La Presse Anarchiste

Les victimes du capital

La presse est una­nime à blâ­mer la cruau­té avec laquelle les bour­reaux d’Espagne ont étranglé
les 4 anar­chistes de Xérès.

Comme aux époques d’inquisition torturés.

Enfer­més dans une cha­pelle où pen­dant 24 heures des moines en cagoules leur ont réci­té les
prières des morts. Ils ont assis­té vivants à leur enter­re­ment ; puis en place publique devant la
foule défiée, pen­dant que les cagoules chan­taient le de pro­fon­dis les 4 bour­reaux, avec un
ensemble ter­rible, les ont étran­glés d’un coup de levier.

Le qua­druple assas­si­nat de ces cœurs géné­reux est épou­van­table mais ils emportent au moins la
satis­fac­tion d’être morts en tra­vaillant à l’avènement d’une socié­té meilleure, tan­dis que les
mil­liers de mal­heu­reux dont les jour­naux nous apprennent les fins obs­cures en des faits divers de 8
à 10 lignes, qui n’ont rien dans le cer­veau et qui à chaque ins­tant se sui­cident croyant être en
trop dur terre, sont bien plus à plaindre.

Entre tant d’autre rap­pe­lons un fait récent :

Le 12 février der­nier, un ouvrier bou­lan­ger demeu­rant rue de Lyon à Mus­ta­pha, âgé de 25 ans,
s’est cou­pé le cou avec un rasoir.

Il laisse une veuve et cinq enfants.

Les causes qui ont pous­sé ce mal­heu­reux à prendre une telle déter­mi­na­tion sont dues à la
misère dans laquelle l’avait plon­gé le manque de tra­vail dont il était pri­vé depuis deux mois…

N’aurait-il pas mieux fait, ce pro­lé­taire, au lieu de se sui­ci­der bête­ment, au lieu de se
sau­ver lâche­ment de cette vie dans laquelle il était mal­heu­reux, d’entrer en révolte contre cette
socié­té mal faite qui était cause de son mal­heur, de gros­sir l’armée des révol­tés et comme ceux de
Xérès se faire au moins tuer pour quelque chose ?

Oui

Il aurait, peut-être, en se révol­tant conser­vé un père à ses enfants car tous les révol­tés ne
péris­sent pas.

— O —

Pen­dant que ces drames de la misère passent presque inaper­çu, le mer­das­sier Constans, pour se
dis­traire, fait des voyages en Ita­lie (où il achète une pro­prié­té de 1700000 fr., un mil­lion sept
cent mille francs) et en Suisse, où il va pro­ba­ble­ment se concer­ter avec mes­sieurs de la
Confé­dé­ra­tion sur les mesures à prendre contre les anarchistes.

On fait des mani­fes­ta­tions patrio­tiques, fêtées par les ven­trus et applau­dies par les
crèves-de-faim, et Mes­sieurs les bour­geois s’étalent dans les fau­teuils d’orchestre de leurs
théâtres.

Aus­si que tous ceux qui ont encore quelque chose à la place du cœur songent aux vic­times du
capi­tal, aux mar­tyrs de cette classe odieuse, de cette puante bour­geoi­sie et au lieu de défendre cet
édi­fice mys­tique, cette baraque qui à pour devise Liber­té, Éga­li­té Fra­ter­ni­té, cette salope de
socié­té qui réduit au sui­cide ceux qui n’ont pas de pain et qui tue ceux qui en demandent.

Que ceux qui crèvent de faim com­pre­nant que tout être humain à droit à l’existence, cessent de
geindre et se révoltent enfin contre cette mau­vaise orga­ni­sa­tion sociale cause de tant de crimes et
de toutes les misères.

Et alors, dres­sés à la révolte le jour vien­dra vite où nous ferons payer cher aux ventrus
leurs vic­toires de 1789 — 93 de 1848 et 1871 de la Rica­ma­rie et Chi­ca­go, de Four­mies et de Xérès.

— O —

Et sur les ruines fumantes du vieux monde nous crée­rons une socié­té meilleure ayant pour base
l’égalité et la jus­tice, fra­ter­ni­té et liberté

La Presse Anarchiste