui en 1956 fai­saient par­tie de la F.A.U. — jus­qu’à une scis­sion sur­ve­nue en 1964 — consti­tuaient depuis 1955 le noyau cen­tral d’une com­mu­nau­té de vie et de tra­vail ins­tal­lée à Mon­te­vi­deo. Cette com­mu­nau­té qui avait l’une des impri­me­ries les plus impor­tantes de la ville, subit une répres­sion constante jus­qu’à l’é­cra­se­ment total. 

Après d’in­nom­brables per­qui­si­tions, et la déten­tion par périodes plus ou moins pro­lon­gées de la tota­li­té des adultes — dont plu­sieurs bru­ta­le­ment tor­tu­rés — et l’im­pos­si­bi­li­té d’u­ti­li­ser l’im­pri­me­rie, qui était leur seul moyen de vie. la Com­mu­nau­té du Sud se vit contrainte à s’exi­ler. Quelques-uns se sont ins­tal­lés au Pérou, d’autres réus­sirent à sor­tir avec l’aide d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal vers l’Eu­rope. Un autre groupe (7 per­sonnes) lié aus­si à la com­mu­nau­té, moins chan­ceux, pas­sa en Argen­tine. Ils y furent arrê­tés et tor­tu­rés et sont empri­son­nés depuis un an. 

La dif­fu­sion de ces infor­ma­tions a pour nous deux fina­li­tés fon­da­men­tales : l’une c’est de par­ti­ci­per à l’œuvre de soli­da­ri­té inter­na­tio­nale indis­pen­sable â la lutte que mènent les cama­rades de l’A­mé­rique Latine. L’autre c’est d’ap­pe­ler tout le mou­ve­ment anar­chiste euro­péen à réflé­chir sur les menaces impli­quées dans le futur immé­diat d’une socié­té libé­rale avan­cée qui cache sous un voile de pudeur la force inhé­rente à l’É­tat et le capi­tal et à laquelle les classes domi­nantes feront appel dès qu’elles ver­ront en dan­ger leurs pré­ro­ga­tives éco­no­miques et politiques.

Syrs

Dans le pro­chain numé­ro de La Lan­terne Noire nous espé­rons pou­voir pré­sen­ter un expo­sé des posi­tions idéo­lo­giques et stra­té­giques de la R.O.E. et de son évo­lu­tion depuis les ori­gines de la F.A.U. Nous don­ne­rons aus­si une infor­ma­tion plus com­plète sur la Com­mu­nau­té du Sud, de Montevideo.

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