La Presse Anarchiste

Mouvement social

Espagne

Les ventres creux sont tra­qués là-bas. Le ministre des tra­vaux publics du cabi­net de Madrid
vient de pro­mettre de leur don­ner du plomb quand ils deman­de­ront du pain ; et pour ne pas les faire
lan­guir dans les pri­sons, la cour mar­tiale fonc­tion­ne­ra plus ter­rible qu’en temps de guerre.

En vingt quatre heures, ou moins même, les rebelles seront pris, jugés et exécutés.

Les gou­ver­ne­ments espèrent enrayer la marche ascen­dante des idées anar­chistes en exé­cu­tant les
pri­son­niers de Xérès et en pro­met­tant d’assassiner en masse les meurts-de-faim au 1er mai
prochain.

Mais cela pour­rait bien être cause de plus sérieuses insurrections.

Le ministre de la guerre se trompe peut-être lorsqu’il dit être sûr de son armée ; les fils et
les frères des Pataouets,ceux qui sont à la caserne, pour­raient bien se rap­pe­ler au moment du
car­nage qu’il font par­tie de ce peuple qu’on leur com­mande d’assassiner ; qu’hier ils étaient à la
char­rue et à l’atelier, que demain ils y retour­ne­ront et dans un moment de luci­di­té reconnaître
meurs vrais ennemis.

Mais il se peut aus­si que le peuple en uni­forme tire sur le peuple en guenille.

À Paris, aus­si, le 18 mars 71, 35000 com­mu­nards ont été mitraillés… l’idée n’en est pas moins
res­tée debout.

Le sou­ve­nir des mar­tyrs de Chi­ca­go n’empêche pas qu’aujourd’hui on entende des milliers
d’hommes se dire anarchistes.

Et si on tue ceux d’Espagne il y aura encore quelques grands cœurs de moins qui bat­tront pour
l’anarchie, quelques hommes qui ne pour­ront plus tra­vailler au bon­heur de l’humanité, l’idée sera
quand même là, rayon­nante parce qu’elle est vérité.

Bil­bao

Il y a eu grève des mineurs dans plu­sieurs centres houillers du 25 jan­vier au 8 février, mais après
plu­sieurs com­bats avec les sol­dats et la gen­dar­me­rie où il y a eu beau­coup de sang ver­sé de part et
d’autres, la tra­vail a été repris.

Le gou­ver­ne­ment consi­dé­rant le carac­tère anar­chiste du mou­ve­ment à fait fonc­tion­ner la cour
martiale.

Valladolid

Un artilleur nom­mé Cami­na­go a tué son ser­gent d’un coup de cara­bine parce qu’il le punissait
injustement.

Suisse

La Suisse accor­de­ra désor­mais l’extradition des anarchistes.

— O —

Wil­na 24 jan­vier — Un offi­cier d’artillerie venant prendre le com­man­de­ment de sa bat­te­rie et voyant
que ses hommes lui refu­saient le salut mili­taire, par muti­ne­rie, en tua deux à coups de revolver.

Par­tout les mêmes ces galonnés !

Portugal

À Lis­bonne des ouvriers sans tra­vail ont pillé les boulangeries

Algérie

Une dégoû­tante affaire de mœurs a été décou­verte au pre­mier étran­ger à Bel-Abbès.

Pour empê­cher ces scan­dales il faut jeter bas les casernes.

Tho­mas­si­ni et Jerres, ser­gents, ont atti­ré un jeune sol­dat dans leur chambre et par la
vio­lence ils ont com­mis sur lui un atten­tat ignoble.

Voi­là jusqu’à quel point le mili­ta­risme abru­ti l’individu, on ne peut pas dire que se sont des
excep­tions, il ne se passe pas de semaine sans que les quo­ti­diens relatent 3 ou 4 faits aussi
révol­tants  ; il est pro­bable que si ces gens-là au lieu de vivre en caserne dans cette continuelle
pro­mis­cui­té, avaient pu vivre de la vie large de l’homme libre, ils n’auraient pas été réduit à
faire ces ignobles saletés. 

La Presse Anarchiste