La Presse Anarchiste

Communiqué de presse

Le 6 octobre à 2 h 30 du matin, le res­tau­rant « Le goût de canon », 9, rue Bur­deau, 69001 Lyon, est détruit par une explo­sion. Ce res­tau­rant de la Croix-Rousse [[La Croix-Rousse est depuis quelque temps la cible favo­rite de la muni­ci­pa­li­té par l’in­ter­mé­diaire des pro­mo­teurs afin d’é­pu­rer ce quar­tier de « tout ce qui n’est pas déco­ra­tif » (immi­grés, jeunes, per­sonnes âgées, clo­chards…) pour en faire un quar­tier « bien ».]] était une expé­rience originale : 

Le col­lec­tif que le fai­sait mar­cher depuis un an entre­te­nait des rap­ports dif­fé­rents aus­si avec ceux qui le fré­quen­taient, non exclu­si­ve­ment basés sur le fric. Un res­tau­rant qui soit un lieu d’é­change et de dis­cus­sion, une expé­rience d’au­to­ges­tion, de liber­té, pas une boîte à fric. 

Il est main­te­nant offi­ciel qu’il s’a­git d’un atten­tat à explo­sif. La police refuse de conti­nuer l’en­quête sous pré­texte de manque d’élé­ments, ce qui ne l’a pas empê­ché d’ou­tre­pas­ser ses « droits » (per­qui­si­tions, inter­ro­ga­toires abu­sifs). Cette tac­tique est main­te­nant bien connue à Lyon depuis trois ans : Libé­ra­tion, les locaux du P.S., la librai­rie « Le Soleil Noir » (C.F.D.T.), la biblio­thèque socia­liste ont tous connu ce scé­na­rio. « Fuite de gaz », annonce la presse locale… 

Trois ans, ce laps de temps cor­res­pond à l’in­ter­dic­tion des mou­ve­ments extré­mistes dans cer­taines villes du Sud (telle Aix-en-Pro­vence). Depuis, les mee­tings natio­naux des par­tis d’ex­trême-droite se tiennent à Lyon (le der­nier en date étant celui du P.F.N. le 10 octobre). On constate aus­si que le front de la jeu­nesse raf­fer­mit ses posi­tions et devient de plus en plus élo­quent si on en juge leurs bom­bages, leurs affiches… 

Cette mon­tée de fas­cistes va de pair avec la mon­tée des actes « ter­ro­ristes » et cela cor­res­pond à une répres­sion du pou­voir qui, jus­qu’à nos jours, va tou­jours dans le même sens. De nom­breux intel­lec­tuels ont déjà prou­vé cette ten­dance du pouvoir.

Cet article n’a pas pour but d’a­na­ly­ser la répres­sion au niveau théo­rique, mais de savoir com­ment atta­quer le sys­tème afin de pou­voir y vivre et conti­nuer notre expérience. 

Pour cela, le comi­té le sou­tien croit que l’exis­tence du « Goût de canon » est la meilleure façon de répondre aux plas­ti­queurs. Se don­ner les moyens d’exis­ter et de lut­ter signifie : 

Au niveau du res­tau­rant lui-même : détruire les rap­ports « client-com­mer­çant » et par cela même créer des rap­ports entre « clients ». C’est pour nous l’oc­ca­sion d’ex­pé­ri­men­ter une forme d’au­to­ges­tion, tout en étant conscient qu’il faut d’une part assu­rer un mini­mum de besoins pour les gens (ex. l’ap­pro­vi­sion­ne­ment…) et d’autre part avoir des condi­tions vivables pour ceux qui les assument. 

Au niveau du res­tau­rant dans le sys­tème : il ne doit pas être un lieu où l’on vend seule­ment de la nour­ri­ture, mais doit res­ter un centre d’é­change, de com­mu­ni­ca­tion, de recherches et d’in­for­ma­tions pour déve­lop­per une pra­tique de vie dans la lutte quo­ti­dienne contre le pouvoir. 

Après la Librai­rie Publi­co de la Fédé­ra­tion Anar­chiste, la Librai­rie espa­gnole à Per­pi­gnan, L’im­pri­me­rie 34 à Tou­louse, le local du groupe Louise Michel à Paris, le Res­tau­rant « Le goût de canon » à Lyon a fait les frais de la renais­sante acti­vi­té des fascistes. 

La soli­da­ri­té doit jouer et s’or­ga­ni­ser de mieux en mieux. Mais sur­tout, il vous fau­dra bien trou­ver le moyen d’en­rayer cette vague d’attentats. 

Les locaux, les machines, les objets, ça se rem­place et on le fera. Mais ce qui est plus grave ce sont les risques sur les per­sonnes ! Sur­tout si les fas­cistes com­mencent à mul­ti­plier les agres­sions indi­vi­duelles « le soir au coin du bois » comme ça recom­mence à se pro­duire au Pays Basque ou dans les universités. 

Alors… équi­libre de la ter­reur ?… pas­si­vi­té ?… pro­tes­ta­tion démo­cra­tique ?… ou autre chose ?… 

Pour arri­ver à ces buts, le comi­té du res­tau­rant a besoin non seule­ment d’argent, mais sur­tout d’une par­ti­ci­pa­tion active de tous ceux qui y tra­vaillaient, de tous ceux qui le fré­quen­taient et de tous ceux qui s’in­té­ressent à l’ex­pé­rience. Plus nous serons forts pour répondre aux besoins des clients et de plus si l’on ne veut pas res­ter mar­gi­nal et ten­ter une expé­rience en cir­cuit fer­mé, il est pri­mor­dial que tous ensemble non seule­ment nous recom­men­cions le « Goût de canon », mais que cha­cun à son niveau expé­ri­mente d’autres ten­ta­tives. Pour atta­quer le sys­tème en place, dans chaque quar­tier, chaque entre­prise, créons ces expé­riences et n’at­ten­dons pas d’être le « mar­tyre » d’un plas­ti­quage fas­ciste ou autre. C’est dans la conscience même de cha­cun qu’il faut réagir à cet atten­tat, en expri­mant une soli­da­ri­té active et en s’en­ga­geant dans toutes les formes de lutte qui attaquent le pouvoir.

COMITÉ DE SOUTIEN AU « GOÛT DE CANON », per­ma­nence tous les jours sauf le dimanche, de 18 h à 20 h, au local de l’A.C,L.R., 13, rue Pierre-Blanc, 63001 Lyon. 

La Presse Anarchiste