La Presse Anarchiste

Irlande : Libérez les Murray

Alors que Noël Mur­ray est en pri­son à vie, selon la déci­sion du Tri­bu­nal Suprême Irlan­dais de novembre 1976, et que le co-incul­pé Ronan Sten­son fut libé­ré en février 1977, Marie Mur­ray, elle, risque encore la peine de mort. Elle sera jugée à nou­veau le 25 avril devant la Cour Cri­mi­nelle Spé­ciale avec la même incul­pa­tion de crime capital.

En ce moment, Marie se trouve dans la pri­son pour femme de Lime­rick, au sud-ouest de l’Ir­lande. Elle n’est pas auto­ri­sée à rece­voir de lettres ni à avoir de contact avec qui que ce soit, sauf avec les vieux parents de Noël. Elle est tenue au secret dans une uni­té de haute sécu­ri­té réser­vée aux pri­son­niers poli­tiques, dans une cel­lule illu­mi­née en per­ma­nence et sur­veillée par deux offi­ciers de la pri­son. Il est donc impos­sible pour le Comi­té de Défense des Mur­ray de Dublin (qui est constam­ment har­ce­lé par la police) d’a­voir une infor­ma­tion sur l’o­pi­nion et les points de vue de Marie sur la situa­tion globale.

La libé­ra­tion de Ronan Sten­son est un suc­cès de la cam­pagne inter­na­tio­nale de défense des Mur­ray qui, spon­ta­né­ment, s’est élar­gie en une cam­pagne contre les condam­na­tions à mort et qui, en consé­quence, sur­prit et irri­ta le gou­ver­ne­ment irlan­dais qui avait cru pou­voir assas­si­ner tran­quille­ment deux jeunes anar­chistes sans trou­ver d’op­po­si­tion. Cette libé­ra­tion sert aus­si à sou­li­gner la fai­blesse des accu­sa­tions contre les Mur­ray qui ne sont basées sur rien d’autre que sur des affir­ma­tions, non signées, arra­chées sous la tor­ture policière.

Le juge­ment de Sten­son s’est pro­lon­gé pen­dant plus d’un an et fut mené indé­pen­dam­ment de celui des Mur­ray car Sten­son, ayant eu un col­lap­sus devant la Cour, fut consi­dé­ré par les méde­cins de la pri­son comme men­ta­le­ment et cli­ni­que­ment inca­pable de sup­por­ter un pro­cès. Un exa­men médi­cal indé­pen­dant confir­mait que son état était une consé­quence de la torture.

La Cour consi­dé­ra comme inad­mis­sible la sen­tence contre Sten­son étant don­né que la police l’a­vait arrê­té sans man­dat légal (ce qui ren­dait sa déten­tion illé­gale), et comme il n’y avait pas d’autres preuves contre lui la Cour l’a décla­ré non cou­pable et il a été libéré.

Cepen­dant, s’il n’a­vait pas été libé­ré grâce à cette « for­ma­li­té légale », la preuve acca­blante (légale et médi­cale) qu’il avait été tor­tu­ré, sur laquelle repo­sait sa défense, aurait for­cée la Cour Cri­mi­nelle Spé­ciale à le faire — non pas pour le motif de l’illé­ga­li­té du man­dat d’ar­res­ta­tion mais du fait qu’il avait été tor­tu­ré. Si cela s’é­tait dérou­lé ain­si les affir­ma­tions de Noël et Marie Mur­ray, disant que, eux aus­si, ils avaient été tor­tu­rés, auraient dû être prises en consi­dé­ra­tion et entraî­ner la réou­ver­ture du dos­sier. Car, de même que pour Sten­son, la seule « preuve » contre eux était des décla­ra­tions faites sous la torture.

Étant don­né que Sten­son a été libé­ré, l’en­semble des faits qui entou­raient l’af­faire res­tent incon­nus. Mais aujourd’­hui, grâce à la cam­pagne inter­na­tio­nale de défense, ces faits sont si lar­ge­ment connus que même un des avo­cats de l’ac­cu­sa­tion, Aiden Brown SC, a décla­ré publi­que­ment accor­der créance au fait que la police uti­lise la tor­ture en Irlande.

Noël Mur­ray est actuel­le­ment dans le camp mili­taire de Cur­ragh, en dehors de Dublin, camp réser­vé aux pri­son­niers poli­tiques. Il est pri­vé des droits nor­ma­le­ment accor­dés aux empri­son­nés qui ont des condam­na­tions longues.

Sten­son, incroya­ble­ment, s’est suf­fi­sam­ment remis de sa longue épreuve pour se joindre au Comi­té de Défense des Mur­ray en dépit des menaces de la police.

L’i­so­le­ment de Marie rend sa défense dans un nou­veau « pro­cès » très dif­fi­cile, et c’est jus­te­ment ce que l’É­tat Irlan­dais recherche. Cette situa­tion est ren­due pire encore par la constante cam­pagne de presse contre les Mur­ray et par les ten­ta­tives des gar­diens, à l’in­té­rieur de la pri­son, de dis­cré­di­ter Marie face aux autres pri­son­nières en fai­sant cou­rir de fausses rumeurs. Ain­si, les auto­ri­tés espèrent jus­ti­fier l’i­so­le­ment et les condi­tions inhu­maines que sup­portent les prisonniers.

Et main­te­nant, quoi ?

Marie Mur­ray risque encore un ver­dict de mort. Ce n’est pas assez que de dési­rer que le gou­ver­ne­ment irlan­dais se montre clé­ment. Seule la soli­da­ri­té active inter­na­tio­nale peut le for­cer à renon­cer à cet assas­si­nat d’É­tat prémédité.

Adresses :

Mur­ray Defense Comittee

155 Church Road

Col­bridge — C/​o Kil­dare (Eire)

Mur­ray Defense Group

C/​o 29 — Gros­ve­nor Ave­nue Lon­don N. 5.

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