La Presse Anarchiste

Résolutions votées par le Congrès du Locle

Sur la gestion du Comité fédéral.

Le Congrès approuve la ges­tion du Comi­té fédé­ral et lui donne décharge de son administration.

Sur le Bulletin.

  1. Le Congrès invite les Sec­tions à faire la plus active et immé­diate pro­pa­gande en faveur du Bul­le­tin de la Fédé­ra­tion juras­sienne, et à se char­ger elles-mêmes de la ren­trée des abon­ne­ments. Le Congrès recom­mande aux Comi­tés de Sec­tion d’o­pé­rer cette ren­trée tri­mes­triel­le­ment et d’en faire par­ve­nir chaque fois et de suite le mon­tant au Comi­té fédéral.
  2. L’ad­mi­nis­tra­tion du Bul­le­tin est confiée au Comi­té fédé­ral et la rédac­tion à l’ac­tion col­la­bo­ra­trice et col­lec­tive des Sec­tions sous le contrôle du Comi­té fédé­ral. Les Sec­tions auront à consti­tuer dans leur sein des com­mis­sions de rédac­tion qui se met­tront en com­mu­ni­ca­tion sui­vie et directe avec le Comi­té fédéral.
  3. Le Congrès recom­mande, quant à la rédac­tion du Bul­le­tin, la ligne de conduite sui­vante : main­tien éner­gique et ferme de l’hon­neur et de la digni­té de la Fédé­ra­tion juras­sienne dans la lutte enga­gée dans le sein de l’In­ter­na­tio­nale ; affir­ma­tion des prin­cipes du socia­lisme fédé­ra­liste et révo­lu­tion­naire ; pro­pa­gande, par l’ex­po­sé des faits, des moyens pra­tiques et des notions éco­no­miques qui doivent gui­der toute orga­ni­sa­tion militante.
  4. Le Congrès décide que dans le cas où la publi­ca­tion du Bul­le­tin pour l’an­née 1872 don­ne­rait un boni, le mon­tant en sera affec­té à la liqui­da­tion de la dette du jour­nal la Soli­da­ri­té.

Sur les membres centraux.

Consi­dé­rant qu’il y a uti­li­té pour la Fédé­ra­tion juras­sienne de faci­li­ter l’adhé­sion des per­sonnes qui, habi­tant une loca­li­té où il n’y a pas de Sec­tion, dési­rent néan­moins faire par­tie de l’Internatonale,

Le Congrès décide d’ad­mettre dans la Fédé­ra­tion juras­sienne des membres dits cen­traux aux condi­tions suivantes :

  1. Tout can­di­dat devra faire sa demande d’ad­mis­sion par écrit direc­te­ment au Comi­té fédé­ral juras­sien et être appuyé d’au moins un membre de la Fédération.
  2. Tout membre cen­tral devra s’ac­quit­ter auprès du Comi­té fédé­ral d’une coti­sa­tion annuelle de fr. 1 50, payable dans le cou­rant du pre­mier semestre de chaque année.
  3. Chaque membre cen­tral rece­vra du Comi­té fédé­ral une carte consta­tant sa qua­li­té d’adhé­rent à la Fédé­ra­tion jurassienne.

Sur les cotisations générales.

Consi­dé­rant que la Fédé­ra­tion juras­sienne doit s’ac­quit­ter stric­te­ment de toutes les obli­ga­tions pré­vues par les sta­tuts géné­raux de l’Internationale,

Le Congrès donne man­dat impé­ra­tif au Comi­té fédé­ral juras­sien de s’ac­quit­ter dans les quinze jours, auprès du Conseil géné­ral, des coti­sa­tions géné­rales dues par la Fédé­ra­tion jurassienne.

Sur l’attitude de la Fédération jurassienne en présence du prochain Congrès général — et sur la révision des Statuts généraux faite par le Conseil général.

Consi­dé­rant qu’il est dit, art. 3 des Sta­tuts géné­raux adop­tés par le Congrès inter­na­tio­nal de Genève et pro­mul­gués, sous les signa­tures Odger et Ecca­rius, par le Conseil géné­ral éta­bli à Londres :

« À l’é­poque fixée pour le Congrès, et sans qu’il soit néces­saire d’une convo­ca­tion spé­ciale, les délé­gués se réunissent de plein droit au lieu et jour dési­gnés. En cas d’im­pos­si­bi­li­té, le Conseil géné­ral pour­ra chan­ger le lieu du Congrès, sans en chan­ger tou­te­fois la date. »

Attende qu’il est dit, art. 15 du Règle­ment général :

« La révi­sion des pré­sents Sta­tuts et règle­ments peut être faite par chaque Congrès, à la demande des deux tiers des délé­gués présents ; »

Atten­du que par consé­quent la Confé­rence de Londres n’a­vait pas le droit d’ab­di­quer entre les mains du Conseil géné­ral le pou­voir de révi­ser les Sta­tuts, pou­voir qui appar­tient seule­ment à un Congrès ;

Consi­dé­rant en outre que si les évé­ne­ments poli­tiques des deux der­nières années ont pu jus­ti­fier dans une cer­taine mesure la sus­pen­sion des Congrès annuels, dans la situa­tion actuelle de l’Eu­rope aucun motif sérieux ne sau­rait être invo­qué en faveur d’une mesure de ce genre ; que par consé­quent le ren­voi du Congrès, qui doit sta­tu­tai­re­ment avoir lieu le pre­mier lun­di de Sep­tembre, ne pour­rait être qu’un abus de pou­voir du Conseil général ;

Le Congrès juras­sien, pas­sant outre en pro­tes­tant contre le droit que s’est arro­gé le Conseil géné­ral de révi­ser les Sta­tuts géné­raux de l’As­so­cia­tion, décide :

Une invi­ta­tion sera envoyée au Conseil géné­ral de choi­sir le siège du pro­chain Congrès et d’en don­ner com­mu­ni­ca­tion aux fédé­ra­tions dans le plus bref délai.

Un Congrès fédé­ral juras­sien sera tenu quelques jours avant l’ou­ver­ture du Congrès géné­ral pour choi­sir ses délé­gués et leur don­ner les ins­truc­tions néces­saires sur la ligne de conduite qu’ils auront à suivre pour repré­sen­ter digne­ment la Fédé­ra­tion juras­sienne dans cette grave cir­cons­tance et dans le sens du retour à la concorde entre les membres de l’As­so­cia­tion inter­na­tio­nale des travailleurs.

En pré­sence de la recru­des­cence de réac­tion bour­geoise qui sévit contre les tra­vailleurs, et de la crise que tra­verse en ce moment l’In­ter­na­tio­nale dans dif­fé­rents pays de l’Eu­rope et notam­ment en France, l’u­nion entre tous les membres de la grande Asso­cia­tion des ouvriers est plus que jamais nécessaire.

Sur le mouvement ouvrier dans l’industrie horlogère.

Consi­dé­rant que les expé­riences toutes récentes faites dans l’in­dus­trie hor­lo­gère démontrent suf­fi­sam­ment que l’or­ga­ni­sa­tion ouvrière n’a pas encore atteint dans nos contrées le degré de puis­sance néces­saire à lui don­ner toutes les chances de suc­cès en faveur des ouvriers ;

Que ce défaut d’or­ga­ni­sa­tion vient du manque de concep­tion, au sein de la classe ouvrière, du but qu’elle doit se pro­po­ser et des moyens d’ac­tion qu’elle doit employer ;

Que ce but bien déter­mi­né ne peut être autre que l’af­fran­chis­se­ment de tous, jus­qu’au der­nier des déshé­ri­tés ; que le moyen d’ac­tion défi­ni­tif ne peut être que la révo­lu­tion sociale ;

Que les socié­tés ouvrières, si elles s’en­ferment dans l’é­goïsme col­lec­tif du métier, loin de contri­buer à l’af­fran­chis­se­ment du pro­lé­ta­riat, ne ten­draient qu’à for­mer, comme l’a déjà craint le Congrès inter­na­tio­nal de Lau­sanne de 1867, un qua­trième État lais­sant en dehors de lui un cin­quième État plus misé­rable encore ;

Que les socié­tés ouvrières doivent, sous peine de man­quer à leur mis­sion, pra­ti­quer sur les bases les plus larges la soli­da­ri­té uni­ver­selle entre tous les tra­vailleurs de toute condition ;

Le Congrès invite toutes les socié­tés ouvrières de l’in­dus­trie hor­lo­gère à entrer fran­che­ment dans la pra­tique de la soli­da­ri­té géné­rale entre ouvriers ;

À consti­tuer par l’or­ga­ni­sa­tion de cette soli­da­ri­té, non seule­ment les socié­tés de métier, mais aus­si les fédé­ra­tions ouvrières fon­dées sur ce triple mode d’or­ga­ni­sa­tion : fédé­ra­tion de métier, fédé­ra­tion locale, fédé­ra­tion régio­nale, — cette orga­ni­sa­tion étant la plus pra­tique pour satis­faire les inté­rêts géné­raux de chaque corps de métiers, — et à intro­duire dans le grand mou­ve­ment ouvrier la masse des pro­lé­taires par le grou­pe­ment effec­tif des ouvriers sans pro­fes­sion organisée.

Le Congrès juge cepen­dant de son devoir de décla­rer qu’il ne consi­dère ce mode d’or­ga­ni­sa­tion comme utile qu’au­tant que les fédé­ra­tions ouvrières ain­si consti­tuées seront vivi­fiées par des ten­dances fran­che­ment révo­lu­tion­naires-socia­listes. Il invite donc tous les adhé­rents à la Fédé­ra­tion juras­sienne à exer­cer une acti­vi­té immé­diate, pour que le mou­ve­ment ouvrier hor­lo­ger prenne au plus vite le carac­tère indi­qué dans les pré­sentes résolutions.

Sur la proposition de la Section de Genève.

Consi­dé­rant que les évé­ne­ments dont la France a été le théâtre en 1870 et 1871 ont démon­tré d’une manière mal­heu­reu­se­ment trop écla­tante que la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale dans l’ac­tion révo­lu­tion­naire n’a pas encore péné­tré la conscience des peuples ;

Que l’In­ter­na­tio­nale, en tant qu’ex­pres­sion orga­ni­sa­trice des ouvriers socia­listes de tous les pays, a tout spé­cia­le­ment pour mis­sion de tra­vailler au déve­lop­pe­ment de l’i­ni­tia­tive socialiste-révolutionnaire ;

Qu’en lais­sant le mou­ve­ment com­mu­na­liste fran­çais livré à ses propres forces, l’In­ter­na­tio­nale a assu­mé sur elle, devant l’his­toire, une res­pon­sa­bi­li­té de laquelle elle doit se déga­ger en entrant, chaque fois que les évé­ne­ments peuvent le per­mettre, d’une manière com­plète et géné­rale dans l’ac­tion révolutionnaire ;

Le Congrès déclare :

Qu’il consi­dère que le suprême devoir des tra­vailleurs n’est pas seule­ment dans la pra­tique de la soli­da­ri­té éco­no­mique, mais sur­tout dans la pra­tique de la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale dans l’ac­tion révolutionnaire.

Sur l’attitude des ouvriers socialistes en Suisse en présence de l’agitation révisionniste.

Le Congrès approuve à l’u­na­ni­mi­té les conclu­sions du rap­port du Comi­té fédé­ral et la ligne de conduite sui­vie dans cette ques­tion par le Bul­le­tin de la fédé­ra­tion juras­sienne.

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