Barcelone, 3 – 1‑1977.
Je crois que la C.N.T. a été refaite de façon un peu trop précipitée (par des vieux militants en dehors de la réalité, des groupes anarchistes de formation étudiante, des néo-marxistes).
À la suite de magouilles pour choisir les délégués il sort de la C.N.T., « J’ai su que certains avaient commencé une campagne contre moi, pour chercher à contrecarrer ma possible influence sur le secteur des jeunes et des contestataires de la C.N.T. Les attaques de caractère personnel ont été reprises ou tolérées par le secteur modéré et les autres tendances… »
Aujourd’hui à Barcelone les militants de la C.N.T. sont un peu plus de 2000, mais il faut penser qu’il y a plus de 4000 libertaires qui agissent en dehors de la C.N.T., U.G.T. 20000 pour l’Espagne. C.C.O.O. on ne peut pas dire. U.S.O. une poignée.
Si la C.N.T. refuse les règles du jeu jusqu’à ses conséquences extrêmes (sans devenir une centrale syndicale « civilisée ») elle sera réduite à un simple groupuscule. Ce qui empêchera les anarchistes d’exercer une influence au niveau des masses (vu leur peu d’importance numérique) ou simplement spécifique (de peur de dépasser les bases théoriques de l’anarcho-syndicalisme).
Coordination de tous les anarchistes ; affirmer l’autonomie idéologique vis-à-vis de la C.N.T.
COMMENTAIRES D’UN CAMARADE
La CNT et les autres : 3, 4, 5, 16, 18, 19, 22.
Le point 3 passe sous silence l’aide apportée par les deux secteurs de l’exil, les Suédois de la SAC, les Italiens, qui, depuis 1945 et particulièrement depuis 1975, est loin d’être négligeable en soi, même si elle est très inférieure à l’aide dont bénéficient les autres.
Par rapport au point 18 nous nous permettons de constater que cette aide a été très mal répartie, principalement à cause de la clandestinité, mais aussi à cause d’une certaine bureaucratie.
Mais il est exact que les jeux sont encore ouverts, à condition de régler les trois problèmes suivants : unité interne, rapport avec les anarchistes non cénétistes, tactique.
L’unité interne n’existe pas que ce soit eu niveau des « jeunes » (2, 5, 17, 27, 39), ou plus précisément des réformistes ou des révolutionnaires ; car l’origine des nouveaux militants (8) doit amenuiser le problème anarchiste ou anarcho-syndicaliste.
Pour le moment, l’infiltration fasciste a échoué (8, 23, 26), mais je crois que des confusions demeurent, ne serait-ce que la non dénonciation des sympathisants des accords CNT-CNS de 1965.
Les rapports entre les anarchistes et les cénétistes (6, 21, 35), sont peu clairs. Ajoutons que le mensuel « Ajo Blanco » est passé de 16 000 à 60 000 exemplaires et que pour le moment — bien que légal —, il est plus anarchiste que « Solidaridad Obrera » clandestin. L’affirmation que la CNT est une garantie pour le mouvement anarchiste est purement gratuite : il apparaît bien pour le moment que les anarchistes en sont le soutien principal. Les différents chiffres cités comparés aux effectifs des syndicats (9, 10, 13, 14, 15, 20, 27, 36) montrent que le développement de la CNT est lent, même si elle a entre 15 000 et 20 000 adhérents.
La tactique (11, 24, 32, 37) et l’affirmation sur le futur sont difficiles à trancher. Personnellement, je crois que la CNT en tant que syndicat seulement, ne peut pas aller très loin (voir la SAC en Suède), par contre, en tant qu’opposition anti-autoritaire, elle peut être très forte.
F. M.