Le collectif que le faisait marcher depuis un an entretenait des rapports différents aussi avec ceux qui le fréquentaient, non exclusivement basés sur le fric. Un restaurant qui soit un lieu d’échange et de discussion, une expérience d’autogestion, de liberté, pas une boîte à fric.
Il est maintenant officiel qu’il s’agit d’un attentat à explosif. La police refuse de continuer l’enquête sous prétexte de manque d’éléments, ce qui ne l’a pas empêché d’outrepasser ses « droits » (perquisitions, interrogatoires abusifs). Cette tactique est maintenant bien connue à Lyon depuis trois ans : Libération, les locaux du P.S., la librairie « Le Soleil Noir » (C.F.D.T.), la bibliothèque socialiste ont tous connu ce scénario. « Fuite de gaz », annonce la presse locale…
Trois ans, ce laps de temps correspond à l’interdiction des mouvements extrémistes dans certaines villes du Sud (telle Aix-en-Provence). Depuis, les meetings nationaux des partis d’extrême-droite se tiennent à Lyon (le dernier en date étant celui du P.F.N. le 10 octobre). On constate aussi que le front de la jeunesse raffermit ses positions et devient de plus en plus éloquent si on en juge leurs bombages, leurs affiches…
Cette montée de fascistes va de pair avec la montée des actes « terroristes » et cela correspond à une répression du pouvoir qui, jusqu’à nos jours, va toujours dans le même sens. De nombreux intellectuels ont déjà prouvé cette tendance du pouvoir.
Cet article n’a pas pour but d’analyser la répression au niveau théorique, mais de savoir comment attaquer le système afin de pouvoir y vivre et continuer notre expérience.
Pour cela, le comité le soutien croit que l’existence du « Goût de canon » est la meilleure façon de répondre aux plastiqueurs. Se donner les moyens d’exister et de lutter signifie :
Au niveau du restaurant lui-même : détruire les rapports « client-commerçant » et par cela même créer des rapports entre « clients ». C’est pour nous l’occasion d’expérimenter une forme d’autogestion, tout en étant conscient qu’il faut d’une part assurer un minimum de besoins pour les gens (ex. l’approvisionnement…) et d’autre part avoir des conditions vivables pour ceux qui les assument.
Au niveau du restaurant dans le système : il ne doit pas être un lieu où l’on vend seulement de la nourriture, mais doit rester un centre d’échange, de communication, de recherches et d’informations pour développer une pratique de vie dans la lutte quotidienne contre le pouvoir.
Après la Librairie Publico de la Fédération Anarchiste, la Librairie espagnole à Perpignan, L’imprimerie 34 à Toulouse, le local du groupe Louise Michel à Paris, le Restaurant « Le goût de canon » à Lyon a fait les frais de la renaissante activité des fascistes.
La solidarité doit jouer et s’organiser de mieux en mieux. Mais surtout, il vous faudra bien trouver le moyen d’enrayer cette vague d’attentats.
Les locaux, les machines, les objets, ça se remplace et on le fera. Mais ce qui est plus grave ce sont les risques sur les personnes ! Surtout si les fascistes commencent à multiplier les agressions individuelles « le soir au coin du bois » comme ça recommence à se produire au Pays Basque ou dans les universités.
Alors… équilibre de la terreur ?… passivité ?… protestation démocratique ?… ou autre chose ?…
Pour arriver à ces buts, le comité du restaurant a besoin non seulement d’argent, mais surtout d’une participation active de tous ceux qui y travaillaient, de tous ceux qui le fréquentaient et de tous ceux qui s’intéressent à l’expérience. Plus nous serons forts pour répondre aux besoins des clients et de plus si l’on ne veut pas rester marginal et tenter une expérience en circuit fermé, il est primordial que tous ensemble non seulement nous recommencions le « Goût de canon », mais que chacun à son niveau expérimente d’autres tentatives. Pour attaquer le système en place, dans chaque quartier, chaque entreprise, créons ces expériences et n’attendons pas d’être le « martyre » d’un plastiquage fasciste ou autre. C’est dans la conscience même de chacun qu’il faut réagir à cet attentat, en exprimant une solidarité active et en s’engageant dans toutes les formes de lutte qui attaquent le pouvoir.
COMITÉ DE SOUTIEN AU « GOÛT DE CANON », permanence tous les jours sauf le dimanche, de 18 h à 20 h, au local de l’A.C,L.R., 13, rue Pierre-Blanc, 63001 Lyon.