Luis Andrés Edo et Luis Burro parlent.
25. Quelle est la situation à Barcelone aujourd’hui ?
Andrès Edo : D’abord, il faut dire qu’en ce moment dans la C.N.T. existent formellement tous les niveaux organisationnels et qu’en même temps ils n’existent pas. Le Comité National ne fonctionne pas, les Comités Régionaux et les fédérations locales non plus, ni même les syndicats ; et pourtant, sans doute, tout cela existe. Cela se passe à tous les niveaux, dans toutes les régions, dans toutes les provinces, et il ne s’agit ni d’un problème de personnes, ni d’une formule d’organisation. Il s’agit d’un phénomène en soi. Chaque instance de l’organisation, du délégué à l’assemblée, jusqu’au Comité national, tous font ce qui est possible, mais nous sommes impuissants à dépasser un phénomène qui ne sera pas résolu à travers des assemblées ou des plénums, qui sont pourtant nécessaires, mais à travers un processus d’actualisation qui commence à se développer maintenant. C’est dans ce contexte que s’est déroulé le plénum régional de Catalogne que l’on peut considérer comme le seul qui se soit fait en Espagne, puisque les autres plénums ne le furent que de nom. Un autre facteur dont il faut tenir compte est la situation politique qui est en train de suivre un rapide processus de démocratisation qu’on ne peut arrêter et que personne n’est en mesure de conditionner d’une manière ou d’une (26) autre. Il faut donc partir de ce qu’est la C.N.T. aujourd’hui, en sachant bien que les problèmes qu’elle rencontre ont des aspects similaires à ceux que rencontrent toutes les organisations et les partis dans ce type de phase. Le plénum régional de Catalogne, qui a eu lieu après des réunions hebdomadaires d’environ 250 délégués des syndicats pendant 2 mois et demi, a été un événement très important parce qu’il en est sorti en des termes très clairs la volonté des militants, pour la plupart des jeunes, de combattre toute tentative de manipulation, et donc la volonté de gérer à la première personne toutes les décisions. Le gouvernement lui-même espérait, à travers quelques-uns de ses hommes de confiance, réussir à manipuler la C.N.T. Mais ce plénum a fait tomber les illusions et les espérances de ce type. Dans ce plénum il y a eu des centaines d’heures de discussions, des centaines d’heures de travail dans des commissions, et tout ceci signifie que l’organisation fonctionne, même si elle ne fonctionne pas comme organisation. En effet, les militants nouveaux, authentiquement libertaires, veulent contrôler une organisation qui ne soit dirigée par personne ; c’est de là que naîtront, d’un processus naturel et spontané de réalisation, les rouages et les « formules organisationnelles ».
27. Burro : On peut dire que le 29 février 1976 est la date à laquelle la C.N.T. commence à fonctionner organiquement, et ce fonctionnement, plus ou moins bien, continue jusqu’au plénum dont a parlé le camarade Edo. Un plénum qui visait à long terme, et qui aujourd’hui porte ses fruits. Moi je voudrais pourtant parler du processus précédant le plénum. À mon avis, la reconstitution de la C.N.T. du 29 février a été menée de manière verticale par des éléments qui ont eu les mains libres jusqu’à ce plénum. Cela veut dire que, le 29 février, existait déjà une organisation préfabriquée, décidée par peu d’éléments qui, ensuite, accueillaient les personnes, les militants. De là a été créé un comité de relations qui s’est transformé en Comité Régional sans l’être véritablement et qui fonctionnait sans aucun contrôle de la part des militants. Ceci est typique d’une organisation autoritaire, pas du tout libertaire et encore moins anarcho-syndicaliste. Pendant tous ces mois donc, la C.N.T. n’a pas fonctionné horizontalement comme elle aurait dû.
Le plénum régional a rompu avec cette pratique. Le gouvernement espérait que nous deviendrions une organisation simplement anti-communiste, mais cette manoeuvre n’a pas réussi. À partir du 29 février il y a eu aussi une manoeuvre du syndicat d’État pour s’infiltrer dans la C.N.T. en y faisant entrer diverses personnes, des individus prestigieux ; mais cette manoeuvre n’a pas non plus réussi : ces gens ont été mis dehors. Quelques-uns sont restés mais leur capacité de manoeuvre est désormais dérisoire. Maintenant je dirais que nous sommes en train de recueillir les fruits de ce plénum. Après 2 mois de discussions draconiennes, les militants se sont rendu compte que les choses n’avançaient pas, à cause d’une incapacité collective ; à part 2 syndicats qui fonctionnent parfaitement, les autres traversent un processus de transformation. Un certain nombre de syndicats de la C.N.T. sont des syndicats-fantômes sans aucune incidence ; ils produisent des bulletins très bien faits, mais ce sont 4 pelés et 2 tondus qu’on ne voit nulle part. C’est une contradiction qui se produit à l’intérieur de la C.N.T. Mais il ne faut pas oublier que nous sortons de 40 ans de dictature et que 80 % des militants ont un âge moyen de 22 ans et qu’ils ne sont donc pas très mûrs ni préparés. La fonction du plénum a été justement celle de former les militants jeunes.
28. Ce que tu dis est assez différent de ce que m’a raconté Gomez Casas à Madrid, à savoir que l’organisation fonctionnait très bien, même s’il y a des problèmes pratiques. Vous, au contraire, avez dit que l’organisation ne fonctionnait pas très bien mais que par contre les militants fonctionnaient ; ceci me semble signifier que le processus de reconstruction de la C.N.T. est différent d’une ville à l’autre et que donc il existe un éventail de militants et d’organisations.
Edo : Je respecte les positions de tous les camarades et aussi celle de Gomez Casas qui est mon ami depuis de nombreuses années, mais je ne suis pas d’accord avec ses opinions et cela aussi c’est la richesse de la C.N.T. Je reviens à peine de Madrid où a eu lieu une réunion du Comité National dans laquelle nous avons débattu (en la présence de Gomez Casas) très longuement des thèses que je t’ai exposées ; je peux te dire que ces thèses ont été acceptées par la majorité. En effet, le problème du non fonctionnement des rouages de la C.N.T. existe dans toute l’Espagne de manière plus ou moins massive selon la force et l’influence de la C.N.T. La Catalogne est la région où les choses vont encore le mieux ; d’autre part c’est une chose absolument normale qu’après 40 ans, dans une organisation nouvelle, qui n’est pas autoritaire, on constate ces problèmes.
29. Quelles sont les activités que tu privilégies ?
En Catalogne, depuis 3 mois, les universités, les collèges professionnels, les travailleurs de différentes entreprises, les groupes de quartier demandent aux différentes organisations syndicales de se présenter. Nous avons déjà fait plus d’une centaine de présentations et nous continuons d’en faire. Il y a aussi des présentations conjointes avec les Commissions Ouvrières, l’U.S.O., l’U.G.T. avec de grandes polémiques et des discussions.
30. Étant donné que tu es en train de parler de ces forces, pouvez-vous dire quels sont les syndicats les plus forts à Barcelone et quels sont les rapports entre la C.N.T. et les autres syndicats ?
Edo : La première chose est qu’aujourd’hui aucun n’a une réelle influence sur le mouvement ouvrier. Beaucoup d’organisations ouvrières, avec leurs appareils, tentent de tromper les travailleurs, mais pour le moment n’y ont pas réussi. Il est impossible donc de parler de syndicats numériquement plus forts. On peut au contraire parler d’influence, et de ce point de vue je dirai que l’influence de la C.N.T. a commencé à se développer dans différentes régions ; par son mode d’organisation, du bas vers le haut (et non le contraire comme toutes les autres forces) par son refus de l’unité syndicale qui voulait dire hégémonie du Parti Communiste Espagnol (et il faut dire que toutes les forces y compris les commissions ouvrières ont dû se ranger à l’argument de la pluralité syndicale), et enfin par le refus de la C.N.T. de conclure des pactes avec les patrons, ou avec le gouvernement.
Un exemple concret de cette ligne anti-pacte a eu lieu dans le conflit de la Rocca. La Rocca est une usine de production de produits sanitaires, avec 4 établissements dans toute l’Espagne, qui occupent 8 ou 9 000 travailleurs. L’usine de Gava près de Barcelone est en grève depuis environ 60 jours et l’unique syndicat présent au début de la lutte est la C.N.T. Maintenant, devant notre pression, l’U.G.T. s’occupe aussi de ce conflit. Dans cette lutte extrêmement dure, avec des attaques contre les délégués, des manifestations, avec des barricades pendant 3 jours contre les soldats, tous les schémas préexistants ont été rompus. Tous les représentants du syndicat de l’État ont été refusés. Des assemblées par départements se sont formées, et chaque département a élu un délégué. Commissions ouvrières et U.S.I. ont saboté la lutte parce qu’elle était trop radicale.
Nous ne savons pas quelle sera la conclusion de ce conflit, mais ce qui est important est de revendiquer le processus, le déroulement authentiquement libertaire. La C.N.T. est présente aussi dans d’autres usines moins grandes que la Rocca et justement par sa manière d’être dans la lutte, elle augmente toujours plus son influence. Le 12 novembre il y a eu une grève générale dans toute la Catalogne ; surtout à Barcelone elle a été promue et soutenue par la C.N.T. contre les directions que voulaient donner à la journée les Commissions ouvrières, l’U.S.O. et l’U.G.T. Des 45 personnes arrêtées ce jour-là, 33 étaient de la C.N.T.
31. L’influence de la C.N.T., justement en ce qui concerne ses caractéristiques anti-pacte, est en train de croître, et pour chercher à l’arrêter, toute la presse espagnole fait son possible pour ne pas en parler. D’autre part, le Parti Communiste contrôle pratiquement 60 % de la rédaction des périodiques espagnols et il lui est donc très facile d’éviter de donner des informations ou les donne en les manipulant. On peut donner 3 exemples : à l’occasion de la convocation de la grève générale du 12 novembre, il y a eu une consultation entre les diverses centrales syndicales (en Catalogne il n’existe pas d’organisme unitaire syndical dont font partie les commissions ouvrières, l’U.S.O. et l’U.G.T.). Le manifeste approuvé fut celui proposé par la C.N.T. Après le 12, beaucoup de travailleurs ont demandé à la C.N.T. de discuter son manifeste ; c’est à partir de ce moment que l’influence s’est développée sur les lieux de travail avec une réelle incidence ; en particulier à la Rocca et au port, où les luttes furent boycottées à cause de leur caractère sauvage.
Un fait important a été la dernière manifestation pour la Rocca, la semaine dernière à Cornellà, près de Barcelone. Là, devant tous les gens réunis pour la manifestation et devant la police, les commissions ouvrières et l’U.S.O. ont dissout la manifestation avec un mégaphone prêté par la police. La réaction de la part des manifestants fut violente. La C.N.T. a au contraire soutenu que personne ne pouvait décider de la dissolution de la manifestation et que cette décision revenait à l’assemblée de la Rocca.
32. J’ai lu dans un journal de Valence le projet de loi pour la reconnaissance légale des syndicats. Comment se situe la C.N.T. face à ce problème ?
Edo : La C.N.T. a décidé, au cours du plénum national de septembre, de n’accepter la légalisation que si elle n’est accompagnée d’aucune condition et donc le texte de loi dont tu parles qui est très récent pourrait bien aller, mais il doit être discuté par les Cortès et nous ne savons donc pas s’il sera approuvé ou modifié. Le texte précédent au contraire était complètement inacceptable parce qu’il ne reconnaissait les organisations que par le biais de quelques syndicats, de certains secteurs ou de certaines villes mais pas en tant que telles. En outre, la reconnaissance impliquait un certain nombre de conditions qui étaient inacceptables par nous.
33. À Valence la C.N.T. a fait une alliance ouvrière avec l’U.G.T. Comment se passent les rapports entre les 2 organisations à Barcelone ?
Edo : Il faut tenir compte du fait que le processus de reconstruction de la C.N.T. a eu des modalités de développement différentes d’une région à l’autre, d’une villa à l’autre. À Valence ce processus est commencé depuis plus de 2 ans et donc se trouve dans une phase plus avancée que dans d’autres régions, avec des caractéristiques propres à cette région.
34. Quelle est la situation du mouvement anarchiste spécifique à Barcelone, quels sont les rapports avec la C.N.T. ?
Edo : En général la majorité des anarchistes appuient la reconstruction de la C.N.T. Moi personnellement, à la différence des autres camarades, je crois que la C.N.T. doit devenir toujours plus anarchiste dans son contenu non pas à travers une certaine imposition, mais à travers une dialectique continuelle, une confrontation permanente entre ses différentes tendances, ainsi que cela se passait pour la C.N.T. en 36, parce que c’est justement dans ces caractéristiques que réside la force de la Confédération.
Sans elles, il n’y aurait pas eu des réalisations comme les collectivités dans le passé et aujourd’hui on ne réussirait à rien faire. Sans cette confrontation entre les différentes tendances de l’anarchisme, la C.N.T. ne pourra avoir d’influence sur le mouvement ouvrier et tombera dans un simple syndicalisme. Or cette organisation avec sa stratégie, son contenu, son histoire, est essentiellement anti-syndicaliste, c’est-à-dire précisément contre tous les schémas du syndicalisme traditionnel. Le fait qu’aujourd’hui dans la C.N.T. travaillent activement des camarades issus d’un nouvel anarchisme anti-syndicaliste est selon moi une condition absolument nécessaire pour la vie même de la C.N.T. Beaucoup d’anarchistes ont compris l’importance de cette dialectique interne et travaillent avec nous, d’autres au contraire ne l’ont pas compris et n’entrent pas dans la Confédération. Il faut pourtant ajouter que dans la C.N.T. il y a aussi des courants purement syndicalistes, ce qui selon moi est une erreur parce que c’est vraiment de la confrontation et de la synthèse entre l’anarchisme et le syndicalisme qu’est né le mouvement anarcho-syndicaliste.
35. Existe-t-il des groupes spécifiques qui ne sont pas à la C.N.T. ?
Edo : Il y a le mouvement des Mujeres libres ; ce sont des camarades qui travaillent de manière autonome et très bien ; actuellement elles sont en train de faire un travail d’appui et de solidarité avec les travailleuses de la Rocca. Il existe aussi la jeunesse libertaire qui n’est pas encore constituée comme organisation, qui a une potentialité énorme et qui, tout en n’étant pas à la C.N.T., l’appuie dans ses luttes. L’ensemble de ces groupes anarchistes ou libertaires a une force, tant numérique qu’en potentialité de luttes, égale à celle de la C.N.T. Mais je crois que pour un plus grand développement de la zone d’influence libertaire, il est nécessaire qu’ils convergent dans ce processus de confrontation dont nous parlions. Il existe aussi des groupes libertaires de quartier, qui en grande partie ne sont pas à la C.N.T. même s’ils mènent leur activité en collaboration avec elle. Le mouvement anarchiste spécifique existe donc mais pas une organisation spécifique, vertébrée, fédérée. Il y a eu quelques tentatives dans ce sens et quelques groupes se sont donné une structure organisationnelle, mais ils n’ont aucune influence comme organisation. Parmi les militants anarchistes de la C.N.T., il y a 2 opinions : la première soutient la nécessité d’organiser rapidement la F.A.I. pour que ses militants à l’intérieur de la C.N.T évitent que la C.N.T. ne glisse vers une ligne purement syndicaliste ou réformiste. L’autre, avec laquelle je me trouve d’accord, soutient que pour le moment il n’est pas possible, et que ce serait même une grave erreur historique, de constituer la F.A.I. par la décision d’une minorité de groupes et de camarades. Je crois donc que les camarades anarchistes doivent s’accorder sur quelques lignes générales, sur la stratégie, sur le problème idéologique, sur le problème des relations entre le mouvement anarchiste et la C.N.T. parce que beaucoup de militants soutiennent l’absolue indépendance et autonomie de la C.N.T. de quelque organisation que ce soit, même anarchiste ; tous ces problèmes doivent évidemment être discutés, et de ces discussions naîtront ensuite les possibilités de reconstruire les organisations de groupes anarchistes.
36. Quels sont les syndicats de la C.N.T. les plus forts à Barcelone ?
Il faut voir ce qu’on entend par plus fort : le nombre des militants ou bien la qualité ; numériquement deux sont des syndicats plus forts, qui dépassent 200 militants : le syndicat du spectacle, et le syndicat textile ; au contraire, ceux qui sont forts par la combativité sont ceux de la métallurgie, ceux de l’école, ceux des arts graphiques.
37. Et le travail dans les quartiers ?
Burro : En ce moment, on cherche à créer une fédération des comités de quartier ; il existe des groupes qui travaillent non pas au niveau anarcho-syndicaliste, mais au niveau anarchiste ; beaucoup d’anarchistes ne sont pas à la C.N.T. et préfèrent centrer leur activité dans les quartiers dans lesquels ils vivent et où existent d’énormes possibilités pour la diffusion des idées anarchistes. Dans le quartier où j’habite, par exemple, Santa Colloma de Gramanet, qui est une ville dortoir, les anarchistes sont la première force, autant qualitativement que quantitativement, mais ils n’ont aucune forme de coordination avec les autres quartiers, et c’est pour cette raison que nous sommes en train de chercher à créer une fédération des comités de quartier.
Edo : Je voudrais préciser que quand j’ai dis que la C.N.T. a rompu tous les schémas traditionnels syndicaux, je voulais aussi dire qu’il n’existe aucune organisation qui, outre qu’elle développe son activité sur les lieux de travail, prolonge cette activité sur les lieux où l’on vit après le travail, c’est-à-dire les quartiers. Nous donnons aux quartiers une énorme importance et nous croyons que la C.N.T., si elle veut vraiment devenir un syndicat différent de tous les autres, doit avoir ce rapport entre les deux moments, car l’activité d’une organisation ouvrière ne doit pas se borner à des revendications de type économique et normatif, elle doit aussi recouvrir tous les aspects de la vie du travailleur.
38. Burro : Je crois personnellement que la C.N.T. n’aurait pas dû naître le 29 février pour une raison précise : ses statuts sont ceux de 1910 et depuis, de nombreuses années sont passées et beaucoup de choses ont eu lieu. Les entreprises multinationales sont nées, il s’est développé un capitalisme avec des caractéristiques complètement nouvelles ; il serait donc nécessaire de vérifier si aujourd’hui la structure adoptée par la C.N.T. est encore valable. Personnellement j’ai des doutes à ce propos, parce que j’ai constaté que beaucoup de syndicats ne présentent que des revendications de type économique et normatif, alors que je crois que le but de la C.N.T. est d’insister sur les différents aspects de la vie. Nous devons implanter une autre société dès aujourd’hui et donc la C.N.T. doit être l’organisation qui contienne à l’état embryonnaire les prémisses de cette nouvelle société. Mais vu que la C.N.T. est structurée par (39) syndicats, il me semble très difficile d’y arriver. Je fais partie du syndicat de la Santé et je peux dire qu’actuellement ce syndicat est en crise : une partie des militants croient être à la C.N.T. pour défendre leurs intérêts professionnels et salariaux, d’autres au contraire croient être dans la C.N.T. pour construire une nouvelle société. Ces deux tendances ont donné lieu à une division du syndicat en deux sections parallèles avec des objectifs différents. La section à laquelle j’appartiens considère qu’un syndicat de la Santé, dans une organisation comme la C.N.T. qui devrait lutter pour un changement social, n’a pas beaucoup de sens. Même le nom en soi, Santé, est un nom restrictif et revendicatif, alors que nous croyons qu’il serait beaucoup plus significatif de créer un syndicat « Santé Publique et Hygiène » qui lutte pour une médecine préventive que l’on ne peut certainement pas faire dans les hôpitaux, alors que notre travail n’a lieu que dans les hôpitaux. Notre travail devrait se dérouler dans les quartiers parce que c’est précisément là que naissent les maladies, à cause des conditions de vie et des rythmes de travail.
Barcelone, 10 janvier