À un juriste soucieux de rester au-delà de la mêlée succède un politique, Patrick Hillery, membre du parti d’opposition Fianna Fail (« Combattants du Destin », en gaélique : les héritiers nantis du mouvement Républicain des années 20), donc peu enclin à se montrer en reste de fermeté. C’est à lui qu’échoit en dernier lieu de décider de l’exécution des Murray (la première qu’ait connu l’Irlande du Sud depuis 1954), et de marquer ainsi le début de sa magistrature. Sa carrière internationale (il représentait l’Irlande à la Commission Européenne) le rendra-t-elle alors plus sensible aux réactions possibles à l’étranger ?
Le Comité Irlande (gauchiste, prorépublicain) a édité une traduction de la brochure du Comité de défense des Murray (2 F, à CEDETIM, 14, rue de Nanteuil, 75015 Paris). Le Mouvement d’Action Judiciaire a envoyé trois observateurs (dont W Jouffa) à Dublin. Jean-Paul Sartre a envoyé un télégramme de protestation. Mais que font les anarchistes ?…
En Italie, la Fédération anarchiste a lancé une campagne en faveur des Murray, sans toutefois leur accorder le label anarchiste. En France, la F.A., moins inquiète, pousse cette position jusqu’à sa conclusion logique, et refuse de faire quoi que ce soit pour eux (sauf un communiqué cet été). Des articles ont été publiés dans Front Libertaire (organe de l’O.C.L., ex‑O.R.A.), Basta, Le Réfractaire…
Après l’Espagne et Puig Antich, l’Irlande sera-t-elle le premier pays d’Europe à exécuter des anarchistes ?