La Presse Anarchiste

À propos de la solidarité

À tout le mou­ve­ment lib­er­taire : sur la sol­i­dar­ité révolutionnaire. 

Alors que depuis plusieurs mois, des cama­rades sont empris­on­nés, en France et ailleurs, que cer­tains risquent la peine de mort (Mar­ry et Noël Mur­ray, en Irlande), les divers­es organ­i­sa­tions dites lib­er­taires s’avèrent inca­pables de lancer un véri­ta­ble mou­ve­ment de solidarité ! 

Nous pen­sons qu’il faut pren­dre des ini­tia­tives con­crètes de sol­i­dar­ité à tra­vers un mou­ve­ment autonome (sur la base des groupes exis­tants, ou non). 

Pour cela il n’y a pas besoin d’une nou­velle Organ­i­sa­tion, mais d’une entente min­i­mum sur des bases théoriques cohérentes, et si pos­si­ble d’une coor­di­na­tion pra­tique (locale, régionale, « nationale » et internationale). 

La sol­i­dar­ité ne doit pas être une activ­ité séparée, mais doit faire par­tie de notre com­bat révo­lu­tion­naire ; com­bat per­ma­nent con­tre le cap­i­tal et l’É­tat, sous toutes ses formes (démoc­ra­tique, fas­ciste ou bureau­cra­tique) et toutes les mys­ti­fi­ca­tions des pseu­do-oppo­si­tion : syn­di­cats, par­tis et groupuscules !

Il se peut que dans cer­tains cas cette activ­ité, la sol­i­dar­ité, appa­raisse comme « séparée » de la lutte de class­es (dans la ver­sion mythique de l’ul­tra-gauche), mais elle ne peut en aucun cas y être opposée ! 

Ain­si nous devons pren­dre nos pro­pres respon­s­abil­ités et refuser toutes les compromissions. 

La pre­mière démarche de la sol­i­dar­ité est de dire la VÉRITÉ sur les actes et les idées des cama­rades arrêtés (ex. pour les cama­rades de l’ex‑M.I.L., cer­tains les ont présen­tés comme des « provo­ca­teurs », des marx­istes » (au sens péjo­ratif !) et même des « Cata­lans » « anti-fran­quistes », etc.) 

Il se peut que nous soyons en désac­cord avec cer­tains aspects de la lutte de cama­rades empris­on­nés (comme tou­jours ce sont ceux qui ne font rien qui cri­tiquent le plus), mais cela ne doit pas nous don­ner de fauss­es excus­es pour ne rien faire ; la cri­tique ne peut être que la con­séquence de notre solidarité ! 

Cette sol­i­dar­ité cri­tique ne doit pas être ni l’apolo­gie, ni la fal­si­fi­ca­tion des actes « incrim­inés », ni la récupéra­tion (lutte par procuration). 

Il ne s’ag­it pas non plus de répéter les mêmes actes en espérant faire « sor­tir à tout prix » des cama­rades empris­on­nés. Il s’ag­it prin­ci­pale­ment d’es­say­er de faire par­ticiper le max­i­mum de gens con­cernés sur la base d’ac­tions directes adéquates. L’ob­jec­tif prin­ci­pal est de créer, si pos­si­ble, un rap­port de force poli­tique pour éviter un affron­te­ment direct entre indi­vidus ou groupes isolés et l’ap­pareil d’É­tat. Dans le cas où des cama­rades risquent la peine de mort (ou de fortes peines) il faut se pré­par­er à l’a­vance et si la sit­u­a­tion l’ex­ige employ­er des moyens rad­i­caux (vio­lents ?), en prenant soin de bien expli­quer ces actions (ex. affaire Suraez !). 

Notre ter­rain de lutte n’est pas le juridique en soi, mais de dénon­cer tous les effets répres­sifs de la société pour s’at­ta­quer réelle­ment aux caus­es (les rap­ports de pro­duc­tion cap­i­tal­istes : le salari­at, l’é­conomie marchande, etc.). 

Tout cela sem­ble vaste, mais il suf­fit de replac­er chaque cas con­cret dans son con­texte global. 

Pour en revenir aux cama­rades des ex‑G.A.R.I., détenus, cer­tains points sont à préciser : 

Ce ne sont pas des « antifas­cistes » ou des « antifran­quistes » (le fran­quisme étant un obsta­cle au développe­ment du cap­i­tal­isme libéral en Espagne). 

Leur lutte est ant­i­cap­i­tal­iste, anti­au­tori­taire, con­tre toutes ses formes de ges­tion poli­tique : l’É­tat, qu’il soit démoc­ra­tique, fas­ciste ou bureaucratique ! 

Ces cama­rades espèrent une véri­ta­ble sol­i­dar­ité révo­lu­tion­naire pour organ­is­er leur défense poli­tique (et non juridique), ils n’at­ten­dent pas moins que ce qu’ils ont fait pour les cama­rades de l’ex‑M.I.L. !

C’est donc à cha­cun d’en­tre nous de pren­dre ces respon­s­abil­ités, sans atten­dre de mots d’or­dre ou de directives. 

Ces quelques lignes ne sont qu’une base pour la discussion.

Vu le manque de moyens immé­di­ats, nous deman­dons que ce texte cir­cule dans tout le mou­ve­ment lib­er­taire, qu’il soit repro­duit, dif­fusé, etc.

Con­tact : M. Camil­leri H.M., 23, rue des Géra­ni­ums, 31400 Toulouse.

Toulouse, le 10 novem­bre 1976.

Communiqué

Le Groupe d’En­traide aux inculpés des ex‑G.A.R.I., réu­ni en séance extra­or­di­naire le 4 novem­bre 1976, a pris la déci­sion unanime de se dissoudre. 

Ce Groupe remer­cie infin­i­ment les per­son­nes et organ­ismes leur ayant apporté leur col­lab­o­ra­tion ain­si que des témoignages de solidarité. 

Toute per­son­ne, ou organ­isme, désir­ant se tenir infor­mée de la sit­u­a­tion des détenus (Michel Camil­leri, Mario Ines Tor­res et Jean-Marc Rouil­lan) est priée de s’adress­er à leurs avocats : 

Maître Dechezelles Y., 2, rue Michel-Harispe, 75007 Paris.
Maître Etelin M.-Ch., 25, rue Perchep­einte, 31000 Toulouse.
Maître Jaco­by, 104, avenue Kléber, 75016 Paris.
Maître Leclerc H., 52, boule­vard d’Or­nano, 75018 Paris.

Toulouse, le 5 novem­bre 1976. 


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